Le spectacle d'enfants tenant à la main une boîte à longueur de journée est devenu familier dans nos villes et nos campagnes. Ce sont, pour la plupart, des élèves des écoles coraniques dénommés "talibés", à la quête de leur pain quotidien.
C'est dire que les foyers coraniques, qui constituent le plus ancien modèle d'éducation et d'enseignement dans les pays africain à forte proportion musulmane, sont, aujourd'hui, confrontés à bien des difficultés. Et ces difficultés ont pour nom :
- l’exclusion de tout ce beau monde du système éducatif ;
- l’inadéquation entre le système et le contexte actuel et intrusion de pratiques mercantiles et lucratives de certains maîtres.
- la violation du droit à l’éducation de nombreux enfants burkinabé.
Le ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation conscient de ses difficultés tente de trouver une solution durable à ce problème.
Réfléchir aux stratégies en vue de sortir l’enseignement coranique de son exclusion du système classique, tel est le défi que le ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation entend relever en organisant ces journées de réflexion sur les foyers coraniques. Pour le MENA, si les foyers coraniques ont pour mission de permettre aux talibés d’apprendre et de mémoriser le Coran, de nos jours, il est nécessaire que les programmes de formation soient aménagés pour mieux contribuer à la lutte contre l’analphabétisme et à la formation de citoyens dotés de plus de potentialités d’auto-prise en charge.
Le ministère qui compte ratisser large, est soutenu par toutes les couches sociales dont les coutumiers et la communauté musulmane elle-même. L’Imam Ali (un des compagnons du Prophète) n’a-t-il pas dit : « donnez à vos enfants une éducation différente de la vôtre, ils sont faits pour un monde différent du vôtre. L’engagement de notre pays dans la réalisation des objectifs de l’EPT risque d’être compromis si nous ne trouvons pas une solution idoine à la transformation de ses écoles pour qu’elles rejoignent le système classique.
Pour une intégration des écoles coraniques dans le système éducatif
Jadis considérés comme des creusets du savoir, de la formation intellectuelle, mais surtout de l’acquisition de la morale islamique et de la discipline, El Hadj Sakandé s’est interrogé, si les mutations subies par les foyers coraniques ne les ont pas détournés de leur objectif premier. Il appartient au MENA de prendre ses responsabilités car tous les enfants de ce pays sont de son ressort en terme d’éducation. « Les défis que nous devons relever sont nombreux et nous interpellent à un élan de solidarité nationale pour une meilleure intégration des foyers coraniques dans l’organisation de notre système éducatif ». de l’avis de l’ancien ministre délégué en charge de l’alphabétisation, Amadou Diemdioda Dicko, cette intégration des écoles coraniques dans le système classique est une réponse à la promotion de l’éducation pour tous. Pour lui, la mise en œuvre de la feuille de route à même de sortir les enfants en situation de rue de leur état passe par l’adhésion de tous à cette décision. Il a avoué que depuis 1960, date à laquelle le Burkina a pris son indépendance, plusieurs stratégies pour la promotion de l’éducation ont été élaborées en vue de renforcer les compétences des communautés à la base par le biais de l’alphabétisation-formation. Malheureusement, a-t-il dit, les écoles coraniques bien qu’elles soient les premières en Afrique au Sud du Sahara, ne furent pas prises en compte dans le système classique. A l’entendre, c’est pour corriger cette injustice et donner la chance à chaque citoyen de réussir sa vie et participer à l’œuvre d’édification nationale que cette initiative est prise. Si tout le monde adhère à la vision, « ces enfants talibés n’auront plus de places dans la rue à la recherche d’une subsistance journalière incertaine mais plutôt dans un local approprié où se dispensent des savoirs conformes aux attentes des parents et de la société ».
07/10/24 à 12h30 GMT