Alors que le monde est à la croisée des chemins face aux enjeux climatiques, il est important d’opérer un choix qui va déterminer si les êtres humains pourront être encore en mesure de préserver la planète pour les générations futures. L’option a été mise sur la table lors de la réunion mensuelle de Citizens’ Climate International (CCI) tenue le 12 mars 2024 en mode virtuel. Les échanges coordonnés par le directeur des programmes Cathy Orlando et le coordonnateur régional Afrique Dr. David Michael Terungwa ont permis de réaliser que la nécessité d’accélérer la dynamique vers la décarbonisation devient impérieuse, au moment où les signaux en matière de réchauffement planétaire sont au rouge.
A titre d’illustration, le spécialiste en communication de Citizens’ Climate Lobby (CCL), Steve Valk, a convoqué des évènements qui font froid au dos. La planète a connu sur une période de 12 mois un réchauffement de plus de 1,5 °C par rapport au climat de l'ère préindustrielle, selon un rapport publié en février 2024 par l'agence européenne Copernicus. Par ailleurs, a-t-il précisé, le mois de juillet 2023 a été le mois le plus chaud jamais enregistré sur Terre, selon le programme européen Copernicus, chargé de collecter des données sur la planète. Il a été marqué par des canicules et des incendies à travers le monde, a été 0,33°C plus chaud en moyenne que le précédent record, détenu par le mois de juillet 2019, qui avait atteint 16,63°C en moyenne. La température de l'air a aussi été 0,72°C plus chaude que la moyenne de 1991 à 2020 pour juillet, a indiqué Copernicus. Autant dire qu’aujourd'hui, aucun pays n'est à l'abri des effets du changement climatique.
Le revenu climatique comme voie salutaire selon CCI
En marge de la célébration de la Journée mondiale de la Terre le 22 avril prochain, l’Ong américaine Citizens’ Climate International revient sur l’urgence de la crise climatique et sur ce qu’il y a à faire pour accélérer la transition vers l’abandon des énergies fossiles, qui participent au problème climatique. La proposition de CCI est le revenu climatique encore appelé taxe et dividende carbone. Cette proposition a été faite par son directeur exécutif Joseph Robertson, pour internaliser les coûts de combustion des carburants à base de carbone. Il s’agit d’un prix national du carbone, avec un retour intégral des recettes et des mécanismes d’ajustement carbone aux frontières (Carbon Border Adjustments Mechanisms, CBAMS en anglais, ndlr).
L’intérêt de militer en faveur du revenu climatique repose sur le fait que, tant que les combustibles fossiles resteront artificiellement bon marché et rentables, leur utilisation va augmenter. Pour remédier à cette défaillance du marché, il faut que leurs prix tiennent compte de leurs véritables coûts sociaux. Pour être efficace, le prix du carbone doit dépasser largement les 100 dollars par tonne d’ici 2030 et le fardeau de la transition ne doit pas reposer sur les ménages. C'est pourquoi, depuis 2010, CCI prône le retour des revenus collectés aux ménages. Selon Steve Valk, la réussite d’un tel mécanisme passe l’éducation des publics sur son fonctionnement, le lobbying auprès des législateurs et des autorités publiques et le dissémination des informations autour du revenu climatique auprès des communautés pour une meilleure compréhension et appropriation.
Les expériences du Canada, de l’Autriche et de la Suisse comme sources d’inspiration
Le Canada a pris le lead en la matière avec la Loi canadienne sur la tarification de la pollution par les effets de serre (mis en œuvre avec le concours des partenaires internationaux), qui est une forme de revenu climatique, avec une tarification du carbone basée sur la production pour les gros émetteurs. En ce moment, l'Autriche dispose d'un Klimabonus qui lui permet d’étendre son système d'indemnisation climatique. Autrement dit, le gouvernement autrichien verse une somme d’argent à ses citoyens pour compenser l’augmentation de la taxe carbone. La Suisse dispose également d'une version Climate Income.
Selon les chiffres convoqués par CCI, la crise climatique a déjà infligé un coût faramineux de 16 millions de dollars par heure en dommages causés par les conditions météorologiques extrêmes au cours des deux dernières décennies. De l’autre côté, les récents travaux de la Banque mondiale ont révélé que le changement climatique pourrait contraindre 216 millions de personnes à migrer à l’intérieur de leur propre pays d’ici à 2050.
07/10/24 à 12h30 GMT