Par Simon Lefranc pour Gaïa Presse
Lors du récent forum C2 à Montréal, un rendez-vous international portant sur l’innovation numérique et son couplage à la production industrielle, les modes de transport dans les grandes villes ont fait l’objet de considérations importantes quant à leur développement et la gouvernance s’y rattachant.
Le véhicule motorisé : une présence à réduire dans nos villes
Électrification des transports, voitures autonomes, véhicules connectés, la révolution dans les modes de transport changera considérablement les grandes villes dans les prochaines années. «La ville a beaucoup changé depuis l’arrivée de la voiture. Elle a grossi de 20 fois. «On ne peut pas couvrir cela sans un véhicule. Nous avons fait des villes pour les voitures et nous devons encore composer avec des longues distances” avance Fernando Romero, fondateur et directeur de FR-EE, cabinet d’architectes et de design industriel.
Bien que la voiture ne semble pas prête de disparaître, la conduite par un être humain semble vivre sa dernière décennie. Avec, entre autres les voitures driveless d’UBER, toujours en développement, qui coûteront possiblement moins cher que le transport en commun, la voiture autonome (électrique) a un grand potentiel de succès. «L’utilisation de ces véhicules s’ajoutant à des mesures d’interdiction de la voiture conduite par les personnes (capteurs d’informations et leur traitement) dans les centres-villes des grandes métropoles, comme à Londres et Stockholm, rendront possible une réduction importante de la pollution » estime Assaf Biderman, directeur adjoint au Seasable City Lab au Massachusetts Institute of Technology (MIT).
Cette automatisation des voitures peut également contribuer à la lutte contre la congestion sur les routes, grâce à une planification programmée des itinéraires par les usagers et la réduction des accidents, menant ainsi à d’importants gains au niveau économique et environnemental.
Technologie numérique et gouvernance : une vision citoyenne s’impose
Si l’innovation technologique porte en elle la promesse de l’amélioration de la vie des citoyens de Montréal et d’autres grandes villes, elle devra prendre en compte la question de la gouvernance des villes intelligentes. Ces dernières réclament malgré tout une collaboration humaine continue dans l’implantation de la technologie numérique et le développement de solutions durables au service des citoyens. Les citoyens et les usagers, comme parties prenantes, doivent constater qu’ils sont consultés et qu’on sert bien leurs intérêts
Il s’agit ici, estime le PDG de la Société de développement Angus de Montréal, Christian Yaccarini, de tenir compte des besoins des citoyens et «de s’assurer entre autres, que lors de l’implantation de technologies numériques et de projets novateurs comme le Réseau électrique métropolitain de Montréal, ceux-ci desservent toutes les catégories de personnes et tous les territoires.» Pour fin d’illustration, il relève le manque d’équité territoriale entre les parties Est et Ouest de l’île de Montréal quant à l’accessibilité du projet de Réseau électrique métropolitain à Montréal. Faisant part les différences sur les questions d’espérance de vie et de revenu dans Montréal, «j’affirme que les politiciens ont délaissé les infrastructures de l’est de la ville pour aller gagner des votes dans les banlieues. Les avancées technologiques auraient le potentiel pour rééquilibrer la ville. Montréal doit se tenir ensemble. La ligne bleue du métro doit donc être rattachée au Réseau Électrique Métropolitain» expose-t-il.
Le développement des technologies numériques et de l’intelligence artificielle dans les moyens de transport métropolitain constitue en soi une révolution pouvant aider à régler des problématiques économiques et environnementales. Cette ère de changement nécessitera cependant l’intervention des gouvernements canadiens, fédéral et provinciaux quant aux moyens financiers, et ce, dans les plus brefs délais.