Une nouvelle technologie pourrait bientôt venir en aide à la Ville de Montréal pour mesurer les émissions de gaz à effet de serre (GES) sur son territoire.
La professeure Annie Levasseur, de l’École de technologie supérieure (ETS) vient de démarrer un projet qui vise, à long terme, l’implantation de la méthode CarboCount City sur l’Île de Montréal. Cette méthode fonctionne grâce à l’installation de capteurs qui mesurent la concentration en GES de plusieurs endroits clés dans la ville.
En ce moment, la Ville de Montréal, tout comme les autres villes au Québec, doit se contenter de statistiques et d’estimations pour quantifier ses émissions de gaz à effet de serre. La méthode CarboCount City lui permettrait d’être plus précise et d’évaluer ses progrès réels en matière de réduction des GES. De plus, les mesures en temps réel des capteurs permettent d’obtenir un inventaire en temps réel, soit à chaque saison, voire à chaque jour, ce qui permettrait d’identifier les facteurs faisant varier les émissions de GES.
« La méthode CarboCount comprend l’installation de capteurs qui prennent les concentrations de CO2 à différents endroits de la ville. On peut donc combiner les lectures des capteurs avec la méthode actuelle, et corriger les estimations. On combine les lectures avec une modélisation météo, pour voir comment les vents vont faire disperser et circuler les différents polluants. On peut aussi regarder la provenance : voitures, chaufferie, édifices, etc. », explique la professeure Annie Levasseur.
Cette méthode a été développée par des chercheurs européens et a été testée entre autres à Paris, avec de bons résultats. Selon Mme Levasseur, les quelques capteurs installés à Paris ont permis de réduire l’incertitude de l’inventaire de 50%. Toutefois, Paris n’a pas mis en application la méthode après le projet de recherche, indique-t-elle, assurant que cela ne risque pas d’arriver à Montréal. Le projet de l’ETS est directement orienté vers les besoins des décideurs et citoyens montréalais. Le projet pourrait par ailleurs être repris par plusieurs villes du Québec.
« Nous voulons vraiment nous assurer que Montréal va pouvoir utiliser cette méthode pour planifier quelles mesures de réduction seront les plus efficaces, explique-t-elle. Par exemple : pour le Réseau express métropolitain (REM), ils ont estimé les GES économisés en essayant de savoir combien de personnes changeraient de mode de transport. Mais c’est très hypothétique, et après, ils ne peuvent pas non plus tenir compte de certains effets indirects comme les nouveaux développements industriels ou résidentiels causés par le REM. Avec les capteurs, ça permet de vraiment mesurer les efforts et les résultats. »
Le projet comprend également un volet d’innovation sociale, où les citoyens pourraient avoir accès aux données. « Il pourra y avoir sensibilisation des gens en rendant les résultats accessibles. Les citoyens pourraient par exemple, au moyen d’une application, être capables de voir combien de GES en moins ils émettraient s’ils changeaient leur moyen de transport », souligne la professeure.
Les partenaires de ce projet embryonnaire sont le CIRODD et la Maison de l’Innovation sociale. La Ville de Montréal vient par ailleurs d’octroyer une bourse de 3000$ à Mme Levasseur pour l’embauche d’une personne étudiante qui contribuera au démarrage du projet.
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