Par Christin CALIXTE, membre de JFDD , dans le cadre de l'Initiative Jeunesse de lutte contre les changements climatiques
Pour les habitants des Caraïbes, c’est déjà demain. Dans cette région, le changement climatique risque d’affecter gravement la croissance économique, les décisions des pouvoirs publics et l’emploi comme la vie quotidienne de tout un chacun.
Le récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur le changement climatique (GIEC) a lancé un sérieux avertissement sur ce qui se produira si le réchauffement de la planète dépasse la limite de 1,5 °C. Une augmentation des températures de 2 degrés Celsius aggraverait les sécheresses, les inondations, les chaleurs extrêmes et la pauvreté de millions de personnes. Si les dérèglements climatiques pèsent chaque jour davantage sur les populations et les écosystèmes du monde entier, les pays des Caraïbes doivent relever des défis hors du commun.
Sur la douzaine de tempêtes qui balayent en moyenne chaque année les îles des Caraïbes, la moitié sont des ouragans dont les vents violents causent des pertes annuelles équivalentes à 1,6 % du PIB. Si l’on y ajoute d’autres types de catastrophes, les pertes annuelles moyennes s’élèvent à environ 2,5 % du PIB par île et par an. En termes de dommages économiques, cela rend les Caraïbes environ dix fois plus vulnérables que le reste du monde.
De surcroît, les ouragans d’une violence extrême peuvent dévaster l’économie des petites îles bien plus gravement que le suggèrent ces moyennes. Ainsi, quand l’ouragan Maria a frappé la Dominique en 2017, les dommages se sont chiffrés à 226 % du PIB !
C’est donc à juste titre que les pays des Caraïbes recherchent des solutions d’adaptation au changement climatique. Hier, j’ai assisté à une conférence rassemblant des dirigeants de la région, coorganisée par la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, la Banque interaméricaine de développement et d’autres partenaires. Nous avons réfléchi à la façon dont nous pouvons, ensemble, renforcer la résilience et l’adaptation dans cette région.
Des pays comme la Jamaïque, la Grenade, Sainte-Lucie, la Dominique et Saint-Vincent-et-les Grenadines investissent dans l’adaptation et recherchent activement des instruments financiers susceptibles de leur fournir une assurance et de transférer les risques liés aux phénomènes météorologiques extrêmes. Selon leur expérience, trois domaines d’action pourraient réduire l’impact des catastrophes naturelles liées au changement climatique.
Un : investir dans la préparation. Cela consiste à améliorer la résilience des infrastructures publiques et des entreprises privées en mettant en place des systèmes d’alerte rapide pour sauver des vies et limiter les dommages, tout en définissant l’ordre de priorité des interventions.
Deux : constituer des fonds de prévoyance et souscrire des assurances. Il s’agit là d’épargner davantage en période favorable pour se préparer à la prochaine catastrophe, de mettre en œuvre des politiques budgétaires contracycliques et de concevoir des mécanismes pour transférer les risques aux marchés par le partage des risques entre pays. Par exemple, le Mécanisme d’assurance contre les risques liés aux catastrophes dans les Caraïbes (CCRIF) est un système qui permet d’effectuer des versements rapides pour limiter les problèmes de trésorerie à court terme auxquels font face certaines petites économies à la suite d’une catastrophe. Après les ouragans de 2017, huit pays des Caraïbes ont reçu des fonds du CCRIF pour un montant total de plus de 50 millions de dollars.%u200B
Trois : protéger les plus vulnérables et mettre en place des filets de sécurité. Après un ouragan, il est capital de rétablir la continuité des services d’éducation, de santé et d’autres services publics essentiels, souvent interrompue pendant de longues périodes. Ainsi, la Banque mondiale travaille avec les gouvernements de la Dominique et de Sint Maarten pour améliorer l’efficacité des services sociaux et recenser les populations vulnérables qui auront le plus besoin d’aide après une catastrophe naturelle.
Partout dans le monde, les conséquences des dérèglements du climat sont déjà bien plus dramatiques que nous l’avions envisagé. Les feux de forêt dévastateurs, les tempêtes sans précédent et les inondations et sécheresses catastrophiques s’enchaînent. Sans réaction d’urgence, 100 millions de personnes supplémentaires pourraient sombrer dans la pauvreté. Les effets du changement climatique se font déjà sentir et c’est maintenant qu’il faut agir. Les pays des Caraïbes le réclament haut et fort, ils nous disent qu’il est plus qu’urgent d’investir dans la résilience et l’adaptation. Si nous faisons les choses correctement, nos infrastructures seront plus solides et plus intelligentes, et nous disposerons des ressources financières nécessaires pour réagir rapidement en cas de catastrophe. Mais si nous faisons les mauvais choix ou si nous tardons à agir, des millions de personnes perdront leur toit et leurs moyens de subsistance et basculeront dans la pauvreté.
À la Banque mondiale, nous entendons cet appel et nous augmentons les financements pour lutter contre le changement climatique. En 2018, avec un montant record de 20,5 milliards de dollars investis dans des mécanismes d’atténuation et d’adaptation, nous avons atteint notre objectif climatique deux ans avant l’échéance initialement fixée à 2020. Et la semaine prochaine, nous allons lancer de nouveaux objectifs climatiques ainsi que notre Plan d’action pour l’adaptation et la résilience. Mais, et c’est plus important encore pour des pays comme ceux des Caraïbes, nous plaçons désormais l’adaptation au premier plan de l’ordre du jour de la communauté mondiale. Bill Gates, Ban Ki-moon et moi-même coprésidons la Commission mondiale sur l’adaptation et nous travaillerons ensemble pour mettre cette question au centre des débats et pour partager les connaissances et les bonnes pratiques qui permettront d’accélérer les mesures d’adaptation au changement climatique.
Dans les pays des Caraïbes, les pouvoirs publics, les entreprises et les citoyens ont pris conscience de la réalité des dérèglements climatiques parce que la nature a dévasté leur environnement. Ils ont commencé à agir, mais ils savent qu’il reste encore beaucoup à faire. D’autres pays ont connu des désastres similaires, ce qui laisse présager d’autres détresses si le monde ne tire pas les leçons de leurs expériences avant qu’il ne soit trop tard.
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À propos de l'initiative jeunesse
L'initiative jeunesse de lutte contre les changements climatiques a pour objectif de sensibiliser les jeunes francophones aux changements climatiques. Elle permet également de faire connaître les actions et l’engagement de la jeunesse francophone pour lutter contre les changements climatiques sous la forme d’une série d’articles [IJLCC].Pour plus d’informations, consultez le dossier Médiaterre de l'Initiative Jeunesse de lutte contre les changements climatiques [IJLCC]