Le 3 juin 2020, l’hebdomadaire indépendant Politis a organisé une rencontre entre le secrétaire général de la Confédération Générale du Travail, Philippe Martinez, et le président de Greenpeace France, Jean-François Julliard. En rendant visible tant leurs convergences que leurs oppositions, ce débat offre un précieux aperçu de la manière dont différents acteurs tentent aujourd’hui de s’organiser collectivement pour sortir de la crise.
« Nous ne nions pas les désaccords, mais nous nous retrouvons autour de valeurs communes et du constat que le monde ne fonctionne pas bien » affirme le président de Greenpeace. D'une manière générale, les deux intervenants appellent à ne pas céder à la croyance tendant à opposer fondamentalement les représentants d’entreprises polluantes et les défenseurs de l’environnement, ni à l'illusion que ces deux parties auraient, de fait, des différends irréconciliables. Ils s’accordent à dire que les emplois considérés comme « polluants » devraient, plutôt que de disparaître complètement, se transformer en s’adaptant aux nouvelles normes environnementales. Cela ne sera toutefois possible que par des investissements importants dans ces secteurs en vue de soutenir le coût de ces reconversions, affirme Philippe Martinez.
L’un des principaux points d’opposition entre les deux intervenants demeure la question du nucléaire. En effet, bien que reconnaissant la nécessité d’investir dans les énergies renouvelables afin de contrebalancer ses effets, la CGT continue de considérer que « le nucléaire est indispensable » tandis que Greenpeace se revendique comme purement et simplement « antinucléaire ». Toutefois, Jean-François Julliard souligne que l’organisation a désormais intégré pleinement la question sociale dans la conduite de ses actions et reconnait l'importance de prendre en compte le sort des travailleurs qui perdront leurs emplois du fait de la sortie du nucléaire : « nous avons une approche pragmatique de cette question et nous ne sommes pas favorables à ce que quiconque perde son emploi à cause de la transition écologique. L’idée est d’anticiper autant que possible, pour commencer dès maintenant à convertir des secteurs » soutient-il.
Finalement, en dépit de leurs divergences, c’est une culture de compromis qui semble s'instaurer entre ces deux parties, autorisant ainsi un dialogue constructif entre social et écologie.
Pour consulter l’article : https://www.politis.fr/articles/2020/06/faire-dialoguer-social-et-ecologie-41970/
Illustration : Pixabay
06/05/24 à 12h32 GMT