Se déplacer, faire ses courses, accéder à une administration ou envoyer son enfant à l’école… trop souvent, les personnes en situation de handicap sont confrontées à de nombreux obstacles. S’il reste encore beaucoup de choses à améliorer pour leur faciliter l’existence, quelques enseignes apportent, à leur échelle, un soin tout particulier à l’accueil de cette clientèle.
Une jeune femme en fauteuil roulant qui se voit interdire l’accès à un salon de thé accompagnée de son chien d’assistance, des parents qui ne peuvent pas scolariser leur fils autiste par manque de place dans un établissement spécialisé, une femme aveugle qui essuie trois refus de la part de chauffeurs VTC ne voulant pas qu’elle monte dans leur véhicule avec son chien-guide… régulièrement, l’actualité se fait l’écho de discriminations à l’égard de personnes en situation de handicap, et cela en dépit des lois. « Le handicap sera l’une des priorités de mon quinquennat », avait pourtant déclaré le candidat Emmanuel Macron lors du débat de l’entre-deux-tours lors de l’élection présidentielle en mai 2017. Force est de constater que, malgré les engagements du Président de la République et la loi du 11 février 2005 obligeant tous les établissements recevant du public à être accessibles à tous, le quotidien des personnes en situation de handicap s’apparente encore trop souvent à un parcours du combattant. Heureusement, certaines entreprises prennent des initiatives en faveur de ces personnes encore trop souvent laissées de côté. Illustration.
Changement d’ambiance en grandes surfaces pour les autistes
Tout a commencé à Thourotte, une petite commune de l’Oise de 4500 âmes, à une douzaine de kilomètres au Nord de Compiègne. En juillet 2019, David Blaise, gérant du magasin Super U de la ville, modifie quelque peu l’atmosphère de la grand surface chaque mardi, entre 13h30 et 15h30 : plus d’annonces retentissant dans tout le magasin, plus de musique, plus de « bip » à chaque article scanné en caisse et une intensité de la lumière artificielle réduite au minimum. Le but de ce dispositif étonnant : rendre le supermarché plus accueillant et moins stressant pour les personnes souffrant d’autisme ou de troubles cognitifs. L’initiative locale séduit bien au-delà de la clientèle habituelle. « D’autres magasins s’intéressaient au concept, alors nous avons décidé de le généraliser », confirme Thierry Destouches, porte-parole nationale de l’enseigne Système U (1). C’est ainsi que, depuis le 3 décembre dernier, les 1600 magasins U Express, Super U et Hyper U de France ont tous adopté ce dispositif « heures calmes » tous les mardis. Un modèle d’inclusion que l’on aimerait voir se généraliser à d’autres enseignes de la grande distribution.
Prêt à porter pour enfants handicapés
Pas facile de s’habiller tout seul lorsque l’on est cloué dans un fauteuil roulant ou que l’on a du mal à coordonner ses gestes ! C’est parce que les enfants en situation de handicap ont souvent beaucoup de difficultés à se vêtir sans l’aide de leurs parents que le spécialiste de « la mode à petits prix » a lancé une collection de vêtements spécialement faits pour eux. Ce n’est pas la première fois que Kiabi a la bonne idée de penser aux personnes handicapées puisque, déjà, en 2006, l’enseigne avait proposé une collection de vêtements à destination des adultes en situation de handicap, mais pas pour les enfants. Un oubli réparé puisque, depuis 2016, Kiabi s’est associé à la marque Les Loups Bleus, spécialiste de la mode pour enfants et adolescents handicapés, pour proposer des vêtements faciles à enfiler et confortables. Tee-shirt avec couture sur l’endroit pour éviter les irritations, pantalon avec poches inversées aux genoux pour les enfants en fauteuil, pantalon avec des pressions au bas des jambes pour pouvoir y glisser une attelle et une ceinture à élastique pour ne pas comprimer la taille, parka à capuche qui protège la totalité des jambes des intempéries, robe à la coupe identique devant comme derrière pour que les petites filles qui ont du mal à coordonner leurs gestes puissent s’habiller toutes seules… la collection a été pensée pour faciliter le quotidien de tous les enfants handicapés. Et le tout à des prix raisonnables qui sont la marque de fabrique de Kiabi. La mode à petits prix, oui, mais avec un grand cœur.
Le sur-mesure médical pour toutes les vues
Les opticiens Lissac n’ont pas attendu une loi pour prendre en compte les spécificités qu’implique l’accueil de clients en situation de handicap. Déjà, en 1968, l’enseigne est la première en France à prendre en charge la basse vision. Cette prise en charge des personnes malvoyantes est alors assurée par des opticiens Lissac formés pour répondre spécifiquement à leurs besoins. Pionnière en la matière donc, elle est, encore aujourd’hui, même si cette partie de son activité est peu connue, l’enseigne spécialiste des lunettes médicales et des équipements optiques pour les personnes handicapées. C’est dans un petit atelier, situé à Clamart, dans les Hauts-de-Seine, que sont conçues ces paires de lunettes sur-mesure afin de répondre parfaitement aux attentes des personnes qui ne peuvent pas porter une monture standard. Parce qu’elles souffrent d’une malformation faciale due à une maladie ou qu’elles ont été victimes d’un accident, ces cas très particuliers nécessitent une prise en charge individualisée et la conception d’une paire de lunettes unique, prenant en compte leur physionomie. Par exemple, certaines affections nécessitent que les montures possèdent des calibres différents d'un œil à l'autre, d'autres doivent offrir un appui nasal spécialement conçu. Cette expertise de l’optique médicale fait qu’aujourd’hui, l’enseigne jouit d’une forte crédibilité auprès des professionnels de santé, et nombreux sont les ophtalmologues qui choisissent de confier à Lissac les cas les plus complexes.
Si le chemin est encore long pour parvenir à une intégration totalement normalisée des personnes en situation de handicap dans la société, nombre d’initiatives existent déjà. Elles méritent non seulement d’être montrées en exemple mais surtout d’être imitées, pour que le handicap ne soit plus jamais un obstacle à une vie normale.
06/05/24 à 12h32 GMT