Sommes-nous tous égaux face à l’environnement ? C’est la question soulevée par Dominique Bourg, professeur à l’Institut de Géographie et de Durabilité de l’Université de Lausanne. Dans un récent article, il met en exergue la corrélation entre les inégalités écologiques et les inégalités sociales : « il n’est plus possible de séparer les questions écologiques des questions de justice » soutient-il. Ses conclusions revêtent un intérêt particulier pour la pensée écologique au sens où elles fournissent les pistes d’une orientation plus juste, efficace et durable de la lutte pour la protection de l’environnement.
A cet égard, Dominique Bourg évoque un exemple criant faisant directement écho au lien étroit existant entre ces deux formes d’inégalités : celui du mouvement nord-américain initié au début des années 80 par des citoyens afro-américains visant à dénoncer les inégalités sociales face à l’environnement. Ce mouvement soutient en effet que les populations noires aux États-Unis seraient davantage exposées aux nuisances environnementales du fait, par exemple, de l’installation de décharges près de leurs lieux d’habitations ou encore, de leur plus grande vulnérabilité face aux catastrophes naturelles telles que les ouragans, dont ils subiraient les conséquences de plein fouet en raison de la précarité de leurs logements. Nous retrouvons le même constat en France : « les quartiers qui se sont construits autour du site de l’usine AZF, dans la banlieue de Toulouse, comportaient principalement des logements modestes ou sociaux. Ce sont ces quartiers qui ont été les plus affectés par l’explosion qui a marqué le site en septembre 2001 ». Dominique Bourg arrive à la conclusion qu’il sera « impossible d’avancer écologiquement sans un resserrement drastique des inégalités sociales ».
En outre, il convient de noter que les inégalités environnementales existent également à l’échelle globale. En effet, l’idée même de « justice climatique » tend à démontrer que les pays ne sont pas tous égaux face à la lutte contre le changement climatique. Ce concept suggère que les pays les plus pauvres ne devraient pas avoir à endosser le même coût de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre que les pays les plus industrialisés, non seulement du fait de leurs moyens économiques et matériels plus limités, mais également en vertu du principe de « responsabilité historique et différenciée » reconnu par l’Organisation des Nations Unies. Ainsi, Dominique Bourg est formel : « il n’y aura d’écologie que sociale ».
Pour consulter l’article :
Bourg, D. (2020). Inégalités sociales et écologiques : Une perspective historique, philosophique et politique. Revue de l'OFCE, 165(1), 21-34. Repéré à : https://www.cairn.info/revue-de-l-ofce-2020-1-page-21.htm
Illustration : Pixabay
19/11/24 à 15h53 GMT