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Sintiche Naomie PAGNOU Tchinda, est une ancienne assistante chargée des opérations de paix à la Représentation permanente de la Francophonie, à New York. Actuellement consultant indépendante dans les opérations de maintien de la paix, d’analyse des conflits et médiation, nous offre l’occasion de lire ses différentes approches sur le COVID-19, face à la paix, dans les zones déjà fragilisées par les conflits.
Dans cette analyse, Sintiche Naomie PAGNOU Tchinda, laisse paraître ses inquiétudes suite à cette pandémie qui frappe le monde, en mettant ainsi en lumière la fragilité des opérations de maintien de la paix au milieu du COVID-19 ainsi que sur les défis de maintien d'une paix fragile, dans les zones où les conflits armés seraient déjà plus intensifiés.
COVID19: Défi du maintien de la paix dans les environnements touchés par des conflits
Deux soldats de la paix de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies en République centrafricaine (MINUSCA) ont perdu la vie alors qu'ils effectuaient leur mission de sécurité et de santé à la mi-mars. Les attaques surviennent quelques semaines après l'appel du Secrétaire général de l'ONU à un «cessez-le-feu» mondial pour garantir l'accès humanitaire et la sécurité du personnel de la mission de l'ONU dans le contexte d'une menace pour la santé imposée par COVID19. Cette crise, qui a déjà causé plus de 239 000 décès dans le monde et qui met à l'épreuve la résilience de pays puissants (USA, France, Chine, Russie et Royaume-Uni), pourrait avoir un impact considérable dans les pays touchés par la violence armée et caractérisé par des systèmes de santé faibles et un faible nombre des professionnels de la santé et là où les populations civiles sont plus vulnérables. Cette menace pour la santé (COVID19) s'ajoute aux défis opérationnels auxquels sont confrontées les missions de maintien de la paix qui s'efforcent de mettre fin à la violence qui conduit à la prolifération des armes, au trafic d'espèces, à l'augmentation des mouvements de réfugiés, à la prolifération des violences contre les populations civiles. La réduction du personnel de maintien de la paix face aux mesures restrictives (séquestration, imposition du télétravail, restrictions aux déplacements, rapatriement du personnel, etc.) imposées par cette crise ouvre une brèche aux chefs de guerre qui pourraient profiter de cette période pour se rétablir leur droit en détournant l'attention internationale et les efforts pour rétablir la paix et la sécurité. Il est important d'envisager des sanctions directes contre les auteurs de violences en cette période de crise, conformément aux principes des droits de l'homme et du droit international humanitaire. Les auteurs doivent être appréhendés lorsque l'accès humanitaire est refusé. Surtout, les autorités nationales et gouvernementales doivent mettre de côté leurs querelles de dirigeants et travailler avec tous les membres (opposition, société civile, groupes communautaires) pour aider les forces de maintien de la paix dans leurs opérations.
COVID-19 est une crise sanitaire majeure à laquelle est confrontée toute l'humanité ainsi que d'autres défis mondiaux tels que le changement climatique, la violence armée au sein des territoires et la migration. Cette crise sanitaire a mis à l'épreuve les principes de la gouvernance mondiale tout en éveillant des réflexes contraires au multilatéralisme promu sur la scène internationale; à la dynamique d'ouverture encouragée, la crise a réveillé des réflexes de retrait matérialisés par la fermeture des frontières.
Près de 110000 soldats de la paix déployés dans une quinzaine d'opérations de paix dans le monde (République centrafricaine, Mali, Haïti, République démocratique du Congo (RDC), Haïti, etc.) sont également confrontés aux épreuves de l'accomplissement de leurs mandats, dont les objectifs peuvent ne pas être atteint. En effet, depuis le tout début de la crise, plusieurs mesures ont été adoptées par laOrganisation des Nations Unies afin d'éviter la propagation de la crise, notamment la suspension de la rotation des troupes jusqu'au 30 juin, la mise en quarantaine du personnel retournant dans ses missions pendant 14 jours, l'imposition du télétravail pour certains personnels… plusieurs missions ont été contraintes de placer en quarantaine. Au Mali, le Représentant spécial et chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), Mahamat Saleh Annadif, a également été placé en quarantaine et continue de travailler à distance.
Ces mesures, bien que préventives, auront un impact avéré sur la mise en œuvre de mandats déjà complexes, car malgré la lutte contre la crise sanitaire, les soldats de la paix doivent maintenir la paix. Dans ces circonstances de confinement forcé et de patrouilles réduites sur le terrain, la crise du COVID-19 pourrait céder la place à la création de nouvelles milices et groupes armés, accélérant la fragmentation déjà présente dans ces territoires touchés par les violences. En outre, il offre une opportunité injuste aux groupes armés déjà opérationnels, qui en profiteront, pour gagner du terrain, rétablir leurs lois et perpétrer des violences contre la population, et poursuivre leurs activités de pillage des ressources naturelles (diamants, or, coltan, etc.), la contrebande, l'enlèvement et l'enlèvement contre rançon. Ces attaques entraîneront une augmentation de la violence,
En République démocratique du Congo, plus de 11 soldats des FARDC ont été tués samedi 11 avril dans des combats avec des miliciens du CODECO dans un village de Nyapala, territoire de Djugu, à environ 60 kilomètres au nord de Bunia. Au Mali, une trentaine de soldats maliens ont été tués lors d'une attaque contre des djihadistes et une autre attaque à Bamba le 7 avril a causé la mort de 25 soldats maliens et 6 autres blessés. Au Niger, l'État islamique a regagné du terrain, des soldats nigériens ont mené une opération contre deshommes lourdement armés dans la région de Tillabéri (sud-ouest), près du Mali, dans la nuit du 2 avril. En République centrafricaine et peu avant l'appel à un cessez-le-feu,des combats virulents ont repris entre les groupes armés signataires de l'accord de Khartoum qui font campagne pour le contrôle des territoires diamantifères dont l'activité est florissante. La difficulté d'intervenir dans ce contexte embellit l'activité criminelle des groupes armés qui en profitent pour saper les efforts de paix. Dans un communiqué publié le 8 avril, l'expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme en République centrafricaine (RCA), Yao Agbetse, a appelé les parties au conflit à respecter l'accord de paix de Khartoum face à l'augmentation dans la violenceet, surtout, la pandémie.
Cette pandémie aura un impact sur le calendrier électoral de ces pays qui accueillent des missions de paix (Burundi (20 mai), Niger (législatif du 27 mai), Mali (législatif de mai), Guinée (en octobre) au Niger (27 décembre) RCA (décembre), dont les élections sont prévues pour la fin de 2020, comme indiqué dans le rapport du Secrétaire général sur la crise du COVID-19. Ces élections sont l'une des priorités des mandats et des tâches des missions de paix, dont la responsabilité première est de restaurer l'administration des territoires sans loi et de renforcer l'état de droit en installant des pouvoirs politiques stables et légitimes. Même si le calendrier semble être maintenu pour le moment dans certains de ces pays, il est difficile de dire si les Nations Unies seront en mesure de fournir une assistance si la crise persiste, puisque plusieurs missions politiques sur le terrain ont déjà été suspendues dans ces pays. où il était censé mener des opérations pour assister le processus électoral. << Élections retardées ou limitations de la capacité de vote, restrictions persistantes à la circulation et à l'accès à la nourriture et à d'autres ressources, ainsi que flambée du chômage et insatisfaction quant à la capacité des institutions publiques à réagir.
Malgré les risques pour les missions de paix de voir leur mandat retardé, les Nations Unies ont mis en place des mesures sûres qui aident à répondre à la menace sanitaire posée par le virus, ce qui illustre la «folie de la guerre» qui pourrait entraîner la perte de plus de 3,4 dollars. Mille milliards de revenus en 2020 et ont mis plus de 25 millionsde personnes au chômage. Ces mesures sont accompagnées d'une résolution adoptée par le Conseil de sécurité le 2 avril sur la sûreté et la sécurité du personnel de maintien de la paix. Ces mesures, qui comprennent l'appel au cessez-le-feu, le télétravail du personnel civil, le contrôle systématique de la température à l'entrée des bases, l'installation de points de lavage des mains devant les bureaux, la sensibilisation et l'information par ondes radio et une coopération étroite avec les gouvernements hôtes, le personnel de l'Organisation mondiale de la santé, les autorités locales et les populations afin de renforcer la confiance et la compréhension mutuelles et d'améliorer la sûreté et la sécurité, et de réduire systématiquement le risque de contamination des populations civiles. Ces mesures nécessitent également de prendre en compte la participation des femmes au maintien de la paix en leur accordant une place de choix dans l'accomplissement de leur tâche en tant qu'actrices principales de la crise et moteur de la famille. Ils sont déjà efficaces dans la plupart des missions de paix et des pays en conflit. En réponse au cessez-le-feu, les Forces de défense camerounaises (SOCADEF), la branche armée du Mouvement de libération du peuple africain (APLM), l'un des groupes séparatistes des régions anglophones du Cameroun, ontobservé un cessez-le-feu de 14 jours depuis le 25 mars; au Soudan, plusieurs mouvements armés et le Gouvernement ont observé le cessez-le-feu à la demande du Secrétaire général.
L'ONU, l'OMS et le FMI travaillent aux côtés des États touchés par la guerre et non touchés par la guerre pour mettre en place une plate-forme de compréhension mutuelle des progrès de la recherche, des soins curatifs, de la négociation et de la coordination sur des questions d'intérêt commun; mais aussi pour le partage rapide des informations. Bien que plusieurs initiatives aient également été prises par ces pays touchés par un conflit pour faire face à la crise, il est clair que ces pays risquent d'être les plus infectés. En effet, cette crise a ramené au premier plan la question préoccupante de la part des budgets publics investis dans les politiques de santé publique, la relation avec l'économie informelle, qui représente une grande partie de notre économie, et l'investissement dans les infrastructures de transport public, la fluidité dont essentiel pour limiter les risques. Les dirigeants des pays en conflit devraient réévaluer les systèmes de santé et développer des réflexes appropriés pour des services qui répondent rapidement aux crises de cette ampleur. Plus que jamais, ces pays doivent investir dans «des laboratoires de santé et scientifiques et encourager la recherche.
Après quelques désaccords constatés depuis le début de cette crise, entre les cinq membres permanents (Chine, USA, Russie, Royaume-Uni, France) et les membres non permanents du Conseil de sécurité (Tunisie, Allemagne, Belgique, République dominicaine, Indonésie, Estonie, Vietnam, Niger, Afrique du Sud et Saint-Vincent-et-les Grenadines), ces derniers, réunis le 9 avril, ont examiné et voté une résolution sur l'impact humanitaire du virus, en particulier la menace pour les groupes vulnérables, la nécessité de maintenir le l'espace et les actions, et la protection des travailleurs humanitaires. Cette résolution, née de deux projets de résolution concurrents (l'un des cinq membres permanents proposé par la France "pause humanitaire" et l'autre par la Tunisie et les membres non permanents), se concentre exclusivement sur le lien de la pandémie avec la paix et la sécurité internationales. Elle devrait mettre un terme aux «mesures coercitives unilatérales» mises en œuvre par certains pays, afin d'assurer une réponse efficace et une action internationale coordonnée et unie contre COVID-19.
Ainsi, la tâche ardue imposée par cette crise sanitaire ne doit pas arrêter les efforts des Nations Unies pour sauver «les générations futures du fléau de la guerre». Les opérations de paix devraient poursuivre leurs efforts de paix et réaliser la mise en œuvre des processus de paix dans la plupart des pays en conflit (RCA, Colombie, RDC, Mali,…). Ce faisant, l'ONU pourrait envisager la création de commissions de pays virtuelles pour le suivi, l'évaluation, la promotion et la vérification de ces accords de paix; ainsi que le groupe de travail virtuel sur le désarmement, la réintégration et la réhabilitation, qui continuera de travailler au désarmement des anciens combattants sur le terrain. La participation des communautés, des victimes, des autorités locales et de la société civile, y compris les organisations de femmes, aux efforts de consolidation de la paix doit continuer à bénéficier de la plus haute priorité.
Le long chemin vers la solidarité sanitaire internationale devrait être le «partage des progrès» découvert sur le traitement curatif et préventif de ladite maladie en proposant une forme d’observatoire mondial des événements, rassemblant des informations, réunissant experts et scientifiques, définissant les priorités de recherche, règles d'hygiène à respecter.
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