Pendant la crise socio-économique qui toucha le Togo en 1991, une déclaration d’un ministre de la République togolaise marqua les esprits : «L’école togolaise est malade, gravement malade et son mal a atteint le stade d’une crise aiguë. L’école togolaise souffre. Elle souffre de la misère de ses enseignants. Elle souffre de leurs conditions de travail déplorables. Elle souffre de l’insuffisance de ses infrastructures et de ses équipements. » Mais qu’en est-il de la situation de l’éducation au Togo aujourd’hui ?
Même si depuis des progrès ont été faits en matière d’éducation, notamment en 2006 où le gouvernement a rendu obligatoire l’éducation primaire publique pour tous, de nombreux problèmes persistent encore aujourd’hui. Entre inégalités sociales et inégalités géographiques, de nombreuses difficultés restent encore à soulever. Même si aujourd’hui, 93 % des enfants ont accès à l’école, le
constat final est alarmant : dans les régions des savanes et des hauts-plateaux, un enfant sur deux ne termine pas le cycle primaire. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cet échec scolaire.
Tout d’abord, le sort des enseignants et de leurs conditions de travail. Les professeurs de primaire, secondaire et supérieur perçoivent des salaires bas et irréguliers, ce qui ne pousse pas les jeunes diplômés à se tourner vers ce corps de métier. Les enseignants sont confrontés à un salaire miséreux ce qui les empêche de se doter d’une bibliothèque personnelle et donc de renouveler leurs cours, ce qui entraîne une stagnation intellectuelle. Lors des examens nationaux, certains professeurs tombent même dans la corruption. De plus, les bâtiments sont souvent vétustes et délabrés et les salles de classe bondées. Théoriquement, les effectifs devraient être à 35 élèves par classe en primaire et secondaire, pourtant en réalité, une salle de classe accueille entre 50 et 150 élèves dans le public et 35 à 75 élèves dans le privé.
Ensuite, certains parents refusent de scolariser leurs enfants. Les filles sont particulièrement touchées : 39 % des filles en l’âge d’aller à l’école ne sont pas scolarisées, pour 15 % des garçons. Les raisons économiques peuvent également justifier que les enfants ne soient pas scolarisés. En effet, dans les familles très pauvres en milieu rural, les familles ne peuvent pas envoyer leurs enfants à l’école.
De plus, la coutume joue également un rôle dans la non-scolarisation des filles. Quand celles-ci tombent enceinte, il est commun de les exclure du système éducatif. Même si le Togo a déclaré aux Nations Unies qu’il ne faisait plus ce genre de pratique, en réalité, rien n’a été fait pour abroger la loi, la remplacer et changer les mentalités.
L’école est aussi, pour une majorité de filles, un lieu où elles sont victimes d’abus sexuels et autre outrages physiques. L’école n’est donc pas un lieu où elles peuvent être en sécurité. D’après un rapport de Plan international datant de 2018, même si les châtiments corporels ont été interdits depuis 2000, les violences liées au genre sont toujours d’actualité et restent très répandues. Bien qu’il n’existe pas vraiment de données chiffrées sur les faits, les cas d’abus sexuels, de chantages et de viols perpétués à l’école touchent de nombreuses jeunes filles, parfois même de moins de douze ans. Sous prétexte d’attribuer des bonnes notes, certains professeurs n’hésitent pas à obliger des élèves à avoir des relations sexuelles avec eux. Cela est sans conséquences sur la santé psychologique et mental des enfants.
Enfin, même s’il est interdit par la loi, les mariages précoces sont toujours monnaie courante au Togo. En 2017, un quart des jeunes filles togolaises ont été marié avant d’avoir 18 ans. Les jeunes filles sont ainsi contraintes d’abandonner l’école et sont dépendantes des revenus de leur mari.
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