L’agriculture est à la fois victime et responsable du changement climatique. Mais elle peut également faire partie de la solution en participant à l’atténuation du changement climatique. Si ces liens étroits sont étudiés depuis plus de dix ans par la communauté scientifique, ils ont longtemps été ignorés dans les négociations internationales. En 2015, la sécurité alimentaire apparaît pour la première fois dans l’Accord de Paris de la COP21. Il faudra attendre la COP23, en 2017, pour que le terme agriculture figure dans les documents officiels.
L’agriculture climato-intelligente, pertinente, mais mal interprétée
Après huit ans d’existence, les démarches se revendiquant climato-intelligente ne réunissent que rarement les trois finalités de sa définition (nourrir le monde, s’adapter au changement climatique et l’atténuer). Le concept d’agriculture climato-intelligente nécessite donc un recadrage et des bases scientifiques plus solides.
L’agro-écologie, une approche localisée et multifonctionnelle
L’agro-écologie mobilise les sciences écologiques et agronomiques, mais aussi économiques et sociales pour concevoir des systèmes agricoles durables et accompagner leur déploiement par des politiques publiques adaptées. Elle fait ainsi progresser l’agriculture climato-intelligente sur le terrain. Dans de nombreux cas, la simultanéité entre adaptation, atténuation et sécurité alimentaire, voulue par l’agriculture climato-intelligente, apparaît plus facile à atteindre par les principes de l’agro-écologie que par ceux de l’agriculture industrielle.
Objectif atténuation : promouvoir le rôle clé du carbone du sol
Il existe aussi une proximité conceptuelle entre l’agriculture climato-intelligente et l’initiative 4 pour 1000, lancée en 2015. L’hypothèse de cette dernière est qu’en augmentant de 4 ‰ (0,4 %) par an le stock de carbone organique de tous les sols de la planète, il serait possible de compenser les émissions annuelles mondiales de gaz à effet de serre. L’initiative 4 pour 1000, dont la priorité est l’atténuation, peut donc rejoindre l’agro-écologie et l’agriculture climato-intelligente sur l’adaptation et la sécurité alimentaire.
Une conjugaison judicieuse pour les pays du Sud
Pour les pays du Sud, la conjugaison agriculture climato-intelligente agroécologie 4 pour 1000 est particulièrement pertinente dans un contexte d’essor démographique complexe et sans précédent. Cette complémentarité d’approche peut augmenter la probabilité d’atteindre simultanément les trois finalités sans répliquer la trajectoire d’agriculture intensive en capital et en intrants vécue par les pays industrialisés.
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