Selon une enquête
rendue en septembre 2011 par le Centre
des nations Unies pour les droits de l'homme et la démocratie en Afrique
centrale, lors des élections législatives et municipales de 2007 au Cameroun,
l'électorat était composé de 5 millions de personnes dont 35% de femmes. Le
nombre de suffrages valablement exprimés cette année là était d'environ 3 millions dont 37% de femmes. Or au cours
de la présidentielle de 2011, le fichier
électoral pointait 7,5 millions de personnes inscrites dont 48,8% de femmes ; soit
une augmentation de 13,8 points et une quasi-parité. Pourtant à ce jour, la
sous représentativité des femmes dans les instances de prises de décision est
restée une constance.
Ce chiffre n'a pas
toujours été aussi reluisant dans un passé relativement plus lointain. Entre 1992 et 2012, le pourcentage de femmes dans les différentes législatures a évolué de façon sinusoïdale. Entre
1992 et 1997, sur les 180 députés élus à l'Assemblée nationale, on ne comptait
que 23 femmes. Soit un pourcentage de 12,8%. Puis à la législature suivante, ce
pourcentage a chuté à 5,6%. Soit 10 femmes sur 180 ; contre 20 sur 180 en
2002 (11,1%) ; et 25 sur 180 entre 2007 et 2012 soit 13%. " On est loin de la parité voulue ", déplore la Commission Nationale des Droits de l'Homme et des Libertés du
Cameroun (Cndhl). Sur un total de 10635 conseillers municipaux, 1651 seulement
sont des femmes. Entre 2007 et 2012, le pourcentage de femmes était de 16%, et
elles n'occupaient que 6% de places au niveau de l'exécutif municipal, soit un
total de 22 femmes pour 348 hommes.
Exigence de l'organe en charge des
élections
Changer la donne est
dans l'air du temps à en croire les discours officiels sur le sujet. Recevant
Mmasekgoa Masire-Mwamba, secrétaire générale adjointe du Commonwealth, en
visite au Cameroun, le président d'Elections Cameroon, [L'organe de gestion des
élections du Cameroun, Ndlr] rappelle à son invité les exigences du code
électoral en matière de genre à travers le respect des quotas. Ce n'est pas de
gaieté de coeur laisse entendre Samuel
Fonkam Azu'u, mais cela sera respecté parce que c'est une exigence de la loi. Lors
de la réunion de lancement des présélections et des investitures de ses
candidats aux prochaines élections municipales et législatives, le secrétaire
général du Comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais
(Rdpc) va plus loin.
La consigne est
claire. Lorsqu'une circonscription donnée est disputée pour deux à quatre
sièges de députés, la liste du Rdpc comportera au moins une femme. Celles-ci
seront deux quand il faudra présélectionner une liste de cinq à huit députés et
trois pour les circonscriptions qui élisent neuf à dix députés. Pour les municipales,
il faudra tenir compte des consignes générales de féminisation et de
juvénilisation des listes. Le parti au pouvoir se veut même menaçant quand il prévient que
les listes qui ne se conforment pas aux consignes édictées à l'égard du genre,
seront rejetées. Qu'en est-il exactement ?
Difficile d'apporter
une réponse à cette interrogation. Cependant, si jusque là, l'on a décrié le
désintérêt des femmes de la gestion de la chose politique pour justifier les
chiffres suscités, cette raison n'est plus d'actualité à en croire la
secrétaire nationale à la communication du Social Democratic Front (SDF),
principale parti d'opposition au Cameroun.
Frein de la prédominance patriarcale
Béatrice Anenbom
Monju, laisse entendre que les femmes sont mêmes très enthousiastes. Elles sont
nombreuses à s'être présentées aux primaires. " Mais les hommes ne nous laissent pas passer ", regrette cette
candidate qui avoue "j'étais aux
primaires avec quatre hommes mais ils m'ont battue ". Aussi
compte-t-elle sur la politique du quota que son parti entend appliquer. " On va essayer d'atteindre les 30% [conformément
aux dispositions du Plan d'action de Beijing, Ndlr]", avance-t-elle prudemment.
Les femmes se heurtent ainsi au poids de la tradition et la culture. En effet,
les pratiques culturelles et traditionnelles à prédominance patriarcales
empêchent la gent féminine de de parvenir à l'égalité en politique. Pourtant, Boutros
Boutros-Ghali, alors secrétaire général des Nations unies soulignait qu'
" il ne peut y avoir de véritable
développement social sans amélioration de la condition des femmes. [...] le
combat pour l'égalité des sexes fait partie intégrante de l'effort visant à
offrir un meilleur monde à tous les êtres humains et à toutes les
sociétés ".
Fort de ce principe, et
en dépit du cautionnement des candidatures dont le montant a considérablement évolué - ce
qui peut être un frein à l'élection des femmes en raison de leur pouvoir
financier limité- la Commission des droit de l'homme au Cameroun encourage les
femmes à se porter massivement candidates au double scrutin législatif et municipal
du 30 septembre 2013 de même qu'il souhaite que les partis politiques
investissent massivement ces dernières sur les listes à soumettre à Elecam. Le
respect des quotas est possible, plusieurs pays d'Afrique ont déjà franchi le
pas. C'est le cas du Rwanda où la participation des femmes en politique est de
56% ; de l'Angola (37%) ; Mozambique (34%) et 33% en Afrique du Sud.
Source statistique : Le Messager