DEVELOPPER L’AGROFORESTERIE A BASE DU MORINGA OLEIFERA EN TANT QU’ALTERNATIVE POUR LUTTER AVEC EFFICACITE CONTRE L’AGRICULTURE ITINERANTE SUR BRÜLIS PRATIQUEE EN MILIEU RURAL
Au Congo, il a été constaté que l’agriculture emploie 60 % des femmes qui pratiquent pour la plupart, en milieu rural, une agriculture itinérante pour répondre à la problématique de la jachère et aussi sur brûlis dans le cadre de la fertilisation des sols. Or, ce type de pratique contribue à la déforestation et à la dégradation des sols et de ce fait à l’érosion, à l’ensablement des cours d’eau et enfin à la désertification donc au réchauffement climatique.
Pour faire face à cette problématique, il existe des techniques agricoles capables de lutter avec efficacité contre de telles pratiques en les associant à des essences forestières capables de fertiliser / re-générer le sol.
Il s’agit par exemple, du Moringa Oleifera, qui est un arbre à croissance rapide et à multiples usages, et de surcroît doté de vertus médicinales. En effet, en tant qu’arbre, il peut séquestrer le carbone et lutter avec efficacité contre le réchauffement climatique, mais peut aussi avec efficacité, fertiliser ou re-générer le sol. C’est un engrais naturel.
Or, Jusqu’ici, le Moringa n’est vraiment connu que comme un arbre qui contribue avec efficacité à la sécurité alimentaire. En effet, ses feuilles et les fruits (gousses) de cette plante ont une très haute valeur nutritionnelle (protéines, minéraux et vitamines). Ils servent en général de complément alimentaire car on peut consommer les feuilles en tant qu’alicament (crues en salade, sous forme de légumes verts ou en poudre) pour enrichir toute nourriture. Par ailleurs, ses graines sont utilisées dans la purification de l'eau de consommation, dans la production de l’huile (alimentaire) notamment et dans l’alimentation animale.
Néanmoins, les études menées récemment sur le Moringa ont montré que ses racines et surtout ses feuilles peuvent servir aussi d’engrais bio et de fongicide dans le secteur agricole. Elles peuvent donc être utilisées dans le cadre de la fertilisation des sols et éviter ainsi l’agriculture itinérante et la technique du brûlis que pratiquent systématiquement les femmes agricultrices en milieu rural, qui doivent, à terme, parcourir de longues distances pour réaliser leurs travaux champêtres. Raison pour laquelle, ce type de pratique agricole contribue à la déforestation et à la dégradation des forêts au Congo.
Aussi, serait-il judicieux que des expériences soient menées dans le cadre du processus REDD , pour voir dans quelle mesure le Moringa peut être utilisé dans le cadre d’une agroforesterie susceptible de développer une technique culturale capable d’enrichir naturellement les sols (sans apport d’engrais chimiques), afin d’améliorer les rendements agricoles et, par conséquent, éviter la pénibilité des travaux champêtres à la femme rurale d’une part et surtout contribuer à la sécurité alimentaire d’autre part.
Ainsi, lors du lancement du processus REDD dans le Département du Pool les 12-13 mars 2010 à Kinkala, le Directeur Départemental du secteur agricole avait constaté ce phénomène de déforestation et dégradation de la forêt causé par l’agriculture itinérante sur brûlis, agriculture pratiquée surtout par les femmes dans la localité. Il préconisait déjà une technique agricole innovante qu’il a dénommée « agro-sylvo-pastoral ».
C’est pour cela que nous sommes convaincues que le Moringa, qui est doté des multiples vertus dont celle de la fertilisation naturelle du sol, peut servir d’outil test pour développer une agroforesterie réfléchie comme alternative à cette agriculture itinérante sur brûlis.
Cette technique culturale innovante permettra de fournir au profit des exploitants agricoles d’autres produits dérivés du Moringa notamment :
- les graines utiles
o pour la culture intensive des feuilles de Moringa utiles à la fabrication de la poudre de feuilles de Moringa
o pour le traitement des eaux brutes
o pour la fabrication de l’huile et production de l’agrocarburant.
- les feuilles qui servent comme fourrage aux animaux domestiques et d’élevage (ovin, bovin, aviculture…)
- les racines qui sont utiles dans la médecine traditionnelle.
Marguerite HOMB
Bureau pour le Renforcement
Des capacités des Femmes
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