La tendance vestimentaire écolo serait une mode en plein développement en République Démocratique du Congo, particulièrement auprès des "sapeurs". Une manière de célébrer la richesse de la Terre comme le détaille l'article du Monde paru le 6 février 2015. Revue de détails :
Cédrick Mbengi est un frigoriste congolais de 24 ans, qui a décidé de s’habiller désormais en papier. Son style vestimentaire ne parvient pas encore à entrer dans les mœurs et les habitudes de son entourage. Etant donné que dans l’imagerie, le papier sert généralement d’emballage. Ce qui n’a pas empêché son promoteur, Ronald Minuku, de lui apporter son soutien.
L’artiste peintre Eddy Masumbuku (50 ans), pour sa part, fabrique des vêtements en tiges de bambou. Un travail loin d’être facile : pour confectionner un gilet sans manches, il faut couper des dizaines de petits cylindres de bambous et les monter avec des fils de pêche. Soit deux semaines de labeur. Le quinquagénaire ne boude pas sa passion pour cette mode « atypique ». « J’ai commencé en 2001 (…). J’ai fait d’abord un sac, puis j’ai développé l’idée, et j’ai commencé à faire des habits », révèle-t-il. La majeure partie de ses créations (pantalon, gilet, manteau, cravate, chapeau…), qui mêlent parfois bambou et tissu, se lavent avec de l’eau et du savon. Elles ont été envoyées à Paris pour l’exposition « Le bord des mondes », organisée du 18 février au 17 mai, au Palais de Tokyo, avec l’aide du collectif congolais Solidarité des artistes pour le développement intégral (Sadi).
Meni Mbugha (33 ans), n’est pas en reste. L’artiste se démarque par l’utilisation d’un dérivé du lin pour sa marque : Vivuya (beauté, en langue nande). Son empreinte écologique est matérialisée par le choix de ses pigments, noirs et rouges, issus de plantes des forêts congolaises, et utilisées par les pygmées. Une manière pour lui de défendre la cause de ces autochtones, très souvent victimes de stigmatisations diverses. « Nous voulons que les autochtones pygmées [de la forêt] d’Epulu (Nord-Est) qui savent peindre sur des écorces, puissent le faire sur du tissu d’habillement ou d’ameublement. Ce qui nous permettra de faire évoluer le savoir traditionnel des pygmées avec une méthode moderne mais qui ne tuera pas leur culture », explique-t-il.Sa première collection inspirée de cet art, avait fait le buzz lors de la Kinshasa Fashion Week 2013.
L’idée, pour ces sapeurs écologiques, est de sortir des sentiers battus dans l’univers de la mode, en célébrant les richesses de la biodiversité congolaise, qui est le 2ème massif forestier de la planète, après l’Amazonie. C’est le cas du bambou qui, d’après Yves Sambou, du collectif Sadi, possède de grandes propriétés. Ses racines retiennent la terre et permettent de lutter contre les érosions causées par les pluies diluviennes. « Le bambou donne la vie là où il n’y a pas la vie », confie-t-il. Il est également question de mettre en vedette le savoir-faire et le sens de créativité des sapeurs congolais. Yves Sambou justifie d’ailleurs l’intérêt de l’exposition de Paris. « Cette exposition est juste pour montrer une certaine créativité autour de ce mouvement, de ce phénomène, montrer toute cette implication sociale et même écologique dans un objectif de monde meilleur. C’est vraiment exhiber une expression qui a un impact social. C’est un travail d’intérêt général. Cela peut résonner partout dans le monde », précise-t-il.
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