L’un des grands actes posés par le Ministre des Enseignements Secondaires, M. Jean Ernest Massena Ngalle Bibehe est la création et la mise sur pied de la Mutuelle des Personnels des Enseignements Secondaires (MUPES). Les objectifs sont clairs : « mener dans l’intérêt des membres, des actions de prévoyance, de solidarité et d’entraide par : -- la prévention des risques sociaux liés à ceux-ci et la réparation de leurs conséquences au moyen de prestations diverses ; -- la participation à la protection complémentaire des mutualistes en matière de santé notamment la consultation, l’hospitalisation, la pharmacie… » Disons-le sans détours: il ne s'agit pas d'une invention nouvelle puisque d'autres ministères avaient, auparavant, fait autant. C'est même à croire que c'est une thérapie fortement instruite.
L’initiative est bonne, mais elle ne rencontre pas l’adhésion des enseignants pour plusieurs raisons. Certains enseignants estiment que ce n’est pas le rôle d’un ministre de créer des mutuelles. Car une mutuelle créée par ses bons offices est un aveu incontestable que les conditions de travail et de vie que le gouvernement donne aux enseignants ne leur permettent pas de s’épanouir dans leur travail et de vivre décemment. Ils se représentent une image selon laquelle la mutuelle signifierait que le ministre descendait les rejoindre dans les tréfonds de la boue et entreprenait de les y organiser au lieu de chercher à les en sortir. Une image pas du tout réluisante pour un ministre de la République.
Autres raisons qu'ils donnent, non moins fondées, c’est que les prestations que la MUPES offre, notamment la prise en charge des frais médicaux et funéraires, sont prévues dans le statut général de la Fonction Publique de l’Etat. Pourquoi les inviter à cotiser un argent, qu’ils n’ont d’ailleurs pas, au lieu d’aller exiger l’application de ce statut par les instances compétentes. Bien plus, le statut particulier des enseignants signé par le Président de la République depuis le 5 décembre 2000, soit bientôt 18 ans aujourd’hui, qui offre certaines conditions et avantages aux enseignants, est reste jusque-là non appliqué.
Il faut bien se le dire: le mal être des enseignants n’est pas tant du fait de leur manque d’organisation mais de l’insuffisance des moyens. Cela est bien visible par le fait que certains enseignants réussissent à bien s’épanouir dès lors qu’ils se retrouvent dans les autres ministères de la même Fonction Publique parce qu’ils y trouvent de multiples autres avantages pourtant statutaires.
La solution ne consiste donc pas à créer des mutuelles ou à vouloir contraindre les enseignants à ne servir que dans ce ministère (puisque le statut général de la Fonction Publique, qui a seule la possibilité d'octroyer un matricule solde à un fonctionnaire, consacre, à travers des articles bien connus, la mobilité des ses fonctionnaires dans les différents ministères), mais à leur donner des conditions de travail et de vie décentes. C’est à ce prix, et à ce prix seulement que les enseignants pourront valablement et honorablement s’acquitter de leur tâche ô combien exaltante !
C’est la condition sine qua non de… l’émergence. Et du développement durable.