Dans un effort sans précédent visant à protéger la tourbière tropicale de la Cuvette Centrale, située dans le bassin du Congo, la plus grande du monde, d’une utilisation non réglementée des terres et afin d’empêcher son asséchement et sa dégradation, la République Démocratique du Congo (RDC), la République du Congo et l’Indonésie ont signé conjointement la déclaration de Brazzaville qui encourage une meilleure gestion et conservation de ce stock de carbone d’une importance mondiale.
Les enjeux de la protection des tourbières sont énormes : une quantité équivalente à la totalité des émissions de gaz à effet de serre produites en l’espace de trois ans est stockée dans le bassin du Congo. Si les tourbières étaient dégradées ou les zones humides naturelles asséchées, ce stock de carbone pourrait alors être relâché dans l’atmosphère.
Afin de préserver l’avenir de cette tourbière naturelle de grande valeur, cartographiée dans sa totalité pour la première fois l’an dernier et dont la taille est équivalente à celle de l’Angleterre, la DRC et la République du Congo ont établi un accord de collaboration transfrontalier. L’accord insiste sur l’importance de la bonne utilisation des sols et de la planification des infrastructures qui prennent la nature des tourbières en considération.
« La conservation et le développement vont de pair », a affirmé Erik Solheim, directeur d’ONU Environnement. « Nous parviendrons à conserver les tourbières uniquement si nous faisons du besoin des personnes une priorité. Nous pouvons aider les pays à mieux comprendre la nature unique des tourbières et contrôler leur utilisation potentielle. »
Les tourbières sont des zones humides qui contiennent un mélange de matières biologiques décomposés, partiellement recouvertes par une couche d’eau et manquant ainsi d’oxygène. Les tourbières possèdent une biodiversité complexe et hébergent une grande variété d’espèces mais leur teneur élevée en carbone les rend vulnérables aux incinérations lorsqu’elles sont asséchées. La déclaration reconnaît l’importance de la percée scientifique que consiste la cartographie de la zone de tourbières tropicales la plus grande au monde.
La République du Congo et la RDC sont toutes deux en voie d’organiser des concessions pour l’agricultures, l’extraction de pétrole et de gaz et l’exploitation forestière. L’exploitation non réglementée des tourbières pourrait être préjudiciable à l’environnement et au climat dans la mesures où les émissions de carbone qui y sont stockées depuis des millénaires pourrait en être libérées.
« Les tourbières se sont développées sur plus de 10 000 années mais elles peuvent être détruites en l’espace de quelques jours si l’utilisation des sols n’est pas conforme à la nature des tourbières. », déclare Tim Christophersen, chef du service de l’eau douce, des terres et du climat à ONU Environnement.
La déclaration a été signée à la suite de la troisième réunion des partenaires de L’initiative mondiale pour les tourbières, organisée à Brazzaville, dans la République du Congo, du 21 au 23 mars 2018. La réunion a été ouverte par Clément Mouamba, le premier ministre de la République du Congo et par Erik Solheim.
La réunion a donné lieu a une collaboration appuyée entre l’Indonésie et les pays du bassin du Congo. L’Indonésie, le pays du monde ayant le plus d’expérience dans les questions de gestion des tourbières, s’est montré un partenaire de choix pour une Coopération Sud-Sud pour le développement.
« L’Indonésie possède une expérience de longue date dans la gestion des tourbières tropicales, à la fois négative et positive. Nous sommes enthousiastes à l’idée partager nos expériences avec les pays du bassin du Congo ainsi que d’autres pays par le biais de la coopération Sud-Sud », affirme Siti Nurbaya, la ministre de l’environnement de la République d’Indonésie. « Le principe le plus importants de la gestion des tourbières est de s’assurer qu’elles demeurent humides. »
« Détruire les tourbières consisterait en une grave insulte envers l’accord de Paris et le climat. Il nous faut trouver des alternatives durables, les pratiques de gestion traditionnelles sont importantes », explique Arlette Soudan-Nonault, ministre de l’environnement et du tourisme de la République du Congo. « Nous prenons des mesures dès maintenant grâce à la déclaration de Brazzaville signée aujourd’hui. »
Communiqué de UN Environment (860 hits)