Les Nations Unies à travers l’Unicef combattent avec véhémence le travail des enfants. Cependant il n’est pas rare de constater que ce travail des enfants a pignon sur rue dans bien des pays ayant ratifié toutes les conventions des nations unies y relatives et le Cameroun est un cas illustratif.
S’il est vrai qu’en sillonnant les grands carrefours de nos villes tout le long de l’année, il n’est pas rare de voir de jeunes enfants se faufiler entre les voitures avec des plateaux d’arachides et autres produits de saison, le phénomène devient gênant pendant la période allant de juin à août au cours de laquelle les élèves sont en vacances. Il faut dire pour le déplorer que pendant ces trois mois, tout observateur averti ou non de la société se rend compte de la démission à la fois des parents et du gouvernement des responsabilités qui sont les leurs, car une grande proportion d’enfants se livrent à des petits commerces, et autres travaux manuels rémunérés s’exposant ainsi aux accidents, aux viols, aux grossesses précoces pour les petites filles, aux maladies de toutes sortes pour ne citer que ceux-là.
Dans toute leur innocence mêlée à l’inconscience de leur âge, ils se montrent téméraires face aux dangers multiples dont l’évaluation leur est impossible : quand on connaît la perversité du monde actuel dans lequel nous évoluons, nous nous demandons comment les personnes adultes prétendant être des parents peuvent laisser leur progéniture à la merci des rapaces sans foi ni loi, sous prétexte qu’ils sont à la «recherche de la vie » car en fait de « chercher la vie » pour ces tout petits, c’est la mort qui finit par les trouver. Alors que ce phénomène n’est point nouveau et qu’au fil des années les conséquences se multiplient de manière exponentielle, on a du mal à comprendre que les prétendus parents ne soient pas arrivés à une prise de conscience en gardant ces innocents à la maison.
En me lamentant sur la question, un ami m’a demandé si je ne voyais pas le cruel dilemme auquel ces parents faisaient face ! En laissant les enfants aller « se chercher », les parents prenaient le risque de ne plus jamais les revoir, mais en les maintenant à la maison, ils les condamnaient à « l’illettrisme » dans un monde qui va trop vite et où ne pas aller à l’école s’apparente à un suicide. Dans l’un comme dans l’autre cas, le choix était cornélien.
Mais pourquoi tout cela ?
En fait la démission de nos gouvernants est la seule explication plausible et la plus convaincante de ce phénomène. Cette situation naît de l’incapacité du gouvernement à offrir du travail décent aux citoyens. Comment comprendre que le Cameroun ait les « salaires » les plus bas de la sous-région alors qu’il fait partie des pays les plus riches du monde ? Parce que responsable de cet état de faits, le gouvernement ne peut que se montrer laxiste en restant muet face à la gravité de ce phénomène.
En toute franchise, tout en reconnaissant l’irresponsabilité de certains parents et leur démission, pour beaucoup, c’est la mort à petit feu que leur imposent des gouvernements corrompus qui n’ont aucune vision prospective pour les masses populaires.