46 ans après la mise en service de la ligne ferroviaire Belabo-Ngaoundéré le 10 décembre 1974, le tronçon long d’à peu près 384 km est dans un état de dépréciation avancée. Seuls quelques travaux de confortement de voies ou des sécurisations ont été effectués de 2008 à 2016. Selon Jacques Fansi, directeur délégué des grands projets à Camrail, la vitesse des trains voyageurs est passée de 90 à 60 km/h et pour certaines locomotives lourdes à 40 km/h. Tandis que celle des trains marchandises est passée de 70 à 40 km/h. Par ailleurs, l’analyse de l’évolution du trafic des marchandises sur la ligne Douala-Ngaoundéré entre 2012 et 2018 révèle que la contribution de la section Belabo-Ngaoundéré a sensiblement diminué, passant de 71% en 2012 à 43% en 2018. Ce qui contraint Camrail à prendre deux mesures importantes pour y maintenir la circulation, tout en garantissant la sécurité. La première porte sur l’augmentation des coûts de maintenance estimée à ce jour à environ 6 milliards de F. Il y a également la réduction des vitesses pour la mise en adéquation de la voie, avec comme effet induit une faible rotation des trains.
Dans un tel contexte, la remise à niveau de cette ligne s’impose. L’atelier de validation des études de faisabilité et d’avant-projet sommaire de renouvellement de cette voie ferrée tenu le 6 mars dernier à Yaoundé, vise à lui donner une seconde vie. Les études menées en 2018 et 2019 par le consultant espagnol Tecnica y Proyectos S.A (TYPSA) révèlent qu’il y a beaucoup à faire sur la ligne Belabo-Ngaoundéré. Sur le plan technique, il est question de réhabiliter la voie pour lui donner ses caractéristiques de départ. Concrètement, le directeur des transports ferroviaires au ministère des Transports, précise que le rail sera changé pour passer de 36kg au mètre linéaire à 54 kg/ml. « On va également changer les traverses actuelles qui sont en bois ou en fer en traverses en bi-bloc donc en béton. Le ballast qui soutient la voie sera aussi changé. Il y aura forcément quelques portions de la ligne qui nécessiteront un traitement particulier notamment au niveau de la plateforme. Il y a aussi les ouvrages d’art, les ponts et les ouvrages hydrauliques qu’il faudra revoir », ajoute Claude Misse Ntone.
600 000 tonnes de marchandises transportées par an
Les études réalisées préliminaires réalisées ont bénéficié d’un don de l’Union européenne de plus de 360 millions de F.CFA, via sa facilité de coopération technique. Ces études rentrent en droite ligne avec le programme « Corridor de transport multimodal Douala-Bangui/Douala-N’Djamena » dans le cadre du programme de l’Union africaine pour le développement des infrastructures en Afrique (PIDA), avec le Plan directeur pour les infrastructures routières et ferroviaires dans la zone CEMAC (2025-2035) et le Plan quinquennal N° 2 issu du Plan directeur ferroviaire national. « La remise à niveau de cette infrastructure joue un rôle clé dans les échanges de personnes et de marchandises entre le sud et les régions septentrionales du Cameroun d’une part et dans le processus d’intégration économique et commerciale régionale et d’amélioration de la compétitivité en Afrique centrale d’autre part », a indiqué Arnaud Demoor, chef de coopération et représentant du chef de la délégation de l’Union européenne à Yaoundé.
Les travaux (y compris les études détaillées et les mesures de correction des impacts environnementaux et sociaux…) vont durer cinq ans, soit de 2020 à 2024, pour un coût total de 204,8 millions d’euros, soit environ 134,3 milliards de F.CFA. 58 milliards de F sont déjà en cours de mobilisation, dont un don de 15 milliards de F de l’Union européenne et un montant de 43 milliards de F de la Banque européenne d’investissement. D’après TYPSA, le trafic de marchandises par rail sur le tronçon Belabo-Ngaoundéré atteint environ 600 000 tonnes par an et le trafic passager par rail gère environ 600 000 voyageurs par an.