D’ici la mi-2021 la Deutsche Bank devrait décaisser la deuxième tranche d’un prêt de 25 millions de dollars USD à Halcyon Agri, géant du caoutchouc basé à Singapour. L’opération, d’après Greenpeace, passe outre le bilan de la banque en matière de violation des droits humains, sa non-transparence, et constitue une contribution à l’un des pires cas de déforestation dans l’histoire récente de l’Afrique. Le communiqué de presse de l’Ong environnementale datée du 15 avril 2021 précise que c’est la deuxième fois en douze mois que la Deutsche Bank est sur le point de violer son propre cadre de politique environnementale et sociale. Selon Christoph Thies, chargé de campagne forêts et climat chez Greenpeace Allemagne, « La Deutsche Bank doit annuler immédiatement son prêt toxique. Si le but ambitieux de dépenser 200 milliards d'euros sur la durabilité avant 2025 signifie le financement d’abus de droits humains et le saccage des forêts, l’Allemagne et l’Union européenne doivent y répondre avec une réglementation plus stricte ».
Le communiqué ajoute qu’en juillet 2020, les responsables de la Deutsche Bank ont déclaré avoir accordé « un nouveau prêt innovant » de 25 millions de dollars USD à Halcyon Agri, par le biais de sa filiale Corrie MacColl Limited, afin de financer des investissements dans ses plantations au Cameroun et en Malaisie. La banque présente cette transaction comme étant « un nouveau standard pour l’industrie du caoutchouc ». Greenpeace ajoute que le même mois, la banque a promis de ne pas « financer en connaissance de cause […] les activités dans ou limitrophe d’un site du patrimoine mondial ». Mais, poursuit l’Ong, « les images satellites montrent qu’entre 2011 et 2018, la filiale de Halcyon, Sud-Cameroun Hévéa (Sudcam Hévéa), a détruit plus de 10 000 hectares de forêt tropicale à moins d’un kilomètre de la Réserve de faune du Dja, site du patrimoine mondial de l’UNESCO ». Cette déforestation aurait entraîné le déplacement des populations autochtones Baka, fait savoir le communiqué.
Lors d’une audience accordée le 17 février 2021 par le ministre camerounais de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales (MINEPIA), Dr Taïga, au directeur de Sudcam Hervé Francis, l’entreprise a signifié son intention d’étendre ses activités dans le domaine de l’élevage, du porc notamment. « Nous avons actuellement 300 hectares et nous comptons nous étendre sur 27 000 dans dix ans », a déclaré Hervé Francis. L’objectif est, selon le MINEPIA, de développer l’activité de l’élevage du porc et bien d’autres spéculations au sein des populations riveraines afin d’assurer la sécurité alimentaire au Cameroun et mettre en place une chaîne des valeurs élevage.
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