Pour préserver de manière durable la biodiversité du bassin du Congo, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) vient de développer et mettre en place l’Initiative de la Francophonie pour le bassin du Congo (IFBC). Selon l’OIF, l’objectif de l’initiative est de contribuer à la conservation du bassin du Congo, à travers la gestion durable des ressources énergétiques et environnementales de ses écosystèmes. De manière concrète, il est question de répondre aux attentes des 10 pays francophones du bassin du Congo [Burundi, Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, RDC, Rwanda, Sao-Tomé-et-Principe et Tchad] dans le cadre régional de la commission Climat du bassin du Congo et de son instrument financier, le Fonds bleu du bassin du Congo. La Francophonie entend ainsi jouer un rôle majeur dans la mobilisation de la solidarité internationale en général et francophone en particulier au profit de toutes les catégories d’acteurs (les jeunes et femmes notamment).
Afin de donner corps à ce « projet phare, structurant et transversal à toutes les actions de la Francophonie » tel que présenté par le représentant de l’OIF pour l’Afrique centrale, Fademba Madakome Waguena, un atelier de concertation des parties prenantes sur les enjeux et défis du bassin du Congo s’est tenu à Yaoundé (Cameroun) du 24 au 26 novembre 2021. L’ambition est d’amorcer la co-construction de l’initiative en vue d’aboutir à un dossier de mobilisation des ressources optimales pour sa mise en œuvre effective. Cela passe par l’identification des principales niches de positionnement à haute valeur ajoutée pour la Francophonie par rapport aux actions et initiatives en cours dans le bassin. Il est également question des projets de terrain à impact rapide en faveur des jeunes et des femmes pour renforcer l’initiative, tout en s’assurant que les autres actions intègrent la perspective égalité hommes-femmes. Un premier dialogue des parties prenantes a été organisé le 8 octobre par visioconférence.
10% de la biodiversité mondiale à préserver
« L’objectif de l’initiative n’est nullement de dupliquer les initiatives existantes, ni de se substituer aux acteurs de terrain sur les priorités qu’ils ont identifié et sur lesquelles ils travaillent si bien. Le principe de la subsidiarité est au contraire au centre de son approche stratégique, afin de positionner la Francophonie sur les niches où elle pourrait apporter une haute valeur ajoutée », indique M. Fademba Madakome Waguena. En outre, la solidarité mobilisée permettra d’accompagner la Commission climat du bassin du Congo à mettre en œuvre son plan d’investissement climat qui est estimé à 10 milliards de dollars, soit plus de 5831 milliards de F.CFA, sur une période de dix ans, de l’avis du directeur par intérim de l’IFDD, Tounao Kiri.
La société civile est également mise à contribution, dans un contexte où l’une des faiblesses des pays du bassin du Congo est la capacité de mobilisation de ressources financières. « Aujourd’hui, on nous parle de 100 milliards de F.CFA dans le cadre climatique, mais nous ne pouvons pas les mobiliser. L’expertise de la Francophonie va permettre de combler cette lacune. Cette initiative arrive à point nommé au moment où la CEEAC a mis en place des agences d’exécution », confie le président du Réseau des organisations de la société civile pour l’économie verte en Afrique centrale (Rosevac), Nicaise Moulombi. Faut-il rappeler que l’intervention de la Francophonie fait suite à la visite de sa secrétaire générale, Louise Muskikiwabo, au Congo du 24 au 27 octobre 2020. Visite au cours de laquelle le président congolais, Denis Sassou Nguesso, lui a demandé d’être « la marraine » de la commission Climat du bassin du Congo en général et du Fonds bleu pour le bassin du Congo en particulier.
Etant donné que la dividende démographique dans le bassin du Congo (qui verra sa population passer à plus de 400 millions d’âmes en 2050 selon les sources officielles), va aggraver et accentuer la pression sur sa biodiversité endémique, l’entrée en scène de la Francophonie vient à point nommé. Avec ses 1,56 millions de km² de forêt tropicale, le bassin du Congo est la deuxième réserve mondiale de séquestration de carbone. Il détient 10% de la biodiversité mondiale et compte 30% de réserves africaines d’eau douce ainsi que 34% de réserves mondiales de minerais précieux, comme l’or, l’uranium, le cobalt et le cuivre. A l’heure actuelle, la mise à nu probable de ses 30 milliards de tonnes de tourbières découvertes en 2017 remettrait en cause tous les engagements de l’Accord de Paris sur le climat.