Pendant plus de 10 ans, le Centre de recherche forestière internationale (CIFOR) a travaillé avec les scieurs artisanaux et détenteurs des dépôts de bois dans la collecte des données, pour comprendre les difficultés à mettre le bois légal sur le marché domestique du Cameroun. Ce d’autant plus qu’on a longtemps éprouvé des difficultés à avoir le bois légal sur le marché national. L’une des contraintes rencontrées est la difficulté des scieurs artisanaux à accéder aux grandes concessions comme les ventes de coupe, faute de moyens pour faire des offres considérables afin de gagner par appels d’offres, une vente de coupe ou d’investir pour les plans simples de gestion pour les forêts communautaires. Il fallait donc trouver un autre mécanisme pour faciliter les coupes de bois légal dans le domaine national.
Avec le plaidoyer du CIFOR ainsi que des artisans et des commerçants de bois dans les différents dépôts de Bertoua, Yaoundé et Douala, le système de permis d’exploitation du bois d’œuvre (PEBO) a été mis en place. « Il est centralisé, mais il faut faire la demande à partir des services départementaux des Forêts. Une fois qu’elle est validée, vous pouvez couper le bois et le transporter afin de le commercialiser. A terme, il est possible d’intégrer le bois issu du marché intérieur dans la commande publique, à condition que les conditions de traçabilité et de production des documents sur la légalité soient respectées », fait observer le directeur de l’initiative Open Timber Portal pour le Bassin du Congo à World Resources Institute Africa, Dr. Achille Djeagou Tchoffo.
Des efforts entrepris pour encourager l’utilisation du bois d’origine Cameroun dans la commande publique
Au ministère camerounais des Forêts et de la Faune (MNFOF), les sources internes indiquent que la plateforme permet aux opérateurs de saisir en direct les espèces et les volumes de sciage légaux disponibles et les spécifications techniques et commerciales. La démarche s’inscrit dans le cadre de la mise en place d’un marché intérieur du bois virtuel, à travers lequel les opérateurs peuvent accéder aux stocks disponibles. Le processus engagé permet en outre d’aider le marché intérieur à contribuer à l’économie nationale et à sécuriser l’exploitation artisanale en zone rurale, à en croire Liboum Mbonayem, chercheur au CIFOR.
Les analyses du CIFOR faisaient ressortir que les meubles que l’on retrouvait dans les bureaux étaient plutôt importés. Pourtant, le Cameroun est un pays forestier. Certaines dispositions ont été prises pour demander que ceux qui fournissent le bois pour satisfaire la demande publique soient capables de fournir 30% de bois issu des zones traçables et détenteurs des permis de bois d’œuvre. Il y a d’autres permis de récupération des rebuts ou des coursons abandonnés par les opérateurs dans les UFA, pour fabriquer des meubles légaux.
860 000 mètres cubes de sciage produits chaque année
L’une des retombées de ce plaidoyer mené par le CIFOR, estime Dr. Djeagou, est la réorganisation du marché du bois, étant donné que la question du marché domestique est devenue une préoccupation majeure au sein du ministère camerounais des Forêts et de la Faune (MNFOF). Le fait qu’il y ait toute une équipe dédiée exclusivement au marché intérieur du bois au sein de ce département ministériel est la preuve que les lignes sont en train de bouger.
Selon le CIFOR, près de 860 000 mètres cubes de sciage sont produits chaque année, ce depuis plus d’une décennie, pour répondre à la demande intérieure. Tandis qu’un rapport produit par l’organisation en 2016 dans les villes de Yaoundé et Douala révèle que « les produits en bois supposément d’origine légale ne représentent qu’entre 12% et 18% du volume vendu ».