La"fonction environnement"dans les entreprises d'électricité.
Séminaire international
Du 3 au 10 septembre 2007, a eu lieu à Lomé (Togo), un séminaire international sur la « fonction environnement » dans les entreprises d'électricité.
Contexte
Les initiateurs du séminaire ont pris conscience de la nécessité de cette action « face à la préoccupation grandissante et à la sensibilité accrue de la population vis-à-vis des questions environnementales », mais surtout à l'évolution des mentalités des « différents acteurs économiques et sociaux qui s'accordent sur le fait que le rôle et la finalité de l'entreprise vont au-delà de la rentabilité financière pour recouvrir des fonctions sociales plus larges. « Il en résulte que les entreprises, en se dotant de codes de conduite et de programmes volontaires de citoyenneté corporative devront également faire évoluer leur cadre réglementaire et institutionnel pour prendre en compte une structure formelle assurant la veille sur les préoccupations environnementales ».
L'objectif principal de la formation était donc de « sensibiliser les différents acteurs pour une meilleure prise en compte des enjeux environnementaux associés aux activités des entreprises électriques en s'appuyant sur l'expérience de différentes organisations ».
YIL Agence-Afrique a pris part au séminaire.
Des interventions pratiques et complémentaires
Ce séminaire a été co-organisé par l'Institut de l'Energie et de l'Environnement de la Francophonie (IEPF), le Secrétariat International Francophone pour l'Evaluation Environnementale (SIFEE), Hydro-Quebec et le CRC- SOGEMA, en collaboration avec la Communauté Electrique du Bénin(CEB) et le Ministère de l'Environnement et des Ressources Forestières du Togo. Il a regroupé près d'une cinquantaine de participants venus de 10 pays de la sous-région, représentant les différents acteurs des secteurs d'énergie et de l'environnement.
Dans sa déclaration d'ouverture, peu après les mots d'accueils du Directeur de l'Environnement Monsieur DJERI-ALASSANI Kossivi Bougonou ; des représentants, du SIFEE, Monsieur Karim SAMOURA ; de la CEB, Monsieur Houessou Sotelle ; de l'IEPF, Monsieur Sory Ibrahima A. DIABATE ; et en présence de la représentante du Bureau Régional de l'Afrique de l'Ouest de l'OIF à Lomé, Madame Vicky DOGAN, le Ministre de l'Environnement et des Ressources Forestières du Togo, Son Excellence Monsieur Issifou Okoulou-Kantchati, a précisé que le rôle de l'environnement dans le développement économique, social et culturel d'un pays n'est plus à démontrer. Il a souligné que même en période de crise, l'environnement ne doit pas être sacrifié au profit de la satisfaction des besoins primaires.
Les travaux ont notamment porté sur :
La définition de l'environnement et le développement durable, présenté par M. Yves LALANDE de CRC - SOGEMA ;
Les enjeux environnementaux dans les entreprisesélectriques. Les grandes préoccupations associées aux équipements de production et de transport, présenté par M. Jean HERBERT ;
L'évaluation environnementale stratégique des politiques, programme et plan, présenté par M. Karim SAMOURA du SIFEE ;
L'évaluation environnementale de projet, surveillance et suivi, présenté par M. Jean HERBERT ;
Le système de gestion environnementale et audit, présenté par M. Yves LALANDE ;
La procédure de création d'une « fonction environnement » au sein d'une entreprise : diagnostic et démarche à suivre, présenté par M. Jean HERBERT ;
La gestion des ressources humaines, des budgets et de l'information, présenté par M. Yves LALANDE ;
La création de la « fonction environnement » : cas de la Sénelec et de la SONABEL, présenté conjointement par MM. SANOKHO du Sénégal et COMPAORE Sibiri du Burkina Faso ;
Les relations internes. Equipes de projet etéquipes Environnement dans une compagnie d'électricité, présenté par M. Jean HERBERT ;
Les relations entre la fonction environnement et les consultants, présenté par M. Yves LALANDE ;
Les relations entre la compagnie d'électricité et la population, présenté conjointement par MM. Jean HERBERT et Karim SAMOURA du SIFEE ;
Le défi d'une gestion concertée de l'environnement dans les entreprises, présenté par M. SORY IBRAHIMA A. Diabaté.
Les présentations ont permis de mieux cerner la définition de l'évaluation environnementale de projet, la surveillance, le suivi, le système de gestion environnementale et l'audit environnemental.
La Communauté Electrique du Bénin (CEB), a présenté son expérience sur la création de la « fonction environnement » suivi d'une visite de l'une de ses installations, notamment la turbine à gaz de Lomé (TAG de Lomé). Des amendements et intégration des critiques ont été apportés aux termes de référence sur l'audit de la turbine à gaz de Lomé.
Desétudes de cas de l'Hydro Québec et de l'ONEP (Maroc), ont été présentées conjointement par MM. Jean HERBERT et Yves LALANDE, suivies de la Compagnie Energie Electrique du Togo (la CEET), et de la Société Béninoise d'Electricité du Bénin (SBE).
La présentation de M. Jean HERBERT sur « la relation interne, l'équipe de projet et équipe environnement », a mis l'accent sur la composition de l'unité chargée de l'application du management environnemental, qui doit relever de trois niveaux d'expertise : sciences humaines, sciences de gestion et biophysiques.
Des disproportions
Une remarque générale s'est imposée, à l'issue des présentations des formateurs et des exposés portant sur les expériences de sociétés d'électricité des différents pays participants : les écarts sont trop prononcés entre l'attentisme des uns, l'avancée notoire des autres, et les précarités de laplupart. Il apparaît en effet, que la Sénelec du Sénégal et la SONABEL du Burkina Faso sont très avancées dans la mise en place de la « fonction environnement » tandis que la Compagnie Energie Electrique du Togo (CEET), et la Société Béninoise d'Electricité (SBE), n'ont pas encore véritablement mis en place un service qui prenne en compte cette démarche.
La rencontre aura permis de démontrer de la nécessité, voire de l'urgence de créer une unité de gestion du management environnemental. Des entreprises sont à une étape intermédiaire, telles que l'EDG de la Guinée, la CEB du Togo et du Bénin qui ont un embryon de « fonction environnement », et vont pouvoir s'inspirer des expériences des autres pays en vue d'améliorer leur démarche pour mettre en place cet « outil d'accroissement de la responsabilité environnementale de l'entreprise ».
Les attentes exprimées par les différents participants au début des travaux peuvent illustrer les disparités constatées :
1.La gestion des préoccupations environnementales (électricité, eau) ;
2.La sensibilisation de l'hiérarchie à la nécessité de créer une « fonction environnement » au sein de l'entreprise ;
3.La démarche pour intégrer un système de gestion de l'environnement dans nos entreprises ;
4.Le partage avec les confrères, consoeurs qui vivent les mêmes réalités que nous ;
5.Le développement des partenariats ;
6.Le garanti de la pérennité de la « fonction environnement » ;
7.Le profil type du coordonnateur de l'environnement au sein d'une entreprise ;
8.La responsabilité sociale des entreprises ;
9.La documentation et le traitement des plaintes ;
10.La reproductibilité de la démarche de création de « fonction environnement » dans les projets ;
11.La normalisation existante au regard de la pollution, de la gestion du risque, etc ;
12.Le lien pauvreté / production d'énergie ;
13.La gestion environnementale de l'après projet.
Des recommandations
Les experts, convaincus que la création d'une « fonction environnement » dans une société en général, et surtout dans une société d'électricité, était vitale pour la société et pour la population entière, ont émis le voeu de voir organiser de tels séminaires élargis au secteur minier et à toutes les administrations publiques, ainsi qu'à toutes les entreprises quel que soit leur objet.
Les experts ont, de ce fait, recommandé aux ministres chargés de l'énergie et de l'environnement ou à leurs représentants, à travailler en synergie de façon à exhorter les entreprises à créer et à développer la « fonction environnement » en leur sein.
Les organisateurs ont quantà eux émis le souhait que les enseignements acquis lors du séminaire, soient mis en pratique.
M'ba DJASSAH
YIL Agence-Afrique.
Partagez
Donnez votre avis