En renonçant à appliquer plus de 47 000 litres
de pesticides toxiques, les agriculteurs ont économisé près d'un
demi-million de dollars au cours de la période à l'étude.
La
formation des agriculteurs aux techniques alternatives de lutte contre
les ravageurs s'est avérée trois fois plus rentable qu'acheter et
utiliser des pesticides de synthèse, selon l'analyse de la FAO. Plus de
20 000 cultivateurs de coton ont participé aux écoles de terrain au
Mali.
"Nous devons tirer parti de l'expérience des agriculteurs. Une
formation de terrain centrée sur les agriculteurs peut - et doit
- jouer un rôle clé pour renforcer l'agriculture dans une optique plus
durable", a déclaré le Directeur général de la FAO José Graziano da
Silva. "Au bout du compte, l'intensification durable sera le fruit de
l'action collective de millions de petits agriculteurs qui, par leurs
décisions quotidiennes, déterminent la trajectoire des écosystèmes
agricoles dans le monde entier".
Une culture essentielle
Le coton est une culture à forte valeur ajoutée cultivée par 4 millions
d'agriculteurs. C'est le principal moteur de développement économique
du Mali, représentant 8-9 pour cent du PIB et assurant jusqu'à 75 pour
cent des recettes d'exportation du pays.
Le recours aux
pesticides pour le coton au Mali a doublé entre 1995 et 2001, mais les
rendements ont néanmoins fléchi à cause d'une résistance accrue des
ravageurs.
De nouveaux outils pour la surveillance des risques
Deux études issues du même projet de la FAO, également publiées
aujourd'hui par la Royal Society, ont été rédigées par des scientifiques
de l'Université de l'Oregon (Etats-Unis) en collaboration avec des
chercheurs d'Afrique de l'Ouest et de diverses institutions, dont la
FAO. Elles présentent tous les risques liés à l'utilisation des
pesticides en Afrique de l'Ouest et pesant sur la santé de l'homme et
sur l'environnement.
L'une de ces études,
menée au sein de 19 communautés différentes de cinq pays d'Afrique de
l'Ouest, s'est basée sur des modèles de pointe pour l'évaluation des
risques et présente la première analyse détaillée des risques liés aux
pesticides dans la région. Les résultats montrent plusieurs pesticides
spécifiques qui constituent de graves menaces diffuses pour la santé
humaine et la faune sauvage terrestre et aquatique dans toute la région.
L'étude a également constaté que les ouvriers agricoles et leurs
familles, y compris les enfants, sont moins exposés dans les champs aux
fortes concentrations de pesticides toxiques, comme le méthamidophos et
le diméthoate. D'une façon générale, les agriculteurs d'Afrique de
l'Ouest n'ont guère connaissance des vêtements de protection réduisant
l'exposition aux pesticides, et les signalements de maladies,
d'hospitalisation, voire de décès liés aux produits chimiques chez les
travailleurs agricoles sont loin d'être rares.
L'auteur
principal de l'étude, Paul Jepson, du Centre intégré de protection des
plantes à l'Université de l'Oregon, a déclaré: "Nous avons été choqués
de constater une utilisation si répandue de pesticides organophosphorés
hautement toxiques, mais notre analyse et quantification de leur
diffusion serviront de base à des mesures indispensables de la part des
décideurs, des chercheurs et des éducateurs".
Les auteurs
suggèrent une approche de gestion des risques de pesticides sur trois
fronts, à savoir: des systèmes de suivi pour un processus décisionnel à
fondement scientifique, des systèmes réglementaires fonctionnels et des
programmes efficaces d'éducation des agriculteurs.
La troisième étude
du projet de la FAO relate la première utilisation dans la région de
dispositifs d'échantillonnage passif (PSD) mis au point par l'Université
de l'Oregon. Il s'agit d'outils technologiquement simples qui piègent
et concentrent une grande diversité de pesticides et autres produits
chimiques trouvés dans l'environnement. Cet outil représente un progrès
majeur en matière de suivi de la pollution dans les zones reculées des
régions moins développées.
Des échantillons PSD ont été
déployés puis analysés en simultané dans les laboratoires d'Afrique et
des Etats-Unis comme preuve de ce concept qui ouvre la voie à des
analyses généralisées des pesticides dans les eaux de surface d'Afrique
de l'Ouest.
Les trois documents parus aujourd'hui dans la
revue de la Royal Society ont été co-financés par un projet régional
associant six pays, financé par le Fonds pour l'environnement mondial
(FEM) par le biais du Programme des Nations Unies pour l'environnement
(PNUE) et exécuté par la FAO, Reducing Dependence on Persistent
Organic Pollutants and other Agro-Chemicals in the Senegal and Niger
River Basins through Integrated Production, Pest and Pollution
Management.
Selon William Settle, le coordonnateur du
projet de la FAO au Mali, "cet effort a facilité un partenariat entre
les scientifiques du monde entier et leurs homologues d'Afrique de
l'Ouest; les résultats sont saisissants et ont le potentiel de faire
évoluer les discours sur les risques liés aux pesticides et la gestion
durable des cultures dans cette région écologiquement fragile".
La FAO mène à bien ses travaux sur la gestion des pesticides en Afrique
de l'Ouest dans le cadre de partenariats étroits avec les gouvernements
de la région, ainsi qu'avec des organisations telles que le Laboratoire
CERES-Locustox et ENDA-Pronat au Sénégal, et le Centre de protection
intégrée des plantes de l'Université de l'Oregon (Etats-Unis).
Le programme de la FAO a été financé par l'Union européenne, le Gouvernement des Pays-Bas et un don du FEM/PNUE.
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