Selon une étude publiée en mars 2014, dans le journal de l’INRA et Springer-Verlag France, les petits exploitants recourent de plus en plus à des méthodes anarchiques dans la lutte antiparasitaire et opèrent en l'absence d'une régulation adéquate.
Après une revue de l'utilisation et de la gestion des pesticides au cours des trente dernières années, les chercheurs ont constaté une forte augmentation de l'utilisation d'agents chimiques pour réduire les bio-agresseurs sur toutes les cultures en Afrique sub-saharienne.
l'étude a été conduite par des chercheurs de l’Institut International d’Agriculture tropicale (IITA), du Centre du riz pour l’Afrique (AfricaRice), du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), du programme régional africain sur la science des insectes pour l'alimentation et la Santé (African Insect Science for Food and Health (Icipe) et de la Faculté des sciences agronomiques de l’Université d’Abomey-Calavi, au Bénin.
L’analyse des chercheurs a porté exclusivement sur certaines productions africaines de fruits, telles que les agrumes (18 millions de tonnes), les mangues (4,8 millions de tonnes) et les dattes (3,1 millions de tonnes) et n’a pas tenu compte des cultures de fruits à échelle industrielle, comme les bananes et l'ananas.
Les chercheurs ont montré que la mauvaise gestion des pesticides entraîne le plus souvent une contamination de l’environnement par des produits toxiques et de graves problèmes de santé humaine comme la résistance des moustiques, ce qui "met en péril les stratégies de lutte antivectorielle".
Selon Jean-François Vayssières, biologiste et entomologiste, responsable du Projet régional de lutte contre les mouches des fruits (WAFFI) à IITA-Bénin, la gestion des pesticides très nuisibles pour les produits consommables et l’environnement n’est pas maîtrisée par les petits agriculteurs.
En Afrique subsaharienne, les pesticides sont utilisés dans la production de plusieurs cultures vivrières, maraîchères et fruitières (légumes, fruits, tomate, choux, maïs) et d’exportation (coton, riz, café, cacao). Pour ce qui est du coton, au-delà de la nocivité des pesticides pour les sols et la santé humaine, leur usage cause un véritable désastre sur la biodiversité.
En effet, dans un pays comme le Burkina Faso, classé parmi les premiers producteurs de coton en Afrique de l’ouest, l’équilibre de l’écosystème est mis à rude épreuve par l’usage abusif des pesticides. La face visible du désastre est celle ressentie par les apiculteurs qui peinent de plus en plus à produire du miel à l’ouest du pays consécutivement aux dégâts causés par les insecticides. Cela s’ajoute à l’infertilité des sols avec la réduction drastique des agents naturels d’aération des sols que sont les vers de terre.
Il est impérieux qu’une autre étude s’intéresse à cette dimension ou du moins à cette face cachée de la production agricole dans cette partie de l’Afrique.
L'utilisation des pesticides, un risque pour l'environnement (593 hits)