Il est un truisme de dire que l’école burkinabé est le fruit de l’héritage colonial. Depuis son indépendance politique en 1960, notre pays a connu plusieurs réformes de son système éducatif opérées en fonction des options politiques et stratégiques définies par les dirigeants des différents régimes qui se sont succédé.
Au lendemain des indépendances, le Burkina Faso engage en 1962 un nouveau processus de construction d’une école ancrée sur les réalités historiques, géographiques et culturelles du pays. Mais le document final de cette forme fut jugé insuffisant parce que superficiel.
En 1967, une réforme visant la ruralisation de l’école pour un pays essentiellement rural et agricole est engagée. L’objectif de cette réforme était de scolariser un nombre important de jeunes ruraux de moins de vingt ans, en accordant une place importante au travail manuel et agricole. Elle devait, d’une part, permettre le triplement du taux de scolarisation par le recrutement des jeunes de 12 à 15ans, d’autre part accroître la productivité agricole par l’apport de connaissances et techniques culturales nouvelles aux élèves. A l’évaluation de cette réforme en 1970, les résultats furent jugés insuffisants, ce qui a conduit à son abandon.
En 1974, se basant sur l’optique de développement communautaire, l’école burkinabé fait face à un autre projet de réforme avec le triple objectif de démocratiser le savoir, lier l’acte d’apprendre à celui de produire, et revaloriser le patrimoine culturel avec l’introduction des langues nationales.
Mais en 1984, le vent de la révolution à travers le Conseil National de la Révolution (CNR) balaya la réforme sans qu’elle ne puisse faire l’objet d’une évaluation d’ensemble.
Fustigeant « L’école néocoloniale », une nouvelle école « l’école révolutionnaire » cette fois-ci qui devait déboucher sur la transformation de l’école en instrument au service de la révolution est alors proposée par le Conseil National de la Révolution. Mais cette réforme n’a pu voir le jour compte tenu de son coût jugé très élevé.
Depuis 1991, la politique générale du secteur de l’éducation s’inscrit globalement dans le dynamique de la lettre d’intention de politique de développement humain durable du gouvernement qui accorde une priorité à l’éducation de base. Cette politique, qui se traduit par la mise en place progressive de plans décennaux de l’éducation de base et de l’enseignement post primaire, vise à assurer le développement quantitatif de l’offre éducative à tous les niveaux ; améliorer la qualité et la pertinence du système éducatif ; développer la cohérence et l’intégrité entre les différents niveaux du secteur, singulièrement entre les secteurs formel et non formel.
Un certain nombre d’innovations ont été entreprises en vue du développement tant quantitatif que qualitatif du système éducatif. Il s’agit notamment des classes à double flux, débutées en 1992-93, des classes multigrades, des écoles satellites, dont l’expérimentation a débuté à la rentrée scolaire 1996-97 avec 30 écoles.
Ainsi, dans la recherche des solutions appropriées pour l’atteinte de l’éducation universelle, les autorités politiques burkinabé ont élaborées en 1999, en concertation avec les partenaires de l’éducation, un Plan Décennal de Développement de l’enseignement de Base (PDDEB) pour la période 2001-2010 avec pour objectif d’atteindre un taux brut de scolarisation de 70% et d’alphabétisation de 40% en 2010.
De l’évaluation, il ressort que de nombreux acquis ont été engrangés et des résultats appréciables sont enregistrés. A titre d’exemple, le PDDEB a permis au bout de dix (10) ans d’exécution d’atteindre 77% de taux de scolarisation au Burkina Faso.
Un nouvel instrument de planification de l’éducation de base appelé « Programme de développement stratégique de l’éducation de base » (PDEDEB) qui couvre la période de 2012 à 2021 va assurer la continuité pour l’atteinte d’une scolarisation universelle d’ici à 2021.
La loi d’orientation de 2007 fait suite à celle de 1996 et stipule que l’éducation est une priorité nationale, elle est gratuite et obligatoire pour tous les enfants de 6 à 16ans. Aucun enfant ne doit être exclu du système avant 16ans révolus. L’enseignement privé est reconnu et fonctionne dans le cadre d’une règlementation. Les langues d’enseignement sont le français et les langues nationales dans le cadre des écoles bilingues. D’autres langues sont utilisées comme disciplines d’enseignement. En juillet 2013, le décret portant transfert du préscolaire et du post primaire au MENA a été adopté. Après plus de deux années de sa mise en œuvre, le continuum demeure l’un des principaux enjeux de la mise en œuvre de la réforme du système éducatif. L’état des lieux du transfert indique certes, qu’un pas significatif a déjà été franchi mais, les défis à relever demeurent importants surtout dans le domaine de la réalisation des infrastructures et de la réforme curriculaire. Pour ce faire, des mutations institutionnelles ont été opérées en vue de prendre en compte les principales implications induites par ce transfert.