Chaque année, à l'approche du mois de mai, les agriculteurs de Dalo au Burkina Faso regardent le ciel et retiennent leur souffle, se demandant si les pluies viendront. Les températures dans cette région proche du désert du Sahara peuvent atteindre jusqu'à 45 degrés et les sécheresses de plus en plus fréquentes détruisent les récoltes, forçant les familles à acheter de la nourriture pour survivre.
Les femmes sont les plus touchées, le souci de subvenir aux besoins alimentaires du ménage leur revenant traditionnellement. « Nous avons besoin de bois pour faire la cuisine, et cela devient de plus en plus difficile d’en trouver, nous devons marcher toujours plus loin », dit Selemou Seni, présidente d’une coopérative féminine de 30 membres à Dalo. « Certaines des feuilles, fleurs ou racines que nous mangions ou utilisions pour la médecine traditionnelle sont devenues rares ou ont même disparu. Ç'est un vrai problème parce que les gens ici sont pauvres, et que nous comptons sur les médicaments traditionnels pour traiter les malades ».
Par ailleurs, les femmes n’ont que rarement accès aux terres dans une région ou l’agriculture se trouve être la première source de subsistance et la principale ressource économique et commerciale. Si elles souhaitent cultiver leur propre champ, elles doivent emprunter de l'argent et louer des terrains aux propriétaires. Elles n’ont aussi que peu de moyens financiers, ce qui accentue la précarité de leur situation face aux changements climatiques.
Petits projets, grands succès
Avec le Programme de Partenariat pour la Gestion Durable des terres, cet état de fait évolue positivement. Les associations de femmes bénéficient du soutien du PNUD et du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) qui finance des initiatives pour introduire de nouvelles techniques agricoles, aider les agriculteurs a mieux utiliser les ressources en eau, et à diversifier leurs revenus.
« Nous produisons du riz sur un site qui était improductif auparavant. Nous favorisons d’autres techniques de cultures et privilégions l’usage de produits organiques fertilisants de bonne qualité, » explique Zenabou Kanyili, membre de la coopérative. « Cela veut dire que nous dépensons moins d’argent pour acheter de la nourriture et avec le surplus, nous pouvons mettre un peu d’argent de côté ». Le projet a également aidé la coopérative à accéder à un statut juridique. « Nous avons mis en place un fonds de roulement de plus de 150.000 francs CFA (300 dollars) qui nous servira à financer de futures activités, » dit Suzanne Zio, la trésorière de l' association.
Avec leurs nouvelles connaissances et compétences, les femmes de la coopérative sont mieux préparées à subvenir aux besoins alimentaires, sanitaires et éducatifs de leurs familles. Leur statut au sein de leur communauté est valorisé, et elles sont à même de gérer les terres dont elles dépendent. Comme l’explique Zenabou%u202F: « Avant, nous étions un groupe de ‘‘femmes de villages’’, mais maintenant, nous sommes une coopérative sociale travaillant au développement, le nôtre et celui de notre communauté. De nombreuses opportunités s’ouvrent désormais à nous ».
Poursuivre le travail accompli
La production de riz pluviale a presque doublée grâce à l’utilisation de berges en pierre et des bancs de terres surélevés qui retiennent le ruissellement des pluies. Pendant la saison sèche, plutôt que d’abandonner ces champs pour d’autres cultures, les femmes parviennent à produire de grandes quantités de légumes ensuite vendus au marché.
Depuis l’adoption de ces méthodes durables pour la gestion des terres, la productivité est équilibrée tout au long de l’année, permettant aux femmes de s’occuper de leurs familles et améliorer leurs conditions de vie.
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