Au Sénégal, l’appui à la structuration des exploitations familiales d’élevage se fait de diverses façons. Des cours d’alphabétisation, des actions de prévention et de gestion des risques climatiques, une diversification des activités économiques peuvent par exemple améliorer les moyens d’existence des familles sur du plus long terme. Passage en revue de quelques-unes de ces initiatives, à travers les témoignages des principales concernées…
Les laiteries sénégalaises ne parviennent pas à obtenir suffisamment de lait pour approvisionner les marchés local et national. Pour répondre à cette problématique, le Gret a mis en œuvre de 2012 à 2015, dans le département de Dagana au Sénégal, le projet Asstel pour appuyer le développement de l’élevage et la structuration de la filière laitière, afin d’améliorer la sécurité alimentaire des éleveurs du département en augmentant leurs revenus issus de la vente du lait. Cette première phase a permis plus précisément d’améliorer la productivité des systèmes (conseil à l’exploitation familiale, contrôle laitier, formation et diffusion d’innovations, accès à des fourrages et aliments concentrés), et de mieux valoriser le lait issu des exploitations familiales dans les circuits de collecte de la Laiterie du Berger.
La seconde phase de ce projet d’accès aux services et structuration des exploitations familiales d’élevage (Asstel 2)*, démarrée en 2016, a pour ambition d’inscrire durablement les changements initiés au niveau des pratiques de production, de la structuration des services et de la concertation multi-acteurs. Cette seconde phase prend aussi en compte l’amélioration des revenus de la viande, des demandes d’alphabétisation et de diversification des activités économiques des femmes et des jeunes, et fournit un appui à la prévention et gestion des risques climatiques afin d’améliorer les moyens d’existence des familles et leur capacité à passer les périodes de soudure et de crise.
Rouguigatou Bâ, éleveuse dans le village de Soutouboulbé, mariée et mère de quatre enfants, a suivi une formation en alphabétisation : « Pour moi, c’est une chance de bénéficier de ce programme. Je n’aurais jamais pensé tenir un jour un stylo dans ma main. C’est un rêve devenu réalité. Grâce à ce programme, je parviens à écrire mon nom, à enregistrer des numéros de téléphone, à remplir les fiches de suivi, à écrire les noms de toutes les vaches de mon cheptel et à gérer moi-même le revenu de mon lait. J’aimerais que le programme continue pour pouvoir apprendre à écrire une lettre ». Mariata Aliou Ba, 56 ans, a « toujours envié les gens qui savaient lire et écrire. Maintenant, grâce au programme, je parviens à lire et à écrire des mots en peulh, à écrire des numéros et à lire des messages sur mon portable. Je parviens même à aider des gens illettrés à lire leur bulletin de paie. J’en suis très fière et j’encourage les autres femmes à intégrer les classes ».
« Je suis l’intermédiaire entre le projet et ma communauté »
Le projet appuie la diversification des activités économiques des femmes et des jeunes, afin que leurs revenus ne dépendent pas entièrement de ceux de l’élevage. Korodji Sow, 19 ans, est membre d’un groupement de femmes qui a choisi de se lancer dans la vente de savon : « Avant, pour me procurer du savon, il fallait que je me rende à Dagana et que je dépense 400 francs CFA pour le transport. Depuis que nous avons été formées à la production de savon, nous en avons toujours à proximité, à un prix abordable. Cette activité a même permis à notre groupement de dégager des bénéfices ».
Pour une meilleure proximité et diffusion des actions, des villageois ont été choisis par leur village pour assurer le relais entre la communauté villageoise et le Gret, un rôle important dont Aminata Camara témoigne ici : « J’habite à Djidiéri, et je suis l’intermédiaire entre le projet et ma communauté. Ce sont les habitants du village qui m’ont choisie comme animatrice villageoise relais (AVR). J’ai accepté parce que je sais lire et écrire en français, et que je souhaite contribuer au développement de mon village. J’ai déjà formé un groupe de femmes de mon village sur la gestion de la période de soudure ; je suis très fière de pouvoir former les autres femmes de ma communauté ».
Enfin, le projet a permis de mettre en œuvre une activité de microfinance grâce à des associations villageoises d’épargne-crédit (AVEC). « Notre activité nous permet d’épargner, mais aussi de proposer des prêts à rembourser sur une durée de trois mois. Ces prêts nous permettent de mener nos propres activités et d’en dégager des bénéfices, qui nous permettent ensuite de rembourser le prêt. Je suis satisfaite dans la mesure où il y a un accès donné aux prêts, mais aussi de la confiance entre les membres et de la solidarité », témoigne Hawa Bâ, présidente depuis un an d’une AVEC de 25 membres.
Témoignages recueillis et traduits par Aminata Diallo, Maï Tine et Sylvie Drabo.
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Télécharger l’étude « Quelles politiques commerciales pour la promotion du « lait local » en Afrique de l’Ouest ? Rapport de synthèse »
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