Les pays africains peuvent profiter de l'accroissement des échanges commerciaux
(Propos de la représentante adjointe des États-Unis pour le commerce
extérieur avec l'Afrique) (920)
Par Andrzej Zwaniecki
Rédacteur de l'USINFO
Washington - Les pays africains ont beaucoup à gagner d'un éventuel accord
mondial sur la libéralisation du commerce s'ils se montrent disposés à
ouvrir leur économie aux investissements et aux échanges commerciaux, ainsi
qu'à encourager d'autres pays en développement à faire de même, a déclaré à
l'USINFO, la représentante adjointe des États-Unis pour le commerce
extérieur avec l'Afrique, Mme Florizelle Liser.
Négocié sous les auspices de l'Organisation mondiale du commerce (OMC),
a-t-elle indiqué, un tel accord devrait offrir aux pays moins avancés des
possibilités considérables d'augmenter leurs exportations.
Toutefois, les avantages que les pays africains pourront retirer de la
libéralisation du commerce dépendront de la mesure dans laquelle ils
pourront davantage avoir accès au marché de grands pays émergents et
également de la mesure dans laquelle leurs réformes renforceront la
compétitivité de leurs entreprises sur le marché mondial.
Connu sous le nom de négociations de Doha, les négociations de l'OMC sont
de nouveau paralysées depuis la fin de juin, du fait de l'échec des
pourparlers entre les négociateurs du Brésil, des États-Unis, de l'Inde et
de l'Union européenne à Postdam (Allemagne). Les négociateurs des
États-Unis et de l'Union européenne avaient espéré faire des progrès
importants à cette occasion, mais la réunion a pris fin plus tôt que prévu
après que le Brésil et l'Inde eurent refusé de réduire les droits de douane
appliqués à l'heure actuelle aux produits industriels.
Les pays africains les moins avancés ont déjà un accès préférentiel au
marché des grands pays industriels dans le cadre de la loi des États-Unis
sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (AGOA) et dans
le cadre du programme de l'Union européenne dénommé « Tout sauf les armes
». Par exemple, plus de 98 % des importations des États-Unis en provenance
de pays africains bénéficiaires de l'AGOA sont entrés en franchise de
douane en 2006.
Il s'ensuit donc, selon Mme Liser, qu'un accès accru au marché des grands
pays émergents, en particulier en Asie, serait avantageux pour les États
africains. Toutefois, dans le cadre des négociations de Doha, la plupart
d'entre eux se sont alignés sur de grands pays en développement, tels que
le Brésil et l'Inde qui sont peu désireux de réduire fortement leurs droits
de douane.
Les États-Unis et la Commission économique pour l'Afrique de l'Union
européenne ont transmis aux pays africains des études indiquant les pays où
ils seraient le plus à même d'exporter leurs produits, principalement des
produits agricoles. Si les pays africains, a dit Mme Liser, tirent de ces
études les conclusions qui s'imposent, leur position en matière de
négociation devrait être beaucoup plus nuancée et refléter davantage leurs
véritables intérêts économiques.
En tant que groupe régional le plus important au sein de l'OMC, ils ont un
pouvoir de négociation important. Et pourtant ils se tiennent sur la
défensive dans de nombreux domaines et concentrent leur attention sur le
maintien des préférences et du traitement spécial ainsi que sur leur
élargissement.
Selon des responsables américains et les auteurs d'études d'organismes
indépendants, un accord mondial sur la libéralisation du commerce réduirait
l'avantage concurrentiel dont certains pays africains moins avancés
jouissent dans le cadre des programmes préférentiels actuels. Il aurait
cependant pour effet d'accroître proportionnellement le revenu réel des
pays d'Afrique subsaharienne bien plus que celui des autres pays en
développement ou à revenu élevé, indique une étude réalisée par la Banque
mondiale en 2006. Le revenu net des agriculteurs augmenterait
considérablement, ce qui permettrait de réduire la pauvreté dans les zones
rurales africaines.
Par rapport aux pays d'autres continents, ce sont les pays africains qui
ont le moins de relations commerciales entre eux, et c'est là un état de
choses qui les laisse peu préparés à tirer parti du système commercial
mondial.
Tout accord conclu dans le cadre des négociations de Doha n'exigera pas que
la plupart des pays africains réduisent fortement leurs droits de douane,
mais la libéralisation du commerce en Afrique est susceptible d'offrir des
avantages économiques importants si ces pays réduisent leurs obstacles au
commerce interétatique dans leur continent.
Plusieurs études font état des inconvénients à court terme pour les pays
moins avancés de la conclusion d'un accord commercial mondial, en
particulier pour les pays importateurs de vivres et pour ceux qui ont un
accès préférentiel au marché des pays industriels. Selon Mme Liser, les
auteurs de ces études ont examiné les négociations de Doha en se limitant à
l'accès aux marchés pour les biens. En fait, ces négociations visent aussi
à accroître l'accès aux marchés pour les services et à faciliter les
échanges, domaines qui sont aussi importants pour les pays africains. Il
serait particulièrement intéressant pour ces pays de passer du stade de
l'exportation de matières premières à celui de produits transformés dont le
prix de vente est plus élevé, mais qui exige des services plus
perfectionnés en matière de financement, de transport et de distribution.
Pour de nombreux pays moins avancés, a-t-elle fait remarquer, un accord
mondial de libéralisation du commerce donnerait aussi une impulsion aux
réformes politiquement difficiles dans les domaines financier, juridique et
réglementaire, mais indispensables pour que leurs entreprises puissent
entrer en concurrence avec celles de pays d'autres continents. Certains
États, notamment le Ghana, Maurice et la Tanzanie, ont déjà entrepris de
telles réformes et même eux pourraient bénéficier sur le plan politique de
la conclusion d'un tel accord.
(Les articles du «USINFO» sont diffusés par le Bureau des programmes
d'information internationale du département d'Etat. Site Internet :
http://usinfo.state.gov/fr/)
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