Plaidoyer pour la construction et l'entretien des canalisations dans les quartiers de la ville de Yaoundé. Cas de la zone Obobogo-Nsimerong
Cet article ne vise pas à faire une satyre mais à faire juste un constat. Toutefois le problème qui nous a marqué et que nous souhaitons partager avec vous est celui crucial de la circulation des eaux dans ces quartiers. En effet quand on évoque les questions d'urbanisation dans les villes, parmi les points qui suscitent un vif intérêt, l'environnement en occupe une place majeure et donc aussi la gestion de l'eau. L'absence de canalisation pour les eaux, quelque soit leur origine, que ce soit des eaux de pluies ou des eaux usées est un véritable drame. Car l'eau c'est la vie comme le disent certains slogans. Mais l'eau peut aussi se retrouver à l'origine de la mort.
Certains vont se demander d'où il vient celui là et bien permettez moi de décliner mon identité "écolo". Suite à une rétrospection tant intérieure qu'extérieure de ma vie j'ai pris conscience de la nécessité de changer les choses. J'ai démissionné de mon emploi à plein temps de responsable financier dans une entreprise commerciale dans le quartier chic de Bastos avec une soif de changement. Cette quête et cette vision qui sont en moi, ont été récompensées par la rencontre de personnes fabuleuses ayant le même désir d'améliorer leur existence intérieure et extérieure par un véritable engagement pour l'environnement et avec pour finalité l'homme au centre de tous les plaidoyers. Voilà, je me suis présenté.
La petite histoire commence par un jogging...
Chaque matin dès 5h 30 min dans les rues de Yaoundé tout comme dans de nombreux autres pays, il est possible de rencontrer un certain type de personnes sans distinction de catégorie social : les joggeurs. J'en fait parti moi aussi et chaque jour je prends un parcours différent afin d'explorer les endroits les plus reculés en zone urbaine. Ces marathons découvertes m'ont permis de faire plusieurs constats que j'ai complété plus tard par de nombreuses images prises avec mon appareil photo, agrandies et étudiées minutieusement pendant de nombreuses semaines.
Je parcours en moyenne 5 km par jour. Ce qui ne m'amène pas vraiment à sortir de mon quartier celui-ci étant très vaste avec quatre axes principaux et des douzaines d'axes secondaires et des centaines de servitudes. Les terrains sont pentus et offrent des paysages vallonnés dans les arrière- quartiers visibles depuis l'axe central. On trouve aussi des paysages de collines où l'on est choqué très souvent par les constructions quasiment suspendues dans le vide. La disposition anarchique des constructions aussi bien le long des routes que dans les artères des quartiers est donc un fait. Cet état des faits est d'autant plus frappant que l'Etat a fait l'acquisition d'un bout de ce quartier pour y construire des logements et que cette partie contraste violemment avec le reste du décor.
L'absence de canalisation dans un quartier de près de 3000 habitants peut avoir plusieurs conséquences. Nous en avons notés quelques unes pour vous.
On en a qui sont grossières et visibles à l’œil nu tel que l'érosion aggravée des terrains en général et des plans de colline aussi ; on a la dégradation tout azimut de la chaussée, rendant la zone enclavée et le transport des individus pénible et aliénant ; la pollution des points d'eau naturelle ; la stagnation des eaux de toutes sortes ; la circulation des odeurs nauséabondes ; la recrudescence des maladies tropicales telles que le paludisme, le choléra, la tuberculose et la typhoïde. Les statistiques à l'hôpital de district le plus proche de mon quartier viennent corroborer ce constat.
Risques de catastrophes écologiques
Construire des rigoles dans ce quartier afin de permettre la circulation de l'eau c'est améliorer la santé de près de 3000 individus, c'est garantir le bien- être de près de 1000 enfants, c'est soutenir près de dix écoles maternelles, primaires et secondaires. La persistance de l'absence de canalisation dans les quartiers périphériques surpeuplés comme celui d'Obobogo- Nsimeyong peut engendrer une catastrophe naturelle et écologique dans le temps.
Un autre geste responsable qui interviendrait de manière forte pour maitriser ce type de problèmes au niveau des communautés est le devoir pour chaque individu de planter un arbre chaque année et d'encourager les enfants à bâtir des jardinets autour des habitations afin de contrer la force des eaux qui dévalent dans le quartier.
La mairie aussi a une grande responsabilité dans ce cas de figure. Elle devrait définir dans ses plans d'hygiène et de salubrité, de grandes campagnes de sensibilisation à moindre cout, en réunissant les populations de jeunes et de femmes dans les lieux stratégiques tels que les écoles et les églises pour une campagne de sensibilisation tout azimut. Par ailleurs, la mairie a la possibilité et le pouvoir de prendre des mesures contre les citoyens malveillants ou irresponsables qui déversent, ne débouchent pas ou ne prévoient pas le passage des eaux devant leurs domiciles. Enfin, en l'absence d'une expertise avérée et reconnues de ce type de compétences, la décentralisation donne l'opportunité à la mairie de solliciter une expertise locale des régions ou la formation de son personnel et de mobiliser le financement qui va avec.
les Camerounais doivent être plus responsables
Il apparait donc clairement au terme de cette restitution des faits et de ce plaidoyer que la circulation de l'eau est un problème dans nos villes. Elles sont à la source de plusieurs maux que nous vivons. Les comportements responsables sont donc le premier pas vers la recherche de solutions et la mairie a le devoir de résoudre ce problème. Elle a pour cela tous les moyens que la communauté de ses administrés lui reconnait de droit, telle que la force (à travers des sommations, des travaux d'intérêt généraux, des taxes) pour contraindre les uns et les autres à adopter des attitudes en phase avec le bien- être commun.
C'est un pas qu'il faut être prêt à franchir, car de nombreux autres quartiers de la ville connaissent déjà les commodités infrastructurelles telles les routes bitumées avec des canalisations de haute facture, mais qui ne sont pas respectées par des individus malveillants et incultes qui déversent leurs ordures à l'intérieur. D'autres personnes construisent des immeubles ou tiennent des commerces juste en bordure de ces canalisations et ne les nettoient jamais sans en être inquiétées. Enfin ces canalisations sont prévues comme latrines par certains propriétaires de terrain qui construisent leurs maisons, vendent ces terrains, ouvrent des commerces, mettent des espaces commerciaux en vente ou en location sans prévoir de toilettes. Ils sont rarement inquiétés par les autorités publiques.
Nous avons le devoir de nous surveiller les uns les autres et de dénoncer ce type de comportements. Nous parlons bien de la circulation de l'eau dans ce plaidoyer mais ce sont les individus qui sont à la base de cet état des choses. Un quartier est un espace de vie commun et personne n'a le droit d'avoir des comportements pouvant constituer une nuisance pour le reste de la communauté.
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