Par Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement.
Les petits exploitants africains sont le secteur privé, soit le plus vaste segment économique du continent. S’ils considèrent l’agriculture comme une activité économique, les petits exploitants comme des clients et des entrepreneurs, et les entreprises comme des organismes qui veulent faire des petits exploitants leurs clients et fournisseurs, les décideurs politiques et les investisseurs peuvent tirer parti des actifs existants de l’Afrique pour susciter une transformation économique au lieu d’essayer de la construire à partir de rien.
J’ai été récemment nommé Président de la Banque africaine de développement. Le concept de banque de développement n’est pas forcément intuitif : la plupart des banques n’ont pas une vocation sociale explicite. Par contre, ce qui définit une banque, c’est la façon dont elle exerce ses activités, quelles qu’elles soient.
C’est pourquoi lorsque je parle de l’agriculture, je dis que je porte ma casquette de banquier, et non ma casquette « développement ». L’agriculture n’est pas un mode de vie. Ce n’est pas un secteur social ni une activité de développement, en dépit de ce qu’en disent certains. L’agriculture est une activité économique. Plus nous la traiterons comme une activité économique, comme une façon de créer de la richesse, plus elle contribuera au développement et elle améliorera les conditions de vie des populations.
Un moyen de traiter l’agriculture comme une activité économique consiste à inciter le secteur privé à participer davantage à ses activités. Lorsque j’étais ministre de l’Agriculture au Nigéria, la chose la plus importante que j’aie dû comprendre était que le gouvernement ne pouvait pas engendrer une transformation agricole, mais seulement la rendre possible en donnant aux entreprises la possibilité d’y participer. Nous pouvions y arriver en mettant en place les bonnes politiques et la réglementation nécessaire, en créant des institutions solides, et en construisant des infrastructures suffisantes. Cependant, il n’y a guère d’autres mesures relativement efficaces que le gouvernement puisse prendre. C’est au secteur privé qu’il appartient de mener la transformation agricole...
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