Le 13 avril 2017, l'UNESCO a participé au New African Woman Forum à Dakar afin de souligner l'importance de promouvoir le leadership des femmes et des jeunes dans le secteur de la technologie en Afrique. Regroupant les leaders d’entreprises, du milieu universitaire et de la société civile et les décideurs clés des secteurs public et privé, l'objectif du forum, duquel l'UNESCO était partenaire, était de trouver des solutions et des stratégies novatrices pour permettre une croissance transformatrice durable en Afrique, mettant l’égalité entre les sexes en avant.
Dans le cadre du partenariat de l'UNESCO avec le New African Woman Forum, Marèma Touré Thiam a modéré la table ronde « Les femmes dans la technologie : soutenir la croissance de l'Afrique à travers la technologie », qui a réuni des leaders dans le secteur de la technologie et des partenaires de l'initiative YouthMobile de l'UNESCO sur le continent pour discuter des défis et des opportunités que les femmes ont dans la poursuite de leurs carrières dans le secteur des TIC. Dans les pays en voie de développement, jusqu'à 43% de femmes ont moins accès à Internet que les hommes. Soulignant que les femmes sont des actrices majeures dans la vie économique et sociale des pays développés et des pays en voie de développement, Mme Thiam a encouragé le public à réfléchir sur comment l’accès à la technologie peut conduire à la liberté économique et l'autonomisation des femmes en Afrique.
« Nous devons souligner, à travers les plateformes médiatiques, les réussites des femmes dans la technologie afin que les décideurs puissent les voir et apporter les changements nécessaires dans les politiques et les programmes du TIC », a souligné Mariam Tendou Kamara Diop, PDG de BAANTOU et fondatrice d'Inter'Actes-MadameDigital. Soulignant que 90% des emplois en Afrique sont créés par les entrepreneurs, ce qui rend indéniable le rôle de l'économie numérique dans la croissance africaine et reconnaissant l'impact économique que les femmes ont dans le secteur informel et formel, Mariam Diop a noté que bien que les femmes injectent 90% de leur revenu dans leurs familles et leurs communautés, leur plus grand obstacle est qu'elles n'ont souvent pas accès à des possibilités de financement ou à une formation formelle nécessaire à leur réussite future. Ceci est essentiel car 50 à 60% des femmes sont engagées dans le commerce international mais n’ont pas accès à la technologie pour rendre le suivi, la facturation et les autres activités plus efficaces, et donc leurs entreprises en souffrent.
"Lorsque vous dites le mot « geek », vous pensez à un gars avec des lunettes qui passe toute la nuit devant un ordinateur et vous ne pensez pas à une jeune femme. Cette idée doit être changée pour que les gens comprennent que la technologie n'est pas un domaine dominé par les hommes », a ajouté Djiba Diallo, chef de l’innovation pour Microsoft4Afrika. Elle travaille actuellement sur les stéréotypes des femmes dans la technologie afin de « démystifier l’image des femmes dans la technologie, » Djiba Diallo a souligné que Microsoft4Afrika soutient actuellement 80 start-ups en Afrique, dont cinq seulement dirigées par des femmes, ce qui représente moins de 10% des start-ups technologiques qu'ils ont soutenues en Afrique. En mettant l’accent sur le fait qu'il y ait du travail à faire pour encourager les femmes entrepreneures dans l'économie numérique, Mme Diallo a souligné trois piliers nécessaires à l'avancement technologique en Afrique ; 1) encourager l'accès à la technologie ; 2) renforcer les capacités, et 3) soutenir les femmes innovantes sur le continent. Proposant l'initiative DigiGirlz de Microsoft spécialement pensée pour impliquer les jeunes filles dans le domaine des TIC dès leur plus jeune âge, Mme Diallo a réitéré l'engagement de Microsoft à s'associer à des acteurs concernés sur le continent afin de combler la fracture numérique sexiste et de lutter contre les stéréotypes en cours dans le secteur des TIC.
Gnima Diop, directrice du marketing chez Maersk Line, a souligné la nécessité de reconnaître qu’encourager l'alphabétisation numérique est crucial, en particulier lorsqu’entre 50 et 60% de l'économie informelle en Afrique est féminine. Alors que l'utilisation de l'Internet mobile continue d'augmenter sur le continent, Gnima Diop a également souligné la nécessité d'assurer l'accès à l'information pour tous. La possession de smartphones et des applications localement pertinentes peuvent être une clé de l'autonomisation des femmes pour briser leur isolement et leur donner plus de pouvoir. Mais leur permettre de créer des applications mobiles elles-mêmes peut leur donner une avancée encore plus grande, car cela enrichirait leurs compétences, créerait des opportunités d'emploi et leur offrirait une plateforme dans les économies numériques émergentes. La technologie mobile pourrait aider à sortir 5,3 millions de femmes de l'analphabétisme d'ici 2020.
« La femme sénégalaise est en soi entrepreneure », a déclaré Rokhaya Solange Mbengue Ndir, chef de la responsabilité sociale d'entreprise chez Orange-Sonatel. Dans le cadre de son travail, et grâce à des initiatives telles que Mwoman, hackathons, camps de codage et des prix pour l'entrepreneuriat numérique féminin, Sonatel démontre l'importance de rendre l'éducation à l'alphabétisation numérique accessible aux femmes de tous âges. Un obstacle persistant à cet objectif, a-t-elle souligné, est le manque de confiance en soi des femmes. Engagée à modifier les stéréotypes et les préjugés, y compris les choix éducatifs disponibles pour les jeunes femmes et l’idée répandue selon laquelle les femmes ne sont pas « créées » pour la technologie, Rokhaya Solange Mbengue Ndir a évoqué la stratégie d'entreprise de Sonatel en phase avec la campagne HeforShe de l'ONU et a souligné la nécessité d’impliquer les gouvernements etles décideurs dans la discussion afin d'assurer un soutien institutionnel au plus haut niveau pour l'égalité des sexes dans le secteur des TIC.
« Pour que les femmes puissent aider d’autres femmes à réussir, nous devons éliminer les obstacles qui entravent ces efforts », a affirmé Karim Sy, fondateur et directeur général de Jokkolabs. Il a souligné l'importance d'intégrer une approche culturelle lorsqu'il s'agit d'égalité des sexes dans le monde de la technologie afin de créer des changements durables. Soulignant que les systèmes éducatifs de nombreux pays n'ont pas changé depuis plus de 50 ans, Karim Sy a rappelé que, pour assurer un changement durable, les pays doivent « repenser l’éducation » afin d'équiper les jeunes avec les compétences nécessaires pour changer le monde du travail en Afrique, y compris les compétences numériques.
Pendant le débat avec les participants du Forum, les femmes de tout le continent ont souligné la nécessité d'encourager le mentorat entre les femmes dans le secteur des TIC et la nécessité de lier la créativité et la technologie et plus particulièrement en ce qui concerne les solutions possibles que les applications mobiles peuvent apporter aux femmes surtout si elles sont développées par les femmes dans le continent pour relever les défis locaux. La technologie mobile est devenue un moyen d'autonomisation des femmes, d'activisme et un moteur du changement. Le nombre de connexions Internet mobiles augmente rapidement dans les pays en voie développement et les smartphones sont souvent les seuls ordinateurs installés dans ces pays. Cette connectivité peut avoir un impact profond sur tous les aspects de la vie d'une femme, en particulier le monde du travail, pour lui permettre de créer des solutions aux défis personnels et aux problèmes rencontrés par la communauté locale et l’amener à l'autonomisation économique.
Les participants ont également demandé à l'UNESCO, par le biais de son travail politique en tant que coprésidente du Forum sur la gouvernance de l'Internet et de la participation au Groupe de travail sur le haut débit et le genre de la Commission à large bande pour le développement durable, de continuer à documenter et diffuser les meilleures pratiques qui favorisent l'égalité des sexes afin de combler le fossé numérique.
Les participants ont en outre appelé l'UNESCO à veiller à ce que les jeunes, et en particulier les femmes, soient dotés des compétences et de la confiance requises pour développer, promouvoir et vendre des applications mobiles localement pertinentes, grâce à l'initiative YouthMobile de l'Organisation, qui vise à créer des opportunités et des solutions en matière d'emploi, dans différents domaines tels que l'agriculture, la santé et l'éducation, pour contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).
[ODD2030]
Communiqué de l'UNESCO (764 hits)