La NAPA n°122 fait peau neuve, ne manquez pas d'y jeter un oeil ! Elle présente le chapitre 3 du guide sur la gestion et la gouvernance des aires protégées développé par la commission Mondiale des AP, au sujet du "patrimoine mondial de la terre". Elle rappelle nos formations en ligne sur la gestion des AP, le suivi écologique, l'application des lois et la conservation des espèces - inscriptions ouvertes sur papaco.org/fr/moocs. Une nouvelle session commence le 17 septembre !
Edito Geoffroy MAUVAIS Coordinateur du Papaco
EN PARLER , C’EST DÉJÀ BIEN
En mars dernier, le Kenya s'est engagé dans une vaste réflexion qui porte sur l'évaluation des options possibles pour une utilisation « consommatrice » de la faune sauvage sur certaines zones naturelles (privées ou communautaires). Cette utilisation recouvre essentiellement la chasse ou l'élevage pour l'abattage de la faune, activités qui avaient été bannies au Kenya depuis 1977, privilégiant ainsi le tourisme de vision. Cette réflexion est certainement difficile à conduire car elle ne porte pas simplement sur un choix technique (comment « valoriser » au mieux les populations animales du pays ?) mais essentiellement philosophique (doit-on ou non tuer des animaux sauvages ?).
Evidemment, si cette question est posée, c'est qu'elle a ses promoteurs. Ainsi, le Ministère du tourisme et de la faune sauvage met en avant la possible contribution de cette activité à la sécurité alimentaire, au revenu global du pays, à la création d'emploi et à 'amélioration des conditions de vie des populations locales impliquées. Il souligne que cela permettrait de réduire les conflits entre les hommes et la faune sauvage.
Mais si cette question est sur la table, c'est qu'elle a aussi ses détracteurs. Des voix s'élèvent, notamment au sein de certaines associations de conservation de la nature, pour prendre le contrepied de chacun de ces arguments. Elles s'inquiètent aussi de la difficulté du contrôle d'une telle activité sans une gouvernance impeccable, de sa technicité qui la rend inaccessibles aux communautés, du risque de création de filières cachées et donc d'augmentation du braconnage. Son possible impact sur la culture kenyane, très favorable aujourd'hui à la conservation « non prédatrice » est aussi discuté.
Supporters et détracteurs partagent au moins le diagnostic : la dégradation progressive des conditions de conservation de la biodiversité observées dans le pays s'accompagne de la disparition presque mécanique de la faune sauvage. Les raisons sont connues et comme partout essentiellement liées à la croissance de la pression sur les ressources naturelles. Infrastructures, agriculture, élevage, changements des comportements... tout cela contribue à réduire inéluctablement l'espace utilisable par la faune, dont la plus grande partie se trouve en dehors des aires protégées...
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