« Auparavant, les habitants se tournaient vers les cours d’eau avoisinants ou l’eau de pluie.
Nous devions sortir puiser l’eau à une heure du matin, car c’est à cette heure que celle du fleuve est limpide. Après, c’était trop tard, l’eau devenait boueuse. »
Cette habitante de la commune rurale d’Ambesesika, au nord-ouest de Madagascar, explique bien la difficulté d’accès à l’eau de sa population.
Mirantsoa Fanera, chargé de projet de l’ONG Grand Est Solidarité et Coopération pour le Développement (Gescod Madagascar) ajoute: « Comme dans la majorité des communes malgaches en zones rurales, il existe de nombreuses sources. Malheureusement, la population les exploite mal, malgré la possibilité de les optimiser en eau potable. C’est pour cette raison que le conseil municipal d’Ambesesika a établi comme priorité de développement de la commune l’adduction en eau potable. »
En 2017, un projet a ainsi démarré, porté par la mairie, avec l’assistance technique de Gescod et le soutien financier de l’Institut de la francophonie pour le développement durable (IFDD), un organe de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).
Il concerne les 15000 habitants de la commune d’Ambesesika, pour leur permettre un meilleur accès à l’eau potable.
La technologie utilisée est celle de l’adduction d’eau potable par rétrofiltration biologique d’eau de surface, notamment celle du lac Bemololo. Cette technologie est encore appelée REPS (Réservoir d’eau enterré plein de sable) .
« La technologie s’appuie sur un réservoir de sable » souligne Thierry Labrosse, le PDG de la société franco-malgache Energis FD. « En effet, entre les grains de sable, il y a naturellement 39% d’air. La technique est de remplacer cet air inutilisé par de l’eau. Les grains de sable maintiennent ainsi la structure du réservoir et l’eau est protégée des polluants extérieurs. L’évaporation de l’eau est bloquée à 99%, ainsi que son croupissement. »
Thierry Labrosse poursuit : « Des bactéries se développent à la surface du sable. Elles ne provoquent pas de maladie, mais “mangent” toutes celles drainées par l’eau de pluie ou de ruissellement. Nous éliminons 95 à 99 % des polluants drainés par l’eau : l’eau est dite “quasi potable”. »
De nombreux habitants ont participé au chantier. « À terme, c’est nous qui bénéficions de cette eau potable dont l’accès nous permettra d’éviter des maladies », témoigne Zany. « C’est pour ça que nous avons donné le meilleur de nous-mêmes pour la réussite de ce chantier. »
L’eau, pompée dans le lac voisin, passe d’abord par un préfiltre qui élimine impuretés et mauvaises odeurs. Elle est ensuite redirigée vers le REPS , puis placée dans un château d’eau.
Ce dernier alimente des bornes-fontaines de la commune. Le bidon d’eau de 20 litres coûte 50 ariarys (environ 0,013 euro) et les recettes reviennent à la commune. Des fontainiers et un technicien ont été embauchés.
Le budget de ce projet est 13000 euros (dont 10000 euros IFDD et 3000 euros commune d’Ambesesika) .
Il répond à l’objectif 6 des 17 objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030 : « Garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement ».
[MOGED]
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