L’Ouganda est un Etat dont les ressources naturelles semblaient modérées, avec principalement des terres érables, du cobalt, du cuivre et de l'or. En 2006, la découverte de gisements de pétrole dans le pays avait fait l’effet d’un tremblement de terre. Pour cet Etat africain, assez instable politiquement, déchiré par des conflits armés et peu développé économique ou socialement, la découverte de pétrole était le signe de lendemains meilleurs. Malheureusement pour les espoirs de l’Ouganda, les gisements de pétrole se trouvent au large du gigantesque lac Albert. Les risques sont évidents : une mauvaise gestion du projet pourrait entraîner une pollution du lac et de tout son écosystème.
Fidèle à sa stratégie de reprendre la main sur le marché africain, notamment face à son compétiteur italien Engie, le géant de l’énergie Total a racheté des parts du projet en 2017 afin de devenir l’actionnaire majoritaire du projet. Le groupe britannique Tullow et le groupe chinois CNOOC sont également de la partie. Avec ce rachat à hauteur de 900 millions dollars, le projet était voué à débuter.
Sans surprise, de nombreuses critiques se font entendre. Le 10 septembre dernier, des ONG internationales ont conjointement dénoncé la gestion du projet par Total. La Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) et Oxfam ont cosigné à cette occasion un rapport intitulé « Pétrole en Afrique de l’Est : les communautés en danger ». Ce rapport est le fruit de deux études d’impacts menées pendant deux ans dans les zones en danger.
Selon Caroline Brodeur, responsable chez Oxfam, le constat est aussi simple que terrible. Ce sont 12 000 familles qui sont menacées d’être expulsées de leurs terres avec des compensations insatisfaisantes et qui tardent à venir.
L’environnement est également compromis par Total. En plus de la gestion du lac qui pose question, s’additionne à cela la construction annoncée par Total du plus grand oléoduc chauffé au monde qui devrait traverser l’Ouganda et la Tanzanie tout en logeant sur 33 kilomètres le fameux Lac Victoria. Au-delà du caractère polluant d’un oléoduc chauffé ou des risques de fuites, les écosystèmes se trouvant sur la route de son tracé sont selon les experts vulnérables.
Via l’AFP, Total a rejeté certaines des accusations du rapport d'Oxfam et de la FIDH, récusant notamment d’avoir mis sous pression des activistes et se dit ouvert à « poursuivre le dialogue utile » avec les ONG. Total devra s'expliquer de la situation le 28 octobre prochain devant la Cour d'appel de Versailles. Le géant de l’énergie est assigné en justice par six ONG qui l’accusent de ne pas prendre en compte les populations locales et l’environnement dans la faisabilité de leur projet.
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