L’énergie est au cœur du développement. La disponibilité de ressources énergétiques permet la production alimentaire, la cuisson des aliments, l’accès et le traitement de l’eau, le chauffage, la climatisation et l’éclairage, le transport des marchandises et des personnes, le développement industriel. L’électrification est essentielle à l’administration des soins de santé, au développement et à l’usage des nouvelles technologies, à la diffusion de l’information, à l’éducation et à la recherche & développement.
L’objectif de développement durable No7 adopté par les Nations unies en 2015 résume en quelques mots tout le défi qui se pose : «Ensure access to affordable, reliable, sustainable and modern energy for all.»
Pour atteindre cet objectif, chaque pays devrait adopter une stratégie et un plan d’action national basé sur un processus de planification solide et efficace :
La stratégie et les plans d’actions doivent être soumis à une analyse de durabilité couvrant les six dimensions du développement durable : environnementale, économique, sociale, culturelle, éthique et gouvernance.
Pour la plupart des pays d’Afrique, la transition énergétique dépend pour une bonne part de l’aide internationale et d’investissements étrangers. Il est essentiel que cette aide et ces investissements soient assujettis aux objectifs nationaux et adaptés à la situation spécifique de chaque État.
Questions
Quelles actions concrètes pourraient faciliter la transition énergétique en Afrique?
Nous devons agir sur deux grands fronts : l'électrification et l'efficacité énergétique. Investissez dans des services d'électricité robustes, fiables et efficaces contrôlés par l'État. Promouvoir l'efficacité énergétique en développant la responsabilité élargie des producteurs et une législation sur la chaîne d'approvisionnement, en garantissant des marchés publics écologiques, en soutenant l'innovation technique pour améliorer la circularité des ressources et en adoptant des processus de prise de décision qui incluent et respectent les femmes, les peuples autochtones et les communautés locales.
Comment voyez-vous le rôle et l’influence des organismes internationaux et des investisseurs étrangers dans la promotion de la transition énergétique en Afrique?
Les politiques de financement actuelles de la Banque mondiale et du FMI sont accompagnées de conditions d’ajustement structurel qui appauvrissent les pays en développement et conduisent à une privatisation inacceptable des ressources nationales. En ces temps de pandémie où les pays les plus riches ont accéléré leurs investissements dans tous les domaines, il est temps d’envisager l’annulation de la dette des pays les plus démunis.
Les investisseurs étrangers doivent aussi tenir compte expressément des priorités, des attentes et des exigences des États dans leurs projets d’investissement et appliquer les exigences environnementales, sociales et éthiques les plus rigoureuses.
Quel pourrait être le rôle du marché de la compensation carbone dans le financement de la transition énergétique en Afrique ?
La protection et la restauration des forêts, mangroves et herbiers côtiers d’Afrique offrent un énorme potentiel de séquestration de crédits carbone pouvant être vendus sur les marchés internationaux. La mise en place de mesures d’efficacité énergétique constitue une autre source de crédits carbone. Compte tenu du prix actuel des crédits carbone et de la hausse attendue de leur valeur, le marché du carbone pourrait contribuer significativement au financement de la transition énergétique tout en générant des bénéfices environnementaux et sociaux non négligeables.
Jusqu’à quel point devrions-nous être inquiets des impacts environnementaux de la transition vers les énergies propres?
Le recours aux sources d’énergie renouvelables ou plus propres doit tenir compte des impacts environnementaux cumulatifs de tout le cycle de vie. Par exemple, le remplacement des carburants fossiles par des carburants issus de la biomasse (éthanol-maïs, huile de palme, biomasse forestière) peut entraîner une augmentation des superficies consacrées à la production agricole, un accroissement de la déforestation, un usage accru de pesticides et intrants chimiques en milieu agricole, l’appauvrissement et la dégradation des sols et des cours d’eau. L’implantation de technologies mal adaptées au climat local peut aussi entraîner des impacts négatifs insoupçonnés. Tout projet de développement doit faire l’objet d’une analyse de durabilité complète pour en identifier les impacts environnementaux, sociaux et économiques.
Présenté au Economic Club of Africa in New York, le 30 juin 2021
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