Il s'agit de déterminer les services nécessaires à cette adaptation.
Par Cheryl Pellerin
Rédactrice
Washington - Pour la première fois depuis que les milieux scientifiques ont établi sans équivoque que notre planète se réchauffe, des climatologues et des responsables de la gestion des ressources naturelles sont réunis à Genève pour déterminer comment ils peuvent conjuguer leurs services afin d'aider l'humanité à s'adapter aux changements climatiques.
Quelque 1.500 décideurs et administrateurs venus de plus de 150 pays participent à la troisième Conférence mondiale sur le climat (CMC-3) qui se tient du 31 août au 4 septembre en Suisse. Leur principal sujet de discussion se rapporte aux meilleurs moyens de traduire les données scientifiques en mesures pratiques qui permettront aux populations de s'adapter aux changements climatiques.
" Une partie de nos travaux consistera à déterminer ce dont les utilisateurs de l'information climatologique ont besoin ", a dit à America.gov Mme Jane Lubchenco, directrice de l'Administration nationale des études océanographiques et atmosphériques (NOAA). " Ont-ils besoin de données, d'une assistance technique, d'analyses de ces données ou de prévisions, d'une meilleure communication relative à ce que les experts ont appris, d'outils pour leur faciliter le processus de décision ? Ils ont vraisemblablement besoin de tout cela (...) mais il y a des priorités et quelles sont les plus urgentes ? ", a expliqué Mme Lubchenco qui dirige la délégation des États-Unis à la CMC-3.
La difficulté tient en effet au caractère souvent très technique de l'information climatologique. Les données recueillies par les satellites, les bouées et d'autres instruments scientifiques ne sont pas généralement disponibles sous un format que les responsables de la gestion des ressources ou les urbanistes peuvent facilement comprendre et appliquer pour décider, par exemple, de la hauteur d'un nouveau pont ou de l'emplacement d'une station de traitement d'eau. La CMC-3 vise à créer un cadre au sein duquel les responsables de la collecte des données et les utilisateurs de l'information pourront discuter des services climatologiques qui leur sont nécessaires.
C'est dans le but de définir ces services que l'Organisation météorologique mondiale (OMM) et ses partenaires internationaux ont décidé de tenir cette conférence. Son thème général porte sur la prévision climatologique, que celle-ci couvre quelques jours ou un demi-siècle et de l'échelle saisonnière à l'échelle pluridécennale, et sur les moyens d'utiliser cette information pour s'adapter à la variabilité du climat et aux changements climatiques.
" Il ne suffit pas que les scientifiques se demandent ce dont ont besoin les utilisateurs de l'information qu'ils fournissent sur le climat ; il faut que les utilisateurs eux-mêmes contribuent à déterminer quelle est l'information qui leur est nécessaire et sous quel format ", a affirmé Mme Lubchenco.
Parvenir à un consensus
La première Conférence mondiale sur le climat a été tenue sous les auspices de l'OMM en 1979 à Genève. Trois organisations internationales sur le climat sont nées de ladite conférence. L'une d'entre elles, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), a été établie en 1988 par l'Organisation météorologique mondiale (OMM) et par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) ; le GIEC, à qui le prix Nobel a été décerné, organise des conférences tous les cinq à six ans au cours desquelles des scientifiques du monde entier examinent l'évolution du climat.
À la seconde Conférence mondiale sur le climat, en 1990, les participants avaient publié à Genève une déclaration dans laquelle ils énonçaient sans équivoque les risques relatifs aux changements climatiques. Les travaux de cette conférence avaient conduit à la création de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques en 1992, et au Système mondial d'observation du climat, un réseau international de centres d'observation du climat et des événements afférents.
Les résultats escomptés de la CMM-3 sont une meilleure compréhension des questions scientifiques et pratiques qu'implique la mise en place d'accords relatifs à la disponibilité et à l'utilisation des services climatologiques et un consensus sur la mise en oeuvre d'un nouveau Cadre mondial sur ces services.
Un tel cadre nécessiterait entre autres une volonté renouvelée de maintenir en bon état et d'améliorer les réseaux de satellites, de bouées et d'autres instruments scientifiques d'observation des conditions océanographiques et atmosphériques. Il servirait également à promouvoir un accès gratuit aux données climatologiques recueillies.
" Nous avons la chance, dans le domaine des prévisions météorologiques, d'avoir un dispositif de partage d'information qui fonctionne bien avec la coordination de l'OMM ", a dit à America.gov Richard Rosin, conseiller principal pour la recherche climatologique au bureau des programmes sur le climat à la NOAA.
" Nous devons faire le nécessaire pour que cela se produise aussi au niveau des données climatologiques ", a-t-il ajouté. " Les États-Unis ont toujours cherché à promouvoir l'accès gratuit et ouvert aux données météorologiques et en feront autant à Genève en ce qui concerne le partage gratuit et ouvert des données climatologiques. "
Un cadre mondial
Le nouveau Cadre mondial sur les services climatologiques qui doit découler de cette troisième conférence visera à améliorer les capacités des pays en développement qui seront les plus touchés par les changements climatiques, et à les aider à mettre en oeuvre les données climatologiques dans les secteurs les plus sensibles à ces changements, à savoir, l'eau, l'agriculture, la santé, les transports et l'énergie.
L'OMM, la NOAA et d'autres organismes d'études climatologiques fournissent déjà de la formation aux scientifiques qui travaillent dans les services météorologiques internationaux. Au Centre national de prévisions hydrométéorologiques de la NOAA, dans le Maryland, il y a, par exemple, plusieurs " bureaux internationaux " chargés de former les scientifiques étrangers qui sont invités à venir aux États-Unis pour se familiariser avec les modèles de prévisions météorologiques informatisées, les instruments scientifiques et les techniques d'analyses des données et des conjonctures. Ce centre a déjà formé 90 météorologistes venus de plus 33 pays africains, a dit M. Rosin.
L'OMM a établi des forums sur la prévision climatologique régionale dans plusieurs parties du monde et fournit régulièrement une telle prévision locale et de la formation pour aider à réduire les risques qui peuvent découler des événements climatiques.
Le cadre mondial qui doit être lancé à Genève à la conférence de cette semaine ajoutera un nouveau système mondial de services climatologiques aux initiatives déjà en cours ; il viendra les appuyer et offrir les moyens d'établir des capacités semblables dans les pays en développement et de par le monde.
" Les États-Unis seront un partenaire dynamique dans toutes ces initiatives ", a dit Mme Lubchenco. " Nous avons beaucoup de connaissances à partager mais nous avons aussi beaucoup à apprendre. Nous considérons ce projet comme un partenariat avec la communauté internationale. "
Source : Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat.
Site Internet : http://www.america.gov/fr/
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