Deux études sur l'impact du changement climatique sur le littoral et les îles soulèvent un certains nombre de questions sur la complexité du processus du changement climatique et ses conséquences. Ces études ont été rendues publiques à un moment où les Petits Etats insulaires veulent être reconnues officiellement comme une catégorie spéciale, à l'instar des pays moins avancés (PMA), aux Nations Unies. Ce qui entraine des controverses et des questionnements.
Selon les chercheurs de l'Université de Colorado et du 'National Center for Atmospheric Research', le niveau de la mer dans l'Océan Indien monte de façon inégale. Il ressort de leur étude que des millions d'habitants sur les basses terres (lowlying coastlines) du littoral du Bangladesh, de l'Indonésie et du Sri Lanka sont exposés au risque d'inondation causée en partie par la montée des eaux dû à une mer de plus en plus chaude et des changements dans la circulation structurelle de l'atmosphère. L'élévation du niveau de la mer peut accentuer les inondations causées par la mousson avec comme conséquence la destruction des produits agricoles, des habitations et par la même hypothéquant les moyens d'existence de la population. Cette étude s'est basée sur des analyses des données, des observations et des modèles assistés par ordinateurs afin de développer une vue photographique de l'élévation du niveau de la mer depuis les années 60. Les observations ont conduit à un constat majeur à deux niveaux. Dans le nord de l'Océan Indien, l'étude constate que la montée du niveau de la mer ira en s'accentuant le long du littoral de la Baie de Bengale, la Mer d'Arabie, du Sri Lanka, de Sumatra et de Java. Par contre dans le Sud Ouest de l'Océan Indien, des Seychelles au Zanzibar, le niveau de la mer a tendance à baisser. Ce qui montre que la tendance relative à l'élévation de la monté du niveau de la mer n'est pas uniforme dans l'Océan Indien. Il se peut que la disparité dans le niveau de la mer s'explique par une différence dans la température de la mer dans ces deux différentes zones. Ce qui pourrait expliquer aussi, à partir de l'observation très empirique de la personne lambda, qu'il n'y a pas eu au cours de ses dix ans des cyclones très puissants dans le sud ouest de l'Océan Indien contrairement aux tempêtes et climats extrêmes qui s'étaient produits dans le nord de l'océan Indien. Est-ce que la mer plus chaude dans le nord explique le phénomène du climat extrême et violent, tandis que la température de la mer plus froide dans le sud ouest de la zone est l'explication de la faiblesse en puissance des cyclones? Voilà de quoi mobiliser l'attention de la communauté de chercheurs de la zone Océan Indien dans les années à venir.
La deuxième étude axée sur la région du Pacifique se focalise sur la problématique des risques de voir certaines îles submergées sous les flots de l'Océan. L'étude a été réalisée conjointement par l'Université d'Auckland en Nouvelle Zélande et du 'South Pacific Applied Geoscience Commission' du Fijï. L'analyse se porte sur le changement en terme de superficie des îles du Pacifique par rapport à l'élévation du niveau de la mer. L'équipe de recherche a eu recours à des photographies historiques aériennes et des images satellitaires de hautes résolution de 27 îles du Pacifique pour étudier leur superficie. Selon cette étude, la superficie de 4 îles s'est réduite tandis que les 23 autres sont soit resté le même ou ont gagné en superficie. L'explication possible est que les débris du récif corallien entourant les îles concernées ont été transportés par les vagues et le vent et sont venus s'accumuler sur le littoral.
Cependant, cette étude suscite des controverses et les réactions ne se sont pas fait attendre. L'ambassadeur des îles Solomon, Colin Beck, un des négociateurs sur le Changement Climatique à Bonn, a réagi sur le 'timing' de rendre public les résultats de cette étude qui vient à un moment où l'Alliance des Petits Etats Insulaires (AOSIS en anglais) a demandé à ce que les PEID ('les prisonniers de la mer') soient regroupés dans une catégorie spéciale aux Nations Unies vu leur vulnérabilité sous toutes ses formes.
Il n'en demeure pas moins que ces questions devraient intéresser la communauté de chercheurs des Petits Etats Insulaires qui sont appelés à prendre en charge leur propre programme de recherche. Or l'initiative des PIED de mettre sur pied, avec le soutien de l'UNESCO, une Université (University Consortium of Small Island States) se spécialisant sur la problématique insulaire devrait répondre à ce besoin de recherche par la communauté scientifique des îles en partenariat avec des institutions du Nord. Malheureusement ce projet semble avoir eu des difficultés pour atteindre sa vitesse de croisière.
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07/10/24 à 12h30 GMT