Deux experts de l'ONU ont appelé mardi à la création d'un Fonds mondial pour la protection sociale afin de garantir aux catégories les plus pauvres de la planète un minimum de protection contre les aléas de la vie.
" Près de 80% des pauvres de la planète n'ont aucune protection contre les effets du chômage, de la maladie ou d'un handicap, sans parler des mauvaises récoltes ou des hausses des prix des denrées alimentaires. Pourtant si nous consacrions 2% du PNB mondial à la garantie de ce droit humain fondamental, une protection sociale de base pourrait être garantie pour tous les pauvres du monde ", ont déclaré Olivier de Schutter, Rapporteur spécial de l'ONU pour le droit à la nourriture, et Magdalena Sepulveda, son homologue chargée de l'extrême pauvreté et des droits de l'homme.
" À la suite de la sécheresse de cet été aux États-Unis, les prix des denrées alimentaires sont remontés à des niveaux dangereusement élevés pour la troisième fois depuis cinq ans et la faim dans le monde continue de se maintenir à des niveaux inacceptables, comme le montrent les chiffres publiés aujourd'hui par la FAO ", a déclaré M. de Schutter.
" Le droit à la nourriture est dénié chaque fois que les prix montent en flèche et que de nombreuses personnes sont incapables de se procurer de quoi manger ", a-t-il ajouté. Estimant que la nourriture ne devrait pas être sujette aux variations des cycles économiques, il a affirmé que " les citoyens les plus pauvres du monde devraient pouvoir s'en remettre à un système de protection sociale de base ".
Pour y parvenir, les deux experts indépendants de l'ONU ont appelé à la création d'un Fonds mondial pour la protection sociale (FMPS), soit au sein d'une institution existante comme la Banque mondiale, soit en tant qu'entité indépendante, dont le financement serait assuré par des dons des pays développés.
Le double rôle d'un tel fonds serait de combler le manque de ressources financières nécessaires à la mise en place d'un plancher de protection sociale dans les pays les moins avancés (PMA) et de permettre que les prestations offertes soient garanties contre les risques de tensions sur la demande causées par un choc économique quelconque.
Les deux experts ont expliqué que de nombreux pays en développement étaient confrontés à des contraintes humaines, techniques et financières et de ce fait, ne pouvaient pas faire face aux hausses brutales des dépenses de protection sociale nécessaires à la suite de catastrophes telles que les sécheresses, les inondations ou les épidémies, qui affectent d'importants segments de population tout en diminuant les revenus de l'Etat provenant des impôts et des exportations.
" Un soutien international à des mesures de protection sociale est encore plus justifié dans le contexte de la crise économique mondiale actuelle et de l'impact sévère qu'elle a sur les PMA. Une solidarité internationale est nécessaire ", ont affirmé les deux experts, ajoutant : " Quand la crise financière mondiale a éclaté, les gouvernements sont intervenus pour soutenir des banques qui étaient considérées comme trop grosses pour qu'on les laisse faire faillite. La même logique doit maintenant être appliquée à la protection sociale, qui est trop essentielle pour être déniée à quiconque ".
Les experts ont proposé que l'idée d'un FMPS soit discutée et développée lors du segment consacré à la protection sociale de la Commission de l'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture(FAO) sur la sécurité alimentaire mondiale, qui se réunira la semaine prochaine à Rome, ainsi que dans le cadre de l'Organisation internationale du travail (OIT).