Si on analyse les bilans énergétiques des pays bordant la Méditerranée, on est étonné par la diversité des situations. Certains pays, comme la Lybie et l'Algérie, font partie du cercle réduit des gros exportateurs de gaz et de pétrole ; d'autres, comme le Maroc ou le Liban, n'ont quasiment aucune ressource nationale. Des pays à niveau économique élevé comme Israël ou l'Italie dépendent de l'importation pour 85% de leur consommation énergétique et surtout il y a des écarts considérables dans l'accès des populations à l'énergie : aux extrémités de l'échelle, un Français (7700 kWh / an) consomme dix fois plus d'électricité qu'un Marocain (750 kWh / an).
Globalement, la balance énergétique de l'ensemble des pays méditerranéens est négative, avec une production représentant moins de 70% de la consommation ; et encore, ce niveau n'est atteint qu'en comptabilisant le nucléaire français qui pèse très lourd dans le bilan énergétique de la zone. Si on l'exclut, la production ne couvre plus que la moitié de la consommation.
Est-ce que la mise en exploitation de nouveaux gisements de gaz dans le Levantin, récemment découverts, améliorerait significativement la balance énergétique globale de la région ? Probablement peu, car la région est confrontée à un triple défi, démographique, économique et climatique, qui conduit à une accélération très importante des besoins énergétiques
- Globalement les pays du Sud de la Méditerranée sont entrés dans la phase de transition démographique, mais présentent une pyramide des âges jeune. Le développement économique en cours et donc l'amélioration du niveau de vie vont conduire à un vieillissement de la population et à son accroissement pendant encore quelques décennies.
- Cette population jeune apporte beaucoup de dynamisme à ces pays, comme le Printemps Arabe l'a montré. Il est, de plus favorable, à une accélération du développement économique, si, bien sûr, le pouvoir n'y est pas confisqué par des groupes réactionnaires.
- Enfin, la désertification sahélienne, causée par les activités humaines et le réchauffement climatique, se conjugue à l'évolution démographique et économique, pour renforcer de façon notable les tensions sur l'eau; or le dessalement de l'eau de mer, qui est une des solutions préférées des Etats, parce que politiquement facile, permet de réduire ces tensions, mais les transfère en pratique sur le secteur de l'énergie.
Quelles sont les réponses possibles à ce futur accroissement massif de la demande énergétique ? Elles peuvent s'articuler autour de plusieurs voies, mais chacune présente ses risques propres et lève des oppositions, notamment celles des populations avoisinant les nouvelles installations à construire, comme partout ailleurs :
- Le développement des interconnections gazières ou électriques entre les pays voisins ; cette voie présente l'avantage de lier économiquement les pays, mais se heurte à de fortes résistances politiques internes.
- Le développement des ressources fossiles de la région ; des ressources, notamment gazières, quelquefois inexploitées, existent dans certains pays comme Israël ou la France, mais peuvent être freinée par la lutte contre le réchauffement climatique et la crainte des pollutions environnementales.
- Le développement de l'énergie nucléaire renforce l'indépendance énergétique, mais il demande une culture et une maturité politique, organisationnelle et industrielle qui n'est atteinte que dans un nombre limité de pays aujourd'hui ; de plus, l'adhésion des populations et la stabilité sont des éléments essentiels à la réussite d'un programme nucléaire.
- Enfin, le développement des énergies renouvelables ; le soleil est généreusement distribué tout autour de la Méditerranée, le vent y est très fortement présent à l'Ouest ; alors que ces énergies peinent à atteindre la compétitivité en Europe, les conditions météorologiques locales autour de la Méditerranée permettent de bon rendements et peuvent favoriser leur essor. Cependant, leur aspect intermittent limite intrinsèquement leur développement et nécessite la mise en place en parallèle de moyen de productions stables.
Passages, au-travers de plusieurs séminaires et d'un colloque, va approfondir sa réflexion sur le panorama énergétique des pays autour de la Méditerranée et cherchera à définir les éléments clés permettant l'accès à ce bien essentiel qui est un des moteurs du développement.
Quatre thématiques sont à prendre en considération :
- Réseaux et diplomatie économique
- Nucléaire et prévention des risques
- Solaire et éolien, le financement
- Les énergies fossiles anciennes et nouvelles face au réchauffement climatique
Il s'agira de montrer que l'Europe et la Méditerranée peuvent agir de concert autour de :
- L'énergie, facteur de développement
- L'énergie, facteur de sécurité humaine
- Contraintes et solutions : vers une diplomatie économique.
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Le programme du sémianire (541 hits)
07/10/24 à 12h30 GMT