8 juillet 2016 – Le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), Mourad Wahba, a appelé vendredi à accroitre la visibilité à long terme du financement de la réponse rapide à l'épidémie de choléra dans le pays.
« Il y a deux aspects essentiels de la réponse au choléra : le premier est l'aspect 'coup de poing' et vise à arrêter les flambées de choléra qui se déclarent dans le pays ; et le second est la 'réponse bouclier', qui vise à prévenir d'autre flambées ou la recrudescence des flambées », a expliqué M. Wahba, qui est également Coordonnateur de l'action humanitaire en Haïti, lors d'un entretien par téléphone avec la Radio et le Centre d'actualités de l'ONU.
La réponse 'coup de poing'
S'agissant de l'aspect 'coup de poing', ou réponse rapide, le Représentant spécial a précisé qu'elle était essentiellement basée sur des équipes mobiles d'intervention rapide. « Dès qu'un cas suspecté de choléra est rapporté, l'idée est d'avoir une réponse dans les 48 heures dans la commune en question », a-t-il dit.
Il a souligné que cette réponse rapide se déroule en trois temps, à commencer par un diagnostic visant à vérifier s'il s'agit bien d'un cas de choléra. « Après avoir obtenu confirmation, l'équipe déploie un cordon sanitaire afin de désinfecter non seulement le foyer où s'est déclaré la maladie, mais aussi les maisons alentour », a précisé M. Wahba. En troisième lieu, a-t-il poursuivi, l'équipe d'intervention rapide fournit des kits de réhydratation et procède à une chloration de la maison.
« L'objectif est d'avoir une intervention dans les 24 heures dans 90% des cas », a-t-il déclaré.
La réponse 'bouclier'
S'agissant de l'aspect 'bouclier', le Représentant spécial a indiqué que l'objectif était d'agir sur l'environnement dans lequel se développe le choléra. « Nous déployons une politique d'assainissement, de réduction de la défécation en plein air, de soutien d'accès à l'eau potable propre et chlorée, ainsi qu'à l'assainissement et aux latrines », a-t-il dit.
Des résultats « considérables », mais pas suffisants
M. Wahba a déclaré que cette double approche a permis une réduction de 90% du nombre de malades depuis le moment où la maladie s'est déclarée dans le pays, fin 2010/début 2011. Il a précisé qu'en 2015, il y a eu 35.000 cas suspects de choléra en Haïti, comparé à 350.000 au temps fort de l'épidémie, en 2011. « Nous pouvons faire mieux, mais c'est déjà un progrès considérable, », a-t-il estimé.
M. Wahba a souligné que les deux principales agences de l'ONU qui permettent de développer cette réponse, à l'appui du gouvernement haïtien, sont le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS)/Organisation panaméricaine de la santé (OPS) en Haïti. « Je crois qu'il faut également souligner le rôle de la MINUSTAH qui vise, à travers des projets d'impact rapide, à améliorer l'accès à l'eau potable, à mieux protéger les sources d'eau potable et à soutenir l'assainissement », a-t-il ajouté.
Besoins de visibilité au niveau du financement
S'agissant du financement de la réponse contre le choléra, le Représentant spécial a rappelé que les Nations Unies avaient mobilisé à cette fin près de 60 millions de dollars au total depuis 2011. Il a également indiqué que l'ONU avait aidé le gouvernement haïtien à mobiliser de son côté 307 millions de dollars.
Toutefois, M. Wahba a estimé que les besoins actuels pour maintenir la réponse rapide étaient de 8 à 10 millions de dollars par an.
« Nous les avons reçus jusqu'à présent, mais pas de façon idéale, car ce sont des financements qui arrivent au coup par coup, annuellement ou tous les six mois ; or pour éliminer une maladie il faut un financement prévisible sur une période de 5 ans », a-t-il dit.
Un projet de vaccination à grande échelle
Outre la réponse rapide et l'amélioration 'bouclier' des infrastructures, le Représentant spécial a indiqué que les Nations Unies avaient également rencontré un certain succès avec un troisième aspect de la réponse, à savoir la vaccination. « Le vaccin contre le choléra est facile à administre : ce sont deux pilules administrées par voie orale, donc il n'y a pas de piqure », a-t-il précisé, ajoutant que le vaccin en lui-même est également peu couteux.
En revanche, il a déclaré qu'il n'y avait pas assez de doses disponibles au niveau mondial. « Les usines de production de vaccin n'en fabriquent pas assez et nous devons toujours attendre, non seulement le financement pour les vaccins, mais aussi la production de ces vaccin », a souligné M. Wahba.
Le Représentant spécial adjoint a mentionné qu'il manquait à l'heure actuelle 1 million de dollars pour financer la campagne de vaccination prévue en 2016. « C'est une grosse campagne : nous avons déjà commencé par 118.000 personnes dans une commune au nord de Port-au-Prince, et notre ambition est de vacciner un département entier d'ici 2017 », a-t-il précisé.
Cette nouvelle campagne, définie par le gouvernement avec le soutien de l'ONU, permettra en effet de vacciner 750.000 personnes supplémentaires, soit l'ensemble de la population du département du Centre, qui a été sélectionné en raison de la persistance de foyers dans cette circonscription administrative.
« Si nous avons suffisamment de vaccin et si nous parvenons à l'administrer à l'ensemble du département, nous doublerons cette campagne de vaccination par une campagne de chloration de l'eau pour les foyers des personnes qui ont été vaccinées », a-t-il dit. « Je pense que nous avons une bonne chance réussite ».
Source : ONU
07/10/24 à 12h30 GMT