La NAPA n°103 nous parle de solutions connectées pour la conservation des aires protégées (ou comment utiliser les nouvelles technologies pour améliorer notre travail). Elle rappelle aussi nos formations en cours (en présentiel et en ligne) et notamment les deux MOOCs qui commencent en janvier : Gestion des AP et Suivi Ecologique.
Le numéro 103 de la lettre NAPA
Edito : Geoffroy MAUVAIS Coordinateur du Papaco
Des chiffres et des mots
Fin octobre, le WWF et ses partenaires ont publié leur passionnant rapport sur notre « planète vivante » (Living Planet report). Il fourmille, comme à l’accoutumée, d’informations captivantes et édifiantes.
Il nous livre aussi des chiffres sans appel ; le plus choquant est le % estimé de réduction des populations de vertébrés au cours des 40 dernières années : 58. Et sa traduction équivoque par le journal « Le Monde » quelques jours plus tard : « 58% des vertébrés ont disparu en 40 ans ».
Il y a deux options : soit ce chiffre est vrai, soit il est faux. L’ennui, c’est que dans les deux cas, c’est une mauvaise nouvelle.
Si effectivement 58% des mammifères, oiseaux, reptiles, poissons, amphibiens… ont disparu en 40 ans (ce qui n’est après tout qu’une demi-vie théorique humaine), alors la situation est totalement dramatique. Elle n’est pas préoccupante, elle n’est pas sérieuse, elle n’est pas problématique, elle est proprement dramatique. Cela veut dire qu’en l’espace d’une vie d’homme, on va potentiellement quasiment tout faire disparaître. Et on ne devrait plus être dans une discussion de salon sur les priorités à faire pour sauver tel éléphant, tel perroquet ou telle grenouille (nos fameux congrès, conventions, ateliers, colloques…) : on devrait descendre dans la rue, faire la révolution, que sais-je, pour que tout cela s’arrête immédiatement.
Mais si effectivement 58% des vertébrés ont disparu sans que finalement l’humanité n’en souffre (parce que soyons clair, c’est le cas), comment allons-nous nous convaincre qu’il faut sauver ce qui reste ? D’un autre côté donc, si ce chiffre est exagéré, alors quel intérêt sert-il ? Nous fait-il réagir avant que la situation en arrive – vraiment - là ? Crée-t-il une onde de choc inédite qui va sortir de leur léthargie les poncifs du G7 ou 8 ou 9, le Conseil de Sécurité ou les BRICS, le G77, les Etats Insulaires ou qui que ce soit d’autre ? Visiblement non. Ne risque-t-il pas de banaliser la chute ou pire, de la rendre inexorable aux yeux de tous alors que finalement ses conséquences pour les humains (ceux qui ne lisent pas ou en tout cas ne s’intéressent pas à la Liste Rouge de l’UICN, c’est à- dire globalement 99% de la population) sont invisibles ?
Dans les deux cas semble-t-il, l’annonce dessert la cause. Elle me rappelle l’assertion lue et entendue que « le rythme de disparition des espèces est 1000 fois supérieur à ce qu’il était précédemment ». Déclaration généralement faite juste après avoir expliqué que la majorité des espèces qui disparaissent n’ont pas encore été découvertes ! En clair, on mesure la vitesse de disparition d’espèces inconnues… Est-ce sérieux ?
Oui la biodiversité est en grand danger et oui les causes sont connues et reliées à l’homme et ses activités. Oui il faut qu’il en prenne encore plus conscience et oui il faut qu’il agisse brutalement maintenant. Nul besoin de chiffres pour cela, juste de volonté. On en parle depuis 1992 tout de même…
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07/10/24 à 12h30 GMT