Le monde a franchi une étape historique dans la lutte contre l'intoxication au mercure aujourd'hui, avec la ratification de l'Union européenne et sept de ses Etats membres (Bulgarie, Danemark, Hongrie, Malte, les Pays-Bas, la Roumanie et la Suède) de la Convention de Minamata sur le mercure, l'un des dix produits chimiques les plus dangereux pour la santé du monde.
La convention, signée par 128 pays, entrera en vigueur dans 90 jours. C’est la première convention internationale de la décennie liée à l’environnement et à la santé. Elle engage les gouvernements à prendre des mesures spécifiques pour assurer le contrôle de la pollution au mercure d’origine humaine. Cela implique la totalité du cycle de vie de la pollution au mercure provoquée par l’homme et inclut l’interdiction de toute nouvelle mine de mercure, l’élimination progressive des mines existantes, permettant ainsi la régulation de l’extraction minière artisanale et à petite échelle de l'or, et assurant la réduction des émissions et de l’utilisation du mercure. Cet élément étant indestructible, la Convention stipule également des conditions pour son stockage provisoire et l’élimination des déchets de mercure
« La Convention de Minamata est la preuve d’un engagement mondial pour la protection de la santé humaine et de l’environnement. », a affirmé le Secrétaire Général des Nations Unies, António Guterres. « La mesure prise aujourd’hui démontrent que les problèmes qui nous concernent tous peuvent également nous rassembler pour œuvrer pour le bien commun. »
Il n' y a pas de niveaux d'exposition au mercure sans danger, tout un chacun est exposé à un risque car ce métal lourd dangereux s’est répandu dans les régions les plus éloignées du monde, on le retrouve d’ailleurs dans les produits de tous les jours comme les cosmétiques, les ampoules électriques, les piles et les amalgames dentaires. Les enfants, les nouveau-nés et les fœtus sont les plus vulnérables, les populations consommant du poisson contaminé, les personnes utilisant du mercure sur leur lieu de travail et les personnes vivant près de sources de pollution au mercure ou dans les climats les plus froids, là où les métaux lourds tendent à s’accumuler.
« Qui souhaite vivre dans un monde où se maquiller, charger nos téléphones ou acheter une alliance repose sur l’exposition de millions de personnes au risque d’intoxication au mercure ? », a déclaré Erik Solheim, directeur de l’ONU Environnement. « Néanmoins, nous disposons de solutions qui semblent aussi évidentes que le problème lui-même. Il existe des alternatives à toutes les utilisations actuelles du mercure, il existe de nouveaux procédés industriels moins dangereux. Tous les pays ont un rôle à jouer, qu’ils soient petits ou grands, ainsi que les hommes et femmes le peuvent dans leur vie de tous les jours en changeant leur habitudes de consommation. »
Près de 8 900 tonnes de mercure sont émises chaque année. Elles peuvent être émises naturellement par l'érosion des roches contenant du mercure, les feux de forêts et les éruptions volcaniques. Mais les émissions les plus significatives viennent de procédés d’origines humaines comme la combustion du charbon et les activités d’extraction minière artisanale et à petite échelle de l'or. L’extraction minière à elle seule menace jusqu’à 15 millions d’ouvriers dans 70 pays différent à l’intoxication au mercure, y compris les enfants qui y travaillent.
D’autres sources de la pollution au mercure provoquée par l’homme incluent la production de chlore et de certains plastiques, l’incinération des déchets, les produits pharmaceutiques, les conservateurs, les peintures et les bijoux.
« Aujourd’hui est un moment clé dans la lutte contre les produits chimiques dangereux et leurs conséquences négatives sur la santé et l’environnement, a déclaré Naoko Ishii, Président-directeur général du Fonds pour l'environnement mondial. « Le mercure est parfois transporté sur de longues distances loin de sa source d’émission initiale, contaminant ainsi nos aliments, notre eau et l’air que nous respirons. »
La Convention tient son nom de l’intoxication au mercure la plus grave de l’histoire, qui s’est produite à Minamata au Japon en mai 1956, suite au rejet constant d’eaux usées industrielles dans la baie de Minamata au début des années 30. Les populations des villages de la région ayant consommé du poisson et des crustacés de la baie ont alors souffert de convulsions, de psychoses, de perte de conscience et de coma. Des milliers de personnes ont été déclarées victimes d’intoxication au mercure, maintenant connue sous le nom de maladie de Minamata.
Communiqué du PNUE (989 hits)
07/10/24 à 12h30 GMT