Suite à l'annonce des Etats-Unis de se retirer de l'Accord de Paris sur le climat, la famille des Nations Unies a réaffirmé vendredi son engagement à mener les efforts face au défi « indéniable » que représente le changement climatique.
Le changement climatique « est l'une des plus grandes menaces pour notre monde actuel et pour l'avenir de notre planète », a déclaré vendredi le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, lors d'un point de presse à Saint-Pétersbourg où il participait au Forum économique international.
Soulignant que l'action climatique est « imparable », le Secrétaire général a exhorté tous les gouvernements du monde entier « à maintenir le cap » et à rester déterminés à mettre en œuvre l'Accord de Paris.
Pour le chef de l'ONU, la transition vers une économie verte n'est pas qu'une une nécessité. « Ce n'est pas seulement ce qu'il faut faire, c'est la chose intelligente à faire, et ceux qui feront le pari de la mise en œuvre de l'Accord de Paris, sur l'économie verte, seront ceux qui joueront un rôle de premier plan dans l'économie du 21ème siècle », a-t-il souligné.
Regrettant la décision de Washington et prenant acte de l'intention des États-Unis de renégocier les modalités de leur participation à l'Accord de Paris, le Secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) s'est dit prêt à engager un dialogue avec le gouvernement américain quant aux implications de cette annonce.
« L'Accord de Paris demeure un traité historique, signé par 194 pays et ratifié par 147 pays », a rappelé le CCNUCC dans un communiqué publié jeudi. « Par conséquent, l'Accord ne peut pas être renégocié à la demande d'une seule des Parties ».
Pour le Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), Erik Solheim, la décision des États-Unis de se retirer de l'Accord de Paris « ne permet en aucun cas de mettre fin à cet effort imparable ».
« La science relative au changement climatique est parfaitement claire : nous avons besoin de plus d'actions, pas moins », a-t-il déclaré dans un communiqué diffusé jeudi soir.
Face au défi mondial que représente le changement climatique, chaque nation a la responsabilité d'agir « et d'agir maintenant », a déclaré M. Solheim. « La Chine, l'Inde, l'Union européenne et d'autres États ou groupe d'États ont déjà fait preuve d'un leadership fort. 190 nations manifestent une forte détermination à travailler ensemble pour protéger cette génération et les générations futures », a-t-il rappelé.
« Une décision politique unique ne détruit pas cet effort inégalé »
Les principaux responsables onusiens se sont toutefois dits confiants concernant le positionnement des autres acteurs de la société américaine vis-à-vis de l'Accord de Paris et des efforts entrepris face au changement climatique.
« Je suis profondément convaincu que les États, les villes, le monde des affaires, la société civile, resteront toujours engagés, parieront sur l'économie verte », a déclaré M. Guterres, « car l'économie verte est la bonne économie, c'est l'économie de l'avenir ».
Pour la CCNUCC, l'Accord de Paris jouit « d'une grande crédibilité » de par le soutien croissant d'entreprises, d'investisseurs, de villes, d'États, de régions et de citoyens.
Le PNUE invite toutes les parties prenantes à redoubler d'efforts. « Les États, les villes, le secteur privé et les citoyens ont déjà démontré une dynamique incroyable en ce qui concerne l'action climatique », a souligné M. Solheim. « Une décision politique unique ne détruit pas cet effort inégalé », a-t-il rappelé, soulignant l'engagement de son agence à travailler « avec toutes les personnes prêtes à faire une différence ».
Lors d'un point de presse vendredi à Genève, le porte-parole du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), Jonathan Lynn, a rappelé que la mise en œuvre des engagements sur le climat de l'Accord de Paris dépend aussi des municipalités et du secteur privé américains.
« Nous avons plus que jamais besoin de la science pour informer les décideurs politiques »
Après l'annonce faite par le Président Trump, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) et l'Organisation météorologique mondiale (OMM) ont déclaré vendredi ne pas encore disposer de toutes les données permettant de mesurer l'impact du retrait des Etats-Unis de l'Accord de Paris.
Dans tous les cas, le retrait américain pourrait prendre au moins trois ans ont souligné les deux organisations. Une façon pour l'OMM et le GIEC de rappeler que « l'Accord de Paris va continuer » et qu'on ne peut « pas arrêter » la lutte contre le réchauffement climatique.
Lors d'un point de presse à Genève, le porte-parole du GIEC a insisté sur le rôle joué par les scientifiques dans le travail de sensibilisation sur la question du changement climatique. « Nous avons plus que jamais besoin de la science pour informer les décideurs politiques », a déclaré M. Lynn.
L'Organisation météorologique mondiale (OMM) a pour sa part noté que, selon certaines études et projections d'experts, le retrait des Etats-Unis de l'Accord de Paris pourrait entraîner une hausse supplémentaire du réchauffement climatique de 0,3 degré Celsius à l'horizon 2100.
[ODD2030-13]
Communiqué de l'ONU (893 hits)
07/10/24 à 12h30 GMT