En quelques années seulement, les questions liées à la gestion des déchets se sont imposées dans les débats, jusqu’à devenir aujourd’hui une thématique incontournable du développement. Le Gret accompagne cette dynamique en suivant les évolutions récentes du secteur et en développant de nouveaux modes d’intervention, présentés ici à travers un panorama non exhaustif des projets et activités lancés dernièrement.
Au cours des dernières années, le Gret a connu une augmentation du volume des activités relatives à la gestion des déchets solides. Ses équipes se sont étoffées en conséquence, atteignant désormais une trentaine de collaborateurs expatriés et nationaux. Les enjeux ont fortement évolué, notamment en raison de l’apparition de nouveaux sujets plus ou moins directement associés aux déchets solides. Parmi ceux qui figurent au cœur de nos échanges : la logique d’intervention du Gret (et notamment la réflexion sur le tri à la source dans les marchés, par exemple, ou encore sur la réduction des déchets à la source) ; le choix des modalités techniques et financières ; la durabilité des modèles ou encore les enjeux sur le traitement, en particulier sur la valorisation des déchets.
Sur la plupart des terrains d’intervention du Gret, l’insalubrité est toujours aussi visible et néfaste pour l’environnement et la santé des habitants. L’augmentation massive de la production de déchets, la difficulté des autorités à les gérer et les blocages inhérents à un service très lié à la sphère politique, coûteux et rarement considéré comme essentiel, sont communs à de nombreux espaces, et en particulier aux villes secondaires. Ces dernières génèrent d’ailleurs un regain d’intérêt. Les nouveaux terrains d’intervention du Gret en attestent : Cap-Haïtien en Haïti et Magway au Myanmar en 2017, Moundou au Tchad en 2018.
Deux nouveaux projets en 2017
Le premier, le projet GidoKap lancé en avril 2017 au Cap-Haïtien, représente le défi de l’intercommunalité. Depuis vingt ans, la gestion des déchets est au cœur des préoccupations de la coopération décentralisée dans cette municipalité, seconde ville d’Haïti par sa population. De 2017 à 2019, le Gret aura pour rôle d’assister les communes dans la mise en œuvre d’un projet pilote de gestion des déchets au Cap-Haïtien, à Quartier Morin et Limonade, et de renforcer l’intercommunalité formée par ces mairies autour de l’Association intercommunale de traitement des ordures ménagères (Aitom). Le projet pilote sera élaboré à Petite Anse, section communale de plus de 20 000 habitants où l’appui à maîtrise d’ouvrage devra d’une part mettre en place les mécanismes de précollecte au niveau des ménages, et de tri et de collecte au niveau des marchés ; et d’autre part, démontrer que les habitants sont tout à fait en mesure de payer pour ce service, tout en réfléchissant aux possibilités d’intégration des acteurs informels dans le système mis en place. La mission GidoKap est liée au projet de construction d’un site de décharge sur la commune de Limonade, destiné à accueillir les déchets du Nord du pays – condition préalable avant de relancer la collecte puisqu’aucun exutoire contrôlé n’existe pour la région. L’expertise apportée par l’appui à maîtrise d’ouvrage concernera plusieurs aspects : la structuration d’une filière aujourd’hui anarchique, le traitement des déchets, l’ingénierie sociale, mais aussi le renforcement des capacités des autorités locales et leur accompagnement dans la durée.
Le second projet, Rosamur, démarre au Myanmar en octobre 2017 pour une durée de trois ans. Il s’inscrit dans le cadre d’un programme initié fin 2015 qui vise à améliorer la qualité des services dans les villes birmanes, à travers la mise en place d’un réseau d’acteurs, de formations, d’ateliers d’échanges d’expérience et d’investissements pilotes dans les secteurs de l’eau, de l’assainissement et des déchets. C’est dans ce cadre que la ville de Magway a été retenue pour la mise en place d’un projet visant entre autres à améliorer la collecte des déchets ménagers dans une zone centrale, à appuyer l’optimisation des circuits de collecte des déchets à l’échelle de la ville et à construire une unité de compostage pour les déchets des marchés. Des sessions de formation des opérateurs de service municipaux et des campagnes de sensibilisation seront aussi organisées pour optimiser l’impact des investissements et pour améliorer la performance des services à l’échelle de cette ville de 75 000 habitants.
Mettre en place des services intégrés
D’autres projets mis en œuvre par le Gret dernièrement abordent des thèmes relativement nouveaux. C’est le cas par exemple du projet GICOD, mis en œuvre depuis 2015 dans la ville de Dolisie en République du Congo. Le 15 juin 2017, un service de collecte des déchets développé dans le cadre de ce projet a officiellement été lancé, en présence de l’ambassadrice de l’Union européenne au Congo et des principales autorités de la ville. Validé par l’exécutif municipal sur proposition du Gret, ce service constitue un modèle hybride avec, d’une part, un service à domicile par camion-benne qui circulera sur les voies goudronnées pour desservir les principaux producteurs de déchets (marchés, hôtels, commerces, administrations, etc.) et évacuer les espaces publics (caniveaux, places, etc.) ; et d’autre part, un service à domicile par opérateur de précollecte (OPC) dans 20 quartiers, qui déverseront leurs déchets dans quatre aires de transit des ordures ménagères (Atom) avant que celles-ci soient évacuées par les engins municipaux vers la décharge finale de la ville. Le pilote sera étendu à 16 autres quartiers fin 2018 avec pour slogan : « Dolisie Zéro déchet ! ».
En République du Congo toujours, le Gret anime via le projet Filipa des formations destinées aux opérateurs de précollecte de Brazzaville sur l’épargne. Hormis le fait qu’elles participent à une meilleure reconnaissance de leur métier, celles-ci leur permettent d’améliorer la gestion de leur activité. Afin de mettre ces acquis en pratique, un fonds d’équipement auquel les OPC contribuent eux-mêmes financièrement a été lancé. Il vise à subventionner des équipements de protection individuels, des vaccins et des systèmes de transport. Le dépôt du premier appel de fonds d’équipement s’est clôturé le 20 juillet 2017 ; au final, les mairies ont validé les demandes de 22 OPC sur les 23 déposées.
Au Vietnam, les efforts fournis se concentrent sur la valorisation des déchets. Le projet PRO 3, lancé en 2016, a ainsi permis le redémarrage de l’unité de compostage des déchets ménagers située à Thanh Lang, une ville de 15 000 habitants dans la province de Vinh Phuc. Construite en 2010 et d’une capacité de traitement de 24 tonnes brut/mois pour une production de compost estimée à 3 tonnes/mois, cette plateforme avait cessé de fonctionner depuis plusieurs années. Le projet PRO 3 consiste à remettre en état le bâtiment, à modifier les silos, à appuyer la coopérative d’environnement pour son exploitation minimum pendant la première année, et à définir ensuite une stratégie de retrait progressif. L’objectif de ce pilote, par la valorisation de la fraction fermentescible des déchets ménagers (60 % du poids total) est de présenter aux autorités locales cette technologie comme une solution pour réduire significativement le volume de déchets à enfouir, et ainsi limiter la saturation des sites de dépôt et leurs impacts négatifs sur l’environnement.
La mise en place de services intégrés implique de réfléchir à l’ensemble des maillons de la filière, en proposant systématiquement des solutions adaptées au contexte local. C’est la démarche adoptée par les équipes du Gret, toujours soucieuses de prodiguer les meilleurs services aux communautés.
En savoir plus sur les activités du Gret sur la thématique « Eau et assainissement et déchets ».
En savoir plus sur :
Le projet Gicod – Lettre d’info N°2 (juillet 2017) – reportage – vidéo Gicod sans rupture
Le projet Filipa – Lettre d’info n° 12 (septembre 2017)
Le projet PRO 3 – Lettre d’info n° 2 (août 2017) / spot TV (en vietnamien, à partir de la 7e minute)
09/12/24 à 11h08 GMT