Pour de nombreuses sociétés humaines et organisations politiques l’enjeu est de savoir comment réconcilier la croissance économique et les impératifs écologiques. Comment créer une croissance durable ?
Le paradigme du développement durable à la différence du développement économique, est supposé intégrer une dimension prospective et générationnelle relative à l’utilisation «rationnelle » des ressources naturelles qu’on connait épuisables. Le développement durable est mobilisé comme concept d’analyse des mécanismes alternatifs aux modèles productivistes et consuméristes d’une économie du développement et d’une économie de la croissance qui menacent la planète. Le développement durable pose fondamentalement trois exigences qui résultent des manquements des économies de croissance et/ou de développement.
Premièrement,la question de l’équité sociale longtemps négligée dans les programmes et processus de croissance/développement des sociétés, nous interroge d’une part sur le souci d’équité et de justice pour les générations futures. Il est question de considérer la double nécessité de répondre aux besoins économiques et à l’impératif de la préservation de l’environnement. D’autre part, la question de l’équité sociale cherche à répondre aux inégalités entre les régions et les espaces continentaux qui de manière directe et indirecte ont des conséquences néfastes sur les relations sociales. Ainsi la réduction des inégalités sociales par la lutte contre la surexploitation et la promotion d’une croissance partagée, la défense de l’équité dans les termes de l’échange, est opportune. Enfin, l’émergence d’une conscience écologique qui invite au respect de la biodiversité, recouvre cette première question de l’équité sociale qu’(im)pose le paradigme du développement durable. L’idée d’une croissance verte et d’un développement équitable émerge de la philosophie du développement durable pour poser la question de la préservation de la biodiversité : nous partageons les ressources de la planète avec les autres êtres vivants. L’enjeu étant d’instituer plus de justice sociale.
Deuxièmement, nous considérons la question de la durabilité de l’économie qui renvoie aux mécanismes et moyens de productions économiques à mettre en place qui respectent les exigences écologiques. Comment créer une croissance partagée, solidaire, juste et durable ( exemple : économie collaborative, économie circulaire, économie verte)? Le développement doit être durable, juste et propre afin qu’il puisse profiter à tous. Pour cela, il faut que les ressources soient pérennes ; et donc il faut entre autres, d’une part abandonner une culture de l’instant, du spontané, du consumérisme, du gaspillage, pour une civilisation durable ; d’autre part innover, transformer les modes de vies pour les rendre durables.
Troisièmement, il se pose la question des moyens pour concilier besoins de croissance et impératifs écologiques. Les technologies propres se présentent comme des moyens alternatifs. A ce niveau l’enjeu s’oriente de plus en plus sur la rationalisation des nombreux moyens : les techniques d’agriculture, les techniques et moyens de transports, les techniques de recyclage des déchets, les technologies liées à la production et au stockage d’énergies, les techniques de l'habitat.
Toutefois, du fait qu’il ne remet pas profondément en cause l’idée de croissance économique sous-tendue par une logique capitaliste de domination et d’exploitation, le développement durable reste pour beaucoup d’observateurs une idéologie et un mythe comme les autres modèles du capitalisme de production qui maintient le statu quo entre les centres (dominants) et les périphéries (dominées).
Christian Sambou
07/10/24 à 12h30 GMT