Pour ses travaux de recherche sur la Valorisation des épluchures du manioc comme biopesticide dans la conservation des grains, le Dr Pauline Mounjouenpou Épse Limi a remporté haut la main le prix y relatif, lors de la 7è édition des Journées d’excellence de la Recherche scientifique et de l’Innovation au Cameroun (JERSIC), organisée par le ministère de la Recherche scientifique et de l’Innovation (MINRESI), du 27 au 29 octobre 2021 à Yaoundé (Cameroun).
Pour parvenir à ce résultat, la chercheuse de l’Institut de Recherche Agricole pour le Développement (IRAD) est partie du constat qu’au Cameroun, et bien ailleurs en Afrique, les pertes post-récolte sont alarmantes. Elles sont estimées à 40% de la production entière avant le consommateur final chez les graminées (FAO 2013).
Les structures de stockage des récoltes sont précaires, rudimentaires et peu efficaces, favorisant ainsi ces altérations. Ces pertes post-récolte sont causées par les insectes, les rongeurs, et majoritairement les moisissures qui contaminent et produisent des mycotoxines dans les denrées, les rendant ainsi impropres à la consommation. Cancérigènes, teratotoxiques et immunotoxiques, les mycotoxines constituent un risque majeur pour la santé du consommateur.
La principale méthode conventionnelle de conservation des denrées alimentaires qui est l’utilisation des pesticides a montré ses limites, et surtout sa dangerosité pour la consommation humaine.
Pourtant, il est impératif de trouver des voies et moyens durables pour éradiquer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l'agriculture durable qui constitue le 2è Objectif de développement durable (ODD) des Nations Unies.
Il est également judicieux de contribuer à l’atteinte de l’un des objectifs de la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND30) relatif à l’amélioration de la sécurité alimentaire au Cameroun.
Pour ce faire, la scientifique de l’Institut que dirige le Dr Noé Woin a trouvé qu’il était important de penser à de nouveaux moyens de conservation des denrées alimentaires qui soient moins coûteux, faciles à mettre en œuvre et surtout sans effet secondaire.
De ses travaux de recherche pointilleux sur la valorisation des épluchures du manioc comme biopesticide dans la conservation des grains, la lauréate a abouti à la conclusion que «la dose efficace non toxique de 0,28 µg de scopoletine qui est la molécule bioactive pour 100g de grains permet de réduire les pertes post-récoltes d’au moins 60% durant le stockage lorsqu’il s’effectue dans les conditions adéquates».
Approchée après la remise solennelle de sa distinction, le 29 octobre 2021, Mme Mounjouenpou, visiblement satisfaite de l’honneur à lui fait par le MINRESI, rassure : «les 500 000 Fcfa reçus vont servir à faciliter les travaux de terrain et de laboratoire de mon équipe de recherche».
En rappel, la quadragénaire, titulaire d’une Habilitation à diriger les recherches (HDR) et spécialiste en biotechnologie et microbiologie, option sciences des aliments, de l’Université de Montpellier II (France), est la première femme à accéder au grade élitiste de directeur de recherche à l’IRAD, depuis 2020.
09/12/24 à 11h08 GMT