L’ONG américaine Rainforest Alliance et ses partenaires sont déterminés à faire progresser les droits des femmes à travers la gestion communautaire des paysages forestiers des monts Bamboutos et des monts Bana-Bangangté-Bangou. Partant du constat selon lequel les sociétés traditionnelles africaines en général et celles de la région de l’Ouest en particulier relèguent encore la femme au second plan, un séminaire sur le leadership féminin a été organisé du 1er au 3 mars 2022 à Babeté, dans l’arrondissement de Mbouda. L’objectif, selon Aimée Balkissou Soyam, Senior Associate Gender and Social Protection à Rainforest Alliance, est de casser les codes et de faire bouger les lignes pour que les femmes puissent participer aux comités de gestion du paysage (CGP) qui est la plateforme censée prendre les décisions sur la gestion durable de ces paysages. « Ce programme va permettre aux femmes d’exprimer de manière convaincante leurs points de vue ainsi que leurs besoins afin que la gestion des paysages soit durable », a-t-elle ajouté.
Les sessions de formation sur le leadership personnel, la prise de parole en public et les stratégies de plaidoyer entre autres ont permis aux 34 femmes conseillères municipales, entrepreneures, leaders de groupes organisés, de jeunes et de la société civile de prendre en main leur destinée et de s’assumer pleinement dans les instances de prise de décision. Elles sont originaires de plusieurs communes des Hautes Terres de l’Ouest (Babadjou, Bana, Bangangté, Bangou, Batcham, Fongo-Tongo, Santa). Leurs capacités ont également été renforcées sur les situations de disparité entre les sexes et sur la manière dont elles peuvent surmonter les préjugés sexistes et leurs propres habitudes pour obtenir de meilleurs résultats, fait observer Marie-Caroline Kingue, consultante en leadership et entrepreneuriat.
La démarche entreprise par Rainforest Alliance est motivée par le fait que pas moins de 80% des activités agricoles recensées dans les paysages forestiers des monts ciblés sont réalisées par les femmes. « La plupart des femmes sont à la tête des GIC. C’est ce qu’on est en train de promouvoir dans ces paysages. Il est question de mieux nous comprendre, de mieux savoir comment s’exprimer quand on est devant un groupe et comment amener un groupe à adhérer à un projet que nous voulons mettre sur pied », explique Marie Antoinette Kepnang Epse Nana, 4e adjoint au maire de Bangangté.
Avec le démarrage depuis février dernier du processus de désignation des membres des commissions communales de gestion du paysage (CCGP) et des comités de gestion du paysage (CGP), les femmes sont invitées à candidater, pour une meilleure représentativité au sein de ces organes. Ce séminaire s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du projet sur le renforcement des droits économiques et sociaux des femmes par leur engagement dans la gestion communautaire et écologiquement durable du paysage, encore appelé « Women in COBALAM ». Le projet démarré en 2020 va s’achever en 2023. Il est financé par l’Union européenne à hauteur de 892 585 euros, soit 585,4 millions de F.
09/12/24 à 11h08 GMT