Le gaz de schiste pourrait être aussi polluant que le charbon ? C'est ce qu'avance une équipe de chercheurs gouvernementaux et universitaires américains qui s'apprêtent à publier les résultats de la première étude sur les gaz de schiste basée sur les données empiriques. Au Nouveau-Brunswick les environnementalistes et l'opposition officielle ne sont aucunement surpris et soutiennent que ces révélations ne font que solidifier leurs arguments en faveur de l'arrêt de l'exploitation dans la province.
En effet, l'étude en question a été réalisée par des chercheurs de l'agence gouvernementale américaine National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) et la University of Colorado. Le magazine Nature rapporte que les chercheurs publieront leurs résultats très prochainement dans la revue savante Journal of Geophysical Research.
Les scientifiques ont mesuré les émissions de méthane provenant des puits de gaz de schiste se trouvant dans une région du Colorado. Les données recueillies leur ont permis d'estimer que les fuites de ces puits sont de l'ordre de 4%. Cela ne tient pas compte des fuites possibles dans le système de distribution. La combustion du gaz de schiste émet moins de dioxyde de carbone (l'un des gaz responsable des changements climatiques) que le charbon et le pétrole. Cet argument avancé par les gazières et le gouvernement néo-brunswickois pour convaincre la population d'accepter l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste est remise en question par les chercheurs de NOAA et de l'Université de Colorado, qui révèlent dans leurs études que le méthane qui s'échappe des puits vient ternir considérablement le bilan écologique des gaz de schiste. Ils vont jusqu'à dire que le gaz de schiste serait aussi polluant que le charbon et le pétrole .
Les réactions au Nouveau-Brunswick ont été différentes. Le directeur général du Conseil de conservation du Nouveau-Brunswick, David Coon, n'est pas du tout surpris par les conclusions de cette étude. Selon lui, c'est une preuve supplémentaire que le gaz de schiste n'est pas la voie de l'avenir. Le directeur général de SWN Ressources Canada au Nouveau-Brunswick, Thomas Alexander, dit vouloir lire l'étude avant d'en tirer quelle que conclusion que ce soit. Il soutient qu'il est fort probable que les données qui ont été collectées au Colorado ne soient pas représentatives de la réalité ailleurs en Amérique du Nord, notamment au Nouveau-Brunswick. Mais, il est clair que le gaz de schiste n'est pas un élément de solution pour régler le problème des changements climatiques. Consommer le gaz de schiste au lieu de l'huile ou du charbon ne va pas nous aider à réduire nos émissions.