Suite à l'adoption officielle d'un règlement permettant à Hydro Québec Distribution de lancer un appel d'offre pour 125 mégawatts provenant de la combustion de biomasse, la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP Québec) demande à Québec d'évaluer plus sérieusement sa stratégie d'utilisation de la biomasse forestière à des fins énergétiques.
SNAP Québec affirme que ce n'est qu'en consultant la population et en établissant des balises claires que cette filière pourra prendre son essor au Québec.
Selon l'organisation, la récolte de biomasse forestière à des fins énergétiques représente un changement majeur dans les pratiques d'aménagement forestier au Québec. Or la question a été évincée lors des débats entourant la construction du nouveau régime forestier, et le programme gouvernemental sur cet enjeu a été adopté à la hâte, alors que se tient la commission parlementaire sur l'avenir de la foresterie au Québec. " Il y a là un non-sens et c'est pourquoi nous sommes d'avis qu'une évaluation stratégique sous l'égide du BAPE doit être tenue dès maintenant afin d'établir des balises strictes tant sur les objectifs de l'utilisation de la biomasse que sur les pratiques admissibles ", soutient Nicolas Mainville, directeur de la conservation pour la SNAP Québec.
SNAP Québec dénonce des pratiques potentiellement désastreuses pour nos forêts
La biomasse forestière agit comme engrais et comme base essentielle à la régénération de nos forêts lorsqu'elles subissent des perturbations humaines ou naturelles. De la récolter pour la brûler vient hypothéquer plusieurs mécanismes cruciaux à la remise en productivité de cette richesse naturelle. "Plusieurs de nos écosystèmes forestiers subissent déjà de fortes pressions. Il ne faudrait pas que la récolte de biomasse soit la goutte qui fasse déborder le vase", précise Patrick Nadeau, responsable du dossier foresterie à la SNAP Québec.
Les dernières études à ce sujet montrent d'ailleurs que la récolte de biomasse peut avoir des impacts sur la biodiversité tout en contribuant de façon importante à l'acidification des sols et en affectant la fertilité des sols à long terme. La vulnérabilité de certaines régions du Québec à l'extraction de la biomasse a été soulevée par ces études. La SNAP est donc d'avis que les projets de récolte de biomasse forestière soient exclus des régions du Québec vulnérables à l'acidification des sols et des sites trop fragiles pour la récolte.
Brûler nos forêts pour sauver le climat ?
La SNAP Québec est très préoccupée par les arguments stipulant que la biomasse soit une solution miracle afin de lutter contre les changements climatiques. Plusieurs promoteurs présentent d'ailleurs cette filière comme étant " carbone neutre ", sans toutefois mentionner que plus d'un siècle est nécessaire avant de pouvoir recapter tout le carbone émis lors de la combustion. " Il nous apparaît essentiel qu'une évaluation indépendante fasse le bilan du cycle du carbone total impliqué dans la récolte de biomasse, de la récolte à la combustion, afin d'évaluer l'apport de cette filière à la diminution des émissions de GES et sa concordance avec le Plan québécois sur les changements climatiques " ajoute M. Mainville.
Principe de précaution
Le Québec est devant une nouvelle filière qui présente d'intéressants potentiels. Or il en ressort que plusieurs questions planent encore sur le potentiel de développement durable de la filière biomasse, au moment même où les appels d'offres pour le bloc de 125 mégawatts sont lancés.
Devant ces inconnus, la SNAP demande au gouvernement d'agir dans la plus grande prudence, de procéder à une évaluation indépendante pour l'établissement du bilan du cycle du carbone total impliqué de la récolte de la biomasse à sa combustion, d'éviter les zones à risque et de consulter l'ensemble de la population sur cette nouvelle façon de faire qui pourrait avoir de graves conséquences si mal gérée.
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