Les 3 000 centrales alimentées aux combustibles fossiles d'Amérique du Nord produisent les deux tiers de l'électricité de la région et sont responsables de la majorité de certains polluants atmosphériques nocifs; de plus, elles émettent plus de gaz à effet de serre que tout autre secteur industriel.
Les émissions atmosphériques des centrales électriques nord-américaines, un nouveau rapport incluant une base de données rendu public aujourd'hui par la Commission de coopération environnementale (CCE), fournit de l'information détaillée sur le secteur de la production d'électricité en Amérique du Nord, et dresse le profil de chaque centrale pour ce qui est des émissions atmosphériques de six contaminants parmi les plus importants--le dioxyde de carbone, un gaz à effet de serre, les oxydes d'azote et le méthane; le dioxyde de soufre; le mercure; et les particules--provenant des centrales aux combustibles fossiles en Amérique du Nord.
Ces polluants--surtout le dioxyde de soufre, le mercure et les gaz à effet de serre--sont associés à divers problèmes environnementaux et de santé publique en Amérique du Nord, notamment les précipitations acides, le smog, l'asthme et les changements climatiques mondiaux. Dans le seul cas du dioxyde de soufre, qui est le principal participant aux précipitations acides, les centrales aux combustibles fossiles sont responsables de 71 % des émissions déclarées par des établissements industriels en Amérique du Nord.
" Les données que nous avons compilées dans ce rapport sont essentielles pour nous aider à comprendre l'ampleur et l'impact des émissions de ces centrales électriques sur l'environnement, le climat et la santé, à l'échelle locale et partout en Amérique du Nord, a déclaré le directeur exécutif de la CCE, M. Evan Lloyd. Le fait que l'Amérique du Nord continue de produire de l'électricité à partir de combustibles fossiles n'est pas sans conséquence sur les plans de la pollution atmosphérique et de la santé publique, et met en évidence le défi et les avantages à long terme associés à la transition vers une économie moins polluante, à faibles émissions de carbone. Les données détaillées contenues dans le rapport aideront l'industrie, ainsi que les autorités régionales et fédérales du Canada, du Mexique et des États-Unis à prendre des décisions plus éclairées en matière de sources d'énergie, de réduction et de prévention de la pollution ", a ajouté M. Lloyd.
Gaz à effet de serre
Le secteur nord-américain de la production d'électricité à partir de combustibles fossiles est un important émetteur de gaz à effet de serre, principalement de dioxyde de carbone, avec 33 % des émissions continentales et 6 % des émissions mondiales. La majorité de ces émissions proviennent de la combustion de charbon. Ce sont les centrales au charbon (Canada et États-Unis), et celles au mazout (Mexique), qui produisent les plus importantes émissions globales de gaz à effet de serre (GES), surtout du CO2, mais il faut préciser qu'au Canada et au Mexique, les centrales au gaz naturel sont d'importantes sources de méthane et d'oxyde nitreux, deux gaz à effet de serre extrêmement puissants.
Dioxyde de soufreL'étude de la CCE a permis de constater que, à l'échelle régionale, la majorité des émissions sectorielles de dioxyde de soufre (SO2), contaminant atmosphérique courant associé à divers effets sur l'environnement et la santé humaine--formation de smog, de précipitations acides et de brouillard régional, et développement de maladies respiratoires--est attribuable à un pourcentage relativement faible de centrales. Le rapport montre que les niveaux d'émissions globales de SO2 des cinq plus gros émetteurs du Mexique et des États-Unis étaient très similaires, et considérablement plus élevés que ceux des cinq plus gros émetteurs du Canada.
Les données contenues dans le rapport montrent que, dans les trois pays, les émissions de mercure provenaient surtout de la combustion de charbon. Les centrales au charbon étaient responsables de 98 % de tous les rejets de mercure provenant de centrales alimentées aux combustibles fossiles au Canada et aux États-Unis, et de près de 88 % au Mexique.
Le rapport révèle que des facteurs autres que le type de combustible sont importants, comme l'électricité totale produite, la capacité, l'âge et le rendement énergétique des centrales--et bon nombre des centrales qui polluent le plus ne sont pas nécessairement celles qui produisent le plus d'électricité. Par exemple, en ce qui concerne les polluants examinés dans le rapport, les émissions par habitant sont plus élevées aux États-Unis qu'au Canada et au Mexique. Cependant, dans l'ensemble, la majorité des plus importantes centrales des États-Unis, dont un grand nombre est alimenté au charbon, émettait une moins grande quantité de certains polluants, dont le CO2, que les plus grandes centrales canadiennes et mexicaines, et ce, par unité d'électricité produite. Par ailleurs, en ce qui a trait au SO2, les émissions des trois plus grands émetteurs du Mexique étaient considérablement plus élevées par unité d'électricité produite que celles des trois plus grands émetteurs du Canada et des États-Unis, ce qui donne à penser que les mesures de contrôle et la performance environnementale diffèrent d'un pays à l'autre.
Le rapport fournit les données de 2005, soit les données les plus récentes qui sont publiquement accessibles dans les trois pays. Le rapport met en évidence le lien entre les émissions de polluants et le type et la taille des installations, de même que les technologies et les combustibles qui y sont utilisées--qui varient d'un pays à l'autre. Par exemple, les centrales au charbon des États-Unis produisent près de la moitié de l'électricité de ce pays, tandis qu'au Canada, 60 % de l'électricité est produite par des centrales hydroélectriques. Au Mexique, les centrales au mazout et au gaz naturel produisent plus des deux tiers de l'électricité consommée dans ce pays.
Le rapport Les émissions atmosphériques des centrales électriques nord-américaines s'appuie sur la première évaluation du genre faite par la CCE (publiée en 2004), qui compilait des données sur les émissions de deux des principaux contaminants atmosphériques, de même que quelques données sur les émissions de mercure et de dioxyde de carbone provenant de centrales électriques en Amérique du Nord pour l'année 2002. Le plus récent rapport brosse un tableau plus complet et fournit des analyses de plus de 2 000 centrales de plus et d'un plus grand nombre de polluants, dont le méthane, l'oxyde nitreux et les particules, ce qui permet de donner une idée plus complète de l'apport aux émissions atmosphériques des centrales électriques en Amérique du Nord.
Le rapport que nous publions aujourd'hui fait également état des plus importantes réductions d'émissions de certaines centrales qui étaient mentionnées dans le rapport précédent. On y apprend également que, de 2002 à 2005, l'augmentation de la production d'électricité s'est accompagnée d'une augmentation de l'utilisation de combustibles relativement plus propres, comme le gaz naturel, d'une utilisation accrue de combustibles issus de sources renouvelables et de l'adoption de technologies de contrôle des émissions.
Le rapport parle également de l'importance d'une plus grande disponibilité et d'une meilleure comparabilité des données sur les émissions de polluants dans les trois pays. Bien que les données des inventaires du Canada et du Mexique se soient considérablement améliorées de 2002 à 2005, elles ne sont pas encore aussi détaillées que celles des États-Unis. Les données sur la production d'électricité ou les technologies de lutte contre la pollution relatives aux centrales canadiennes ne sont pas rendues publiques. Au Mexique, la majorité des données sur les émissions atmosphériques correspondaient à des estimations basées sur la consommation de combustibles de chaque centrale; cela s'explique par l'absence de données de surveillance de chaque centrale.
Émissions atmosphériques provenant des centrales électriques
Vous pouvez lire le rapport et explorer la base de données de la CCE sur les émissions atmosphériques de 3 144 centrales aux combustibles fossiles en ligne. Il est possible de télécharger les données et de les visualiser via Google Earth. Vous pouvez également télécharger une version PDF du rapport.
Pour consulter le rapport de la CCE (722 hits)